Politique
Bourita à Alger, la diplomatie marocaine en proaction
Un dialogue 5+5 « ouvert, franc, inclusif et opérationnel », voici la volonté du royaume et de la diplomatie marocaine selon Bourita. Cette réunion a regroupé les chefs de la diplomatie des pays du Dialogue 5+5 de la Méditerranée occidentale. Réunion capitale au vu des évolutions géopolitiques radicales et des tensions régionales, notamment entre le Maroc et l’Algérie
Le ministre des affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, était présent en Algérie à l’occasion de la réunion du Dialogue « 5+5 » en méditerranée occidentale afin de présenter la politique marocaine en matière d’immigration mais aussi son processus d’intégration Nord-Sud. Il a aussi mis en exergue l’importance capitale d’une relation stable entre les deux pays voisins, l’Algérie et le Maroc.
Bourita en terre hostile
Le ministre des affaires étrangères avait laissé un flou, volontaire ou pas, au sujet de sa venue à la 14e réunion des ministres des affaires étrangères des pays membres du dialogue en méditerranée occidentale "5+5". Un flou qui avait selon TSA, agacé la diplomatie algérienne. «On ne sait pas à quoi ils jouent » a déclaré un diplomate algérien au site TSA. Finalement, Bourita est arrivé dimanche, un jour après l’arrivée des autres participants à la réunion.
A Alger, le ministre marocain a même étonné les observateurs par une accolade à son homologue algérien, Abdelkader Messahel, auteur d’une sortie mémorable d’indécence sur le Maroc. Sortie récemment accompagnée par une déclaration du premier ministre algérien Ouyahia, proclamant que le Maroc était en train de « couler l’Algérie sous le haschisch et la cocaïne ».
Le ministre marocain a répondu à cela en mettant en exergue : « La stabilité de notre région […] trop précieuse pour que l’on teste sa solidité », une stabilité qui ne sera pas trouvée «à coup de déclarations farfelues ».
Lors de cette allocution il a aussi déclaré que : « davantage qu’un principe, le bon voisinage est une valeur et un engagement, pour les Etats aussi, pour les Etats surtout. La stabilité n’est pas compatible avec l’irresponsabilité » avant de finir sur une note d’humour « Et ça, tout le monde le sait » parodiant la déclaration de son homologue algérien.
Dialogue 5+5, questions multilatérales avant tout
Ce Dialogue 5+5 n’avait pas, selon les déclarations des différents responsables des deux bords, comme sujet les relations bilatérales entre le Maroc et l’Algérie. Plusieurs thématiques multilatérales ont été abordées durant cette réunion.
Le Dialogue 5+5 représente « le dimensionnement idéal » pour garantir dialogue et coopération. Son « cadre flexible le prédispose à jouer le rôle de boîte à idée » pour une relation de partenariat méditerranéen a déclaré Bourita.
Sujet phare, le développement économique et social. Bourita a déclaré sa volonté que celui-ci soit « inclusif et partagé ». Il déplore une faible intégration économique au Sud, cette question étant « problématique, en raison de la fermeture des frontières qui bloque structurellement l’essor de la région »
La migration a aussi fait figure de dossier majeur. La région méditerranéenne a toujours été le théâtre de flux migratoires importants et difficilement contrôlables ces dernières années au vu des déstabilisations qu’a connu la région. D’ailleurs, les ministres ont félicité l’organisation prochaine au Maroc d’une réunion ministérielle « 5+5 » sur la migration.
Bourita a aussi souligné la nouvelle politique d’ouverture voulue par le roi en matière migratoire, avec le lancement depuis 2013 de deux campagnes de régularisations de migrant, et a détaillé la coordination de l’action de l’Union Africaine en Matière de Migration par le Maroc. Bourita a aussi rappelé que l’agenda africain pour la migration, sera présenté par le Maroc lors du 30e sommet de l’Union africaine qui se tiendra fin Janvier, un agenda non « contraignant », qui fera office de projet de coopération et de référence, fruit d’un large processus de consultation interafricain mené par le Maroc au cours de ces derniers mois
Cette 14eme réunion des ministres des affaires étrangères des pays membres du dialogue en méditerranée occidentale « 5+5 », a notamment traité la question du statut d’Al Qods. Les ministres ont tous confirmé lors de la déclaration finale adoptée à l’issue de ce rassemblement « leur position constante quant à la nécessité de préserver l’identité et le caractère multiconfessionnel de la ville sainte de Jérusalem » et réaffirmer la condamnation de la décision de Trump relative au statut de la ville sainte.
Pour ce qui est de la crise en Libye, les ministres ont déclaré que la solution politique devrait s’axer sur une non-ingérence étrangère « basée sur le dialogue inclusif et la réconciliation nationale ».
Enfin, le terrorisme a aussi été évoqué. Bourita a déclaré que la montée du terrorisme et des manifestations violentes de l’extrémisme résultent de la radicalisation et du recrutement de nombreux citoyens du bassin de la Méditerranée par des groupes terroristes et leur départ vers les foyers de tension menacent la sécurité et la stabilité des pays de la région. La solution adoptée par le roi se base sur un processus d’intégration comprenant une croissance économique, le développement humain et bien sur l’aspect sécuritaire. Le terrorisme étant un mal devant plus se régler en amont, l’aspect sécuritaire ne pouvant que limiter les finalités dues aux causes socio-économiques.