Sahara : les États-Unis consolident leur appui au Maroc, l’Algérie à court de scénarios - Par Hassan Abdelkhalek

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Le Roi Mohammed VI présentant à Paris le Prince héritier Moulay El Hassan au président américain Donald Tump, lors du centenaire de l’Armistice de 1918 tenues à Paris le 11 novembre 2018

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La réaffirmation par Washington de son soutien sans équivoque à l’initiative marocaine d’autonomie, comme seule issue viable au conflit du Sahara, accentue l’isolement du régime algérien. Entre falsification des résolutions onusiennes, impasses diplomatiques et reculs géopolitiques, Alger se retrouve face à un dilemme stratégique : accepter la réalité internationale ou persister dans une fuite en avant qui dure depuis un demi-siècle. Hassan Abdelkhalek, ancien ambassadeur du Maroc en Jordanie et en Algérie revient sur les ressorts d’un conflit au long cours.

La question de l’unité territoriale a récemment connu une dynamique forte qui a désorienté le régime algérien, avec le renouvellement par les États-Unis, lors de la rencontre entre leur secrétaire d’État, Marco Rubio, et son homologue marocain, Nasser Bourita, de « leur soutien à la proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste comme seule base pour une solution juste et durable à ce conflit, et de leur conviction que seule une véritable autonomie sous souveraineté marocaine constitue une solution viable ».

Le désarroi du régime algérien s’est accentué lorsque le responsable américain a déclaré que « le président Donald Trump exhorte les parties à s'engager sans délai dans des pourparlers fondés sur la proposition marocaine d’autonomie, considérée comme le seul cadre de négociation pour une solution acceptable par toutes les parties ». Il ajouté pour lever toute ambigüité que « les États-Unis œuvreront à faciliter les avancées en vue de cet objectif »

L’effondrement des calculs du régime algérien

Avec cette position américaine renouvelée, soutenue ces dernières années par la dynamique d’appui de nombreux pays en faveur de l’initiative d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine, les calculs du régime algérien se sont effondrés. Celui-ci avait misé sur l’utilisation de toutes ses cartes pour contrecarrer l’élan international en faveur de l’unité territoriale du Maroc. Sa dernière tentative fut une épreuve de force perdue avec la France, après que cette dernière eut déclaré, fin juillet dernier, que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine »et que « le plan d’autonomie constitue, désormais, la seule base pour parvenir à une solution politique, juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ». Sur le même ton que Washington utilisera ultérieurement, Paris s’est expressément engagé « à agir en cohérence avec cette position aux niveaux national et international ».

Le régime algérien se trouve ainsi devant un rétrécissement de sa marge de manœuvre face à la position de l’administration Trump. Ce régime, qui s’est accoutumé, dans les années précédents, à entraver toute orientation sérieuse visant à clore ce conflit artificiel, dès lors qu’elle ne sert pas son objectif de morcellement du territoire marocain, a préféré l’option du « non-règlement », dans l’attente d’éventuelles évolutions favorables à son agenda.

Des entraves au sein des instances africaine et onusienne

Depuis qu’il a créé ce conflit régional autour du Sahara il y a près d’un demi-siècle, le régime algérien s’est acharné à contrecarrer toute orientation internationale sérieuse de règlement respectant le droit du Maroc à sa souveraineté sur la région. Il a ainsi torpillé l’initiative du Sommet africain de Nairobi de juin 1981 visant à organiser un référendum au Sahara. Il a ensuite réussi en novembre 1984 à imposer, en violation de sa Charte de l’OUA, la prétendue « république » sahraouie au sein de l’organisation de panafricaine.

L’hostilité du régime envers l’unité territoriale du Maroc s’est poursuivie au niveau des Nations unies notamment lorsqu’elles ont élaboré, en 1990, un plan de règlement fondé sur l’organisation d’un référendum après identification des personnes habilitées à y participer. Ce processus d’identification, de 1993 à 1999, a été systématiquement saboté par le régime algérien. Par le biais des séparatistes du Polisario, il a tenté d’exclure deux tiers des habitants du Sahara de la participation au vote. Les Nations unies ont alors conclu, dans les rapports de leur Secrétaire général et de leur envoyé personnel, à l’infaisabilité dans de telles conditions de l’organiser un référendum. Le Conseil de sécurité en a pris acte en appelant, dans sa résolution 1309 de l’an 2000, à rechercher une solution politique au conflit artificiel. C’est dans ce cadre que l’envoyé onusien James Baker a proposé un plan d’accord-cadre pour résoudre le conflit. Le Maroc y a donné son accord de principe, mais le régime algérien l’a rejeté, sous prétexte qu’il allait à l’encontre du principe d’autodétermination.

