Depuis la naissance des festivals, souvent organis?s lors du printemps, nous avons eu droit ? des d?bats abscons, autour d?une pr?tendue menace sur l?identit? nationale, alors qu?il s?agit de l?inverse, ou encore du rapport co?t/impact, qui est une vision r?ductrice. Ces d?bats ne prennent pas en consid?ration que sur tout le territoire, le ph?nom?ne est bien install?. Chaque ville, chaque petite localit? a d?sormais son festival. Et qu?y c?l?bre-t-on ? La culture, le patrimoine r?gional.

Souvent ces festivals existent depuis longtemps, mais ne sont m?diatis?s que depuis peu. Il en est ainsi pour celui de T?touan, r?serv? au cin?ma, de Tan-Tan, de Tiznit, ou encore celui r?serv? ? la po?sie de Chaouen. D?autres, naissants, avec des concepts originaux, sont en train d?assurer leur p?rennit?. L?objectif n?est pas uniquement le divertissement. Ce n?est pas le cirque romain o? il s?agissait de d?tourner le peuple des probl?mes. C?est un point de vue totalement discr?dit? par la r?alit?. De m?me, l?impact touristique n?est pas d?cisif et n?est m?me pas prouv?. Ces ?v?nements sont r?ellement un ?l?ment de la cimentation de l?identit?. Ils permettent aux individus de se projeter dans une image de leur cit?.

Les Souiris assument leur histoire, celle d?un carrefour entre les civilisations. Ils n?ont jamais eu la possibilit? de conna?tre, d?appr?cier, de revendiquer la sp?cificit? de leur cit?, que depuis que les festivals de Gnaoua, des aliz?s, des atlantiques, y sont organis?s. Il suffit de se rendre dans cette ville pour constater l?impact du culturel sur le comportement des gens. Le risque de l?uniformisation n?est pas port? par les festivals. Ils sont au contraire le moyen de valoriser le patrimoine, non pas de mani?re renferm?e, mais plut?t en constituant une ouverture ? l?autre, ? l?environnement, li?e ? l?histoire. C?est extr?mement important pour la formation du citoyen, pour l??quilibre des individus, l?acc?s ? la culture, aux arts, diminue les frustrations, les sentiments de rejet. Se concevoir comme partie d?un r?cit optimiste fonde un engagement soci?tal, une perception plus optimiste du monde, la fiert? d?une appartenance valoris?e par des ?v?nements ? retentissement. Ce sont ces impacts qui sont les plus importants.

Le Marocain se vit comme le d?positaire d?une histoire, d?une culture, d?un patrimoine commun. Il c?l?bre son particularisme dans le cadre de la diversit? marocaine. C?est un socle de stabilit? extraordinaire. Cette force r?elle doit ?tre pr?serv?e. Il nous faut une action culturelle qui ne se limite pas aux festivals, mais assure une animation continue. Il faut sortir des d?bats vaseux et s?offrir une politique prospective.