Faut-il écarter la France des marchés publics ? Par Abdelahad Idrissi Kaitouni

5437685854_d630fceaff_b-

Inauguration du LGV Al Boraq par le Roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron le 15 novembre 2018. Un train qui a couté cher sur l’autel de ‘’l’amitié fmaroc-française’’

1
Partager :

Le discours du Trône et ses exégètes – Par Abdelahad Idrissi Kaitouni

Je vais rarement dans les cafés, et je ne cherche pas à m’expliquer le pourquoi de cette retenue. L’autre jour, je me suis rendu compte que ce faisant, je passais sûrement à côté de quelque chose qui est loin d’être anodin, sans intérêt. Je me suis remémoré certaines de mes lectures et la faconde des racontars des « cafés de commerce » qui alimentaient la littérature populaire française.

Le café où je me suis rendu, jouxte un laboratoire d’analyses médicales où je devais y faire des prélèvements intermittents. Pour meubler le temps entre un prélèvement et le suivant, je m’étais rendu au café. D’habitude je ne prête nullement attention à ce qui se dit autour de moi. Cette fois-ci, je n’ai pas hésité à me montrer curieux en prêtant une oreille attentive à ce qui se disait dans la table d’à-côté. J’ai cédé à la curiosité car je m’étais laissé accrocher par le ton sérieux du débat, et surtout par le mot « visa », mot magique qui revenait fréquemment dans la conversation.

En résumé j’ai compris qu’une grande société française connue pour la qualité de ses produits et de ses prestations, aurait été adjudicatrice d’un important marché avec un établissement public. Il semblerait que le contrat prévoyait des visites de techniciens marocains en France pour contrôler et valider à différentes étapes l’élaboration de la plate-forme. De même, le contrat prévoyait un stage-formation de deux mois pour deux agents opérateurs et deux agents de maintenance.

Apparemment l’opération a failli tourner court, car le personnel dédié à cet effet par l’office, n’avait pas de visa. Le directeur de l’établissement aurait tout fait pour rattraper le coup avec l’ambassade de France, mais sans succès. De guerre lasse, iI aurait fini par mandater une société tierce pour les contrôles et validations en usine. Quant au stage-formation, dans un geste commercial subtil, la société française aurait accepté de dépêcher pour un temps indéterminé des ingénieurs pour encadrer les techniciens marocains, et garantir ainsi un véritable transfert de technologie.

En définitif, un dénouement heureux, mais qui aurait pu tourner au fiasco.

Vous remarquerez que j’ai utilisé systématiquement le conditionnel pour signifier que je ne saurais prendre pour irréfutables des propos de comptoir. Mes voisins de la table d’à-côté ne semblaient pas accorder davantage de crédit à l’histoire elle-même, mais ils s’accordaient sur un point, à leurs yeux capital : le risque incommensurable que prennent les Administrations, les Établissements publics et même les sociétés privées qui traitent aujourd’hui avec les entreprises françaises. Les contrats d’importance ne peuvent être menés à distance, et le télétravail n’est sûrement pas adapté aux opérations d’envergure. Dans ce cas il n’y a pas d’alternative aux contacts directs entre personnels des deux bords.

Comment ces échanges pourraient-ils être assurés en l’absence de visas ?

A l’évidence, en l’absence de visas, il ne peut y avoir de contrats. Pour éviter toute entrave à notre développement, nous n’avons pas d’autre choix que de nous adresser aux partenaires qui s’abstiendront désormais de dresser des barrières aux mouvements de nos agents économiques.

Faut-il en conclure qu’il faut écarter la France des marchés publics au Maroc ?

Bouznika le 21 Août 2022

lire aussi