L’autodétermination, paravent des ambitions géopolitiques algériennes

Parce qu’il utilise ce principe seulement comme simple paravent ses ambitions géopolitiques et de morcellement de l’unité territoriale du Maroc, en vue de l’encercler et de se doter d’un accès à l’océan Atlantique, ce régime a été démasqué. Notamment lorsque son ancien président Abdelaziz Bouteflika avait, en novembre 2001, soumis à l’envoyé onusien Baker une proposition de partition de la région. Proposition rejetée par le Maroc et ignorée par les Nations unies, qui ont poursuivi, à travers les résolutions du Conseil de sécurité, leur appel aux parties pour la recherche d’une solution politique au conflit régional.

En réponse aux appels des Nations unies, le Maroc a présenté, le 11 avril 2007, au Secrétaire général de l’ONU, son initiative d’autonomie, permettant aux populations de la région de gérer elles-mêmes leurs affaires à travers des institutions législatives, exécutives et judiciaires, dans le cadre de la souveraineté nationale. Il est à noter que cette initiative stipule dans son article 27 que « le régime d’autonomie de la région fera l’objet de négociations, puis sera soumis à la population concernée par un référendum libre, dans le cadre d’une consultation démocratique. Ce référendum, conformément à la légitimité internationale, à la Charte des Nations unies, et aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, constitue une expression libre par ces populations de leur droit à l’autodétermination ».

Tentatives infructueuses d’enterrer l’autonomie

Depuis, et tout au long de ces dernières dix-huit ans, le régime algérien a tenté, en vain, d’enterrer cette initiative que le Conseil de sécurité n’a cessé, dans toutes ses résolutions depuis 2007, de saluer comme sérieuse et crédible en vue de parvenir à une solution politique et réaliste au conflit artificiel. Le Conseil a renforcé cette reconnaissance dans sa résolution 2756, adoptée fin octobre dernier, en réaffirmant sa référence à cette initiative et à la dynamique qui l’accompagne, en fixant comme cadre de traitement du conflit les résolutions qu’il a adoptées depuis 2007, ignorant délibérément celles antérieures, sur lesquelles le régime algérien s’appuyait depuis 1990 pour promouvoir sa thèse hostile à l’unité territoriale du Maroc.

Dans ce contexte dynamique, la position renouvelée des États-Unis, réaffirmant leur soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara et appelant les parties, y compris l’Algérie, à entamer sans délai des négociations sur la base du seul projet d’autonomie, pour clore un conflit artificiel vieux de près d’un demi-siècle, s’inscrit pleinement dans la ligne des résolutions du Conseil de sécurité et du droit international. Cela contraste avec les allégations de l’Algérie, exprimées dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères en réponse à la position de Washington, invoquant de nouveau la résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations unies relative au droit des peuples à l’autodétermination, sachant qu’il est par ailleurs notable et significatif que le mécanisme de référendum n’est mentionné ni dans la résolution 1514, ni dans les résolutions 1541 et 2625 de l’Assemblée générale des Nations unies.

Falsification des résolutions et principes de l’ONU

La position américaine a ainsi mis à mal le pari du régime militaire algérien, notamment par l’intermédiaire de son ambassadeur à Washington, Sabri Boukadoum, de capter le soutien de Washington au détriment de la position légitime du Maroc, en proposant une coopération maximale dans les domaines du renseignement, des ventes d’armes, des minerais rares et autres secteurs, ainsi que dans la région du Sahel, déclarant que « le ciel en est la seule limite ». Il s’avérait ainsi qu’il ne comprenait pas que l’effondrement de sa thèse face à l’élan international soutenant l’unité territoriale du Maroc découle d’une réalité géopolitique solide, fondée sur le fait que le Maroc est un État central et crédible, dans la région, qui, à travers la diversité de ses partenariats et son engagement en faveur des intérêts du continent africain, œuvre activement pour la paix, le développement et la stabilité.

Le renouvellement de la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara intervient également au moment où le régime algérien se trouve de plus en plus isolé, sa volonté d’hégémonie sur les pays voisins s’effritant à travers les crises successives de ses relations avec le Mali — qui l’accuse de soutenir le terrorisme contre sa sécurité nationale —, ainsi qu’avec le Niger, le Burkina Faso et la direction de l’est libyen.

L’initiative marocaine d’autonomie au Sahara dans le cadre de sa souveraineté nationale est désormais une réalité internationale. Et il est attendu que la position américaine se traduise prochainement par des initiatives concrètes à destination des parties concernées et du Conseil de sécurité, visant à consacrer le plan d’autonomie comme la seule et unique solution définitive au conflit artificiel. Le régime algérien se retrouve donc face à une alternative claire : soit participer à une solution en respectant l’unité territoriale du Maroc pour ouvrir une nouvelle page dans les relations bilatérales et régionales, soit poursuivre la chasse aux illusions, comme ce fut le cas tout au long de ces cinquante dernières années.

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