Un modèle type de la pratique professionnelle des agences de presse publique n’existe pas dans l’absolu

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Directeur g?n?ral de la MAP qui organise le Forum Atlantique des agences de presse, Khalil Hachimi Idrissi s?interroge sur le mod?le de l?agence de presse en Afrique

Le Forum Atlantique des agences de presse africaines, que nous ouvrons aujourd?hui [13 octobre], se veut un moment privil?gi?, une pause entre professionnels, pour examiner, ?tudier et ?valuer les d?fis et les challenges qui s?imposent ? nous en tant qu?agences de presse africaines.

Il se veut aussi un moment de partage et d??change de nos exp?riences sur le terrain, de nos trouvailles manag?riales, de nos ??process?? de formation ou de nos proc?dures d??laboration de nouveaux produits.

Comme ce Forum peut aussi ?tre, si nous en avons le d?sir et la volont?, l?expression ou la formulation collective, afin de mieux les d?passer, de nos difficult?s, de nos contraintes et de nos emp?chements.

Les d?fis que nous avons ? relever sont ? l??vidence nombreux. Ils touchent d?abord ? l?identit? de notre m?tier d?agencier. Que signifie aujourd?hui ?tre une agence officielle?? Une agence nationale?? Cela renvoie ? quelle comp?tence exclusive?ou ? quelle maitrise professionnelle caract?ristique ou sp?cifique?? Est-ce de la presse assujettie ? une d?finition pr?cise du concept de service public?? Ou est-ce de la communication institutionnelle o? le plus important est le message plus que le m?dium ou le vecteur??

Voyez ?vous, chers confr?res, ce sont l? de vraies questions qui ne peuvent ?tre r?solues en un jour, mais auxquelles, tous, autant que nous sommes, dans notre diversit? et notre pluralisme, nous apportons, au jour le jour, des r?ponses dans nos agences en fonction des probl?mes qui nous sont constamment pos?s.

L?id?e n?est pas tant de se conformer ? un mod?le ou ? un id?al type de la pratique professionnelle des agences de presse publiques ? ce mod?le n?existe pas dans l?absolu ? mais de voir comment chacun d?entre nous, de part le vaste monde a apport? des r?ponses aux questions qui lui ?taient pos?es.

Il n?ya plus de mod?le universel

Quand des exp?riences ont cru r?gler en apparence la question de l?ind?pendance de l?agence, peut ?tre sur le plan ?ditorial ou d?ontologique, elle se sont trouv?es confront?es in?luctablement au mod?le ?conomique fragile de leur institution qui reste d?pendant de la commande publique massive ou de la subvention d?cisive de l?Etat.

D?autres mettent en avant, peut-?tre plus judicieusement, une notion de service public de l?Information qui justifierait une prestation professionnelle ex?cut?e, dans un cadre d?ontologique norm?, dans l?int?r?t g?n?ral du pays et en vertu du droit des citoyens ? l?information. L??quilibre de ce mod?le reste pr?caire mais dynamique car il reste tributaire des enjeux politiques conjoncturels et du niveau atteint dans la consolidation de l?Etat de droit dans le pays.

Il existe ?galement un mod?le totalement priv?, notamment dans le domaine de l?information financi?re, o? l?agence fonctionne selon les lois du march? mais dans le cadre d?une l?gislation nationale en mati?re de presse qui d?finit le cadre l?gal et ?thique de cet exercice. C?est un mod?le qui peut int?resser de segments pr?cis du march? de l?information y compris r?gionale mais qui n?est pas directement dans notre propos d?aujourd?hui.

Il n?y plus de mod?le universel ! C?est ? nous de trouver le mod?le qui puisse porter nos ambitions collectives et nos objectifs l?gitimes, qui puisse assurer un service minimum de souverainet? nationale en mati?re d?information, qui puisse permettre ? nos journalistes et ? nos cadres d?exercer leur m?tier dans un minimum de dignit? professionnelle, qui puisse faire entendre la voix de nos Nations dans le concert international et qui puisse, finalement, assurer ? nos concitoyens, dans le cadre d?un service public moderne, un droit d?acc?s ? une information sourc?e, v?rifi?e et recoup?e.

L?Afrique ne veut plus de vision fatasm?e par les autres

Le temps des grandes agences et des petites agences est r?volu. Il est r?volu car ce partage contenait une vraie imposture g?opolitique et recoupait comme par un miracle historique la fracture, existante et entretenue, entre le Nord et le Sud. Les grands se situaient au Nord. Les petites au Sud. Comme les riches et les pauvres. Les d?velopp?s et les sous d?velopp?s. Comme ceux qui sont dans l?Histoire et ceux qui ne le sont pas etc. Cette rh?torique a fait long feu.

L?Afrique ne veut plus de cette visions d?elle-m?me, fantasm?e par les autres, diminu?e et infantilisante. Le n?o-colonialisme insidieux et sournois, comme son fr?re a?n? le colonialisme originel, brutal et caricatural, a ?t? invalid? par l?Histoire. Dans notre domaine, ?galement, il faut que les forces de l?Histoire s?expriment?! Dans le sens du progr?s et du d?veloppement dans touts ses formes.

Comme d?autres l?ont fait en Afrique, dans le secteur bancaire, le secteur financier, le secteur des assurances, les secteurs des t?l?communications, du BTP, de l?Habitat, du Transport a?rien, de l?Ing?nierie, de l?Autosuffisance alimentaire, de l?Agriculture, du Tourisme, des Energies renouvelables etc.

L?Afrique nouvelle est en marche

Nous pouvons aujourd?hui additionner nos forces, nos moyens, nos expertises et nos connaissances et aspirer, en synergie, ? compter davantage dans le Continent et dans son ?conomie de l?information. Nous pouvons tous ?tre des grands?! Chacun est le sp?cialiste incontournable de l?information de son pays et collectivement nous sommes tous les sp?cialistes incontournables de l?information de notre Continent. Ce n?est plus la technologie qui fait la diff?rence, les co?ts baissent tous les jours, ce sont les ressources humaines de qualit? et bien qualifi?es qui font la vraie diff?rence.

Dans le domaine de la formation, particuli?rement, notre Forum atlantique des agences de presse africaines peut apporter beaucoup. C?est ? nous de nous organiser pour d?multiplier les flux de formation entre nous et de faire en sorte d?offrir syst?matiquement, d?une mani?re structur?e et organis?e, des formations qualifiantes ? tous. Dans l??criture de presse, dans la gestion, dans l?organisation, dans le leadership, dans l?informatique, dans la production vid?o et audio, dans la photographie, dans l?infographie etc. Nous devons embrasser tous les domaines.

Notre avenir aujourd?hui r?side dans la diversification de nos produits, dans l??volution de nos agences qui ne doivent plus ?tre cantonn?es ? produire que des d?p?ches, dans l?affirmation multim?dia de nos entreprises qui passe par la ma?trise des techniques de l?audiovisuel de la production et de la diffusion.

Nous ne pouvons plus continuer ? appartenir ? une ?conomie de l?information qui est devenue obsol?te, en vivant sur un mod?le ?conomique aujourd?hui d?pass? et dans un cadre institutionnel contre-productif voir inhibant.

Le monde change, le monde de l?information change de paradigme et vit une r?volution profonde qui remet tous nos vieux sch?mas en question. Nous ne devons pas rester en marge, recroquevill?s sur des acquis que le temps, notamment politique, et l??volution de la technologie et de la d?mocratie dans le Continent ont largement d?mon?tis?s.

Notre avenir nous appartient et c?est ? nous, aujourd?hui, de le construire ensemble.

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