« Violence et religions » ! Le 2eme congrès international de l’association marocaine de psychiatrie dynamique, qui aura lieu à Fès, les 5 et 6 mai 2023, a choisi ce thème pour sa conférence inaugurale.

C’est le grand poète syrien ADONIS, de son vrai nom Ali Ahmed Saïd, qui traitera de la thématique lors de cette rencontre internationale de formation continue en psychiatrie et ses interactions avec d’autres disciplines, indique Dr Hachem TYAL, président de l’association marocaine de psychiatrie dynamique ( MADP). 

La conférence de Fès sera une continuité des idées développées dans le livre d'entretiens d'Adonis avec Houria Abdelouahed, où il est question de prolonger  la réflexion du poète sur les thèmes abordés dans ses poèmes, la religion, la radicalisation, les attentats, l'échec du printemps arabe, la femme et la féminité.….les violences attribuées aux religions. 

Il faut rappeler que Houria Abdelouahed est professeure des universités (Université Sorbonne Paris Nord), psychanalyste et traductrice. Elle est notamment l’autrice de "Figures du féminin en Islam" (PUF, 2012), "Les Femmes du prophète" (Seuil, 2016). 

Elle a également écrit "Violence et islam" (Seuil, 2016, traduit en quinze langues) et "Prophétie et pouvoir" (Seuil, 2019) avec Adonis, dont elle a traduit le grand opus "Le Livre" (al-Kitâb).

Cette 2eme session annuelle de l’AMDP est organisée en collaboration de la Faculté de Médecine de Fès et avec le soutien de l'Association Mondiale de Psychiatrie Dynamique WADP, la Fédération Internationale de Psychiatrie ALFAPSY, la Fédération Internationale de Psychothérapie IFP et la Section Psychanalyse de l’Association Mondiale de Psychiatrie WPA.

Pour Dr Hachem Tyal, la violence est-elle un concept auquel la psychanalyse s'est vraiment intéressée ? La question mérite d'être posée quand on sait qu'aucun dictionnaire de référence à la psychanalyse n'y consacre un article à part entière.

Il précise que la psychanalyse a introduit ce terme dans trois textes freudiens où il est cité, "Malaise dans la civilisation", "Pourquoi la guerre ?" et "L’homme Moïse et la religion monothéiste".

Freud a introduit la notion fondamentale de pulsion de mort, définie tout d'abord sur un plan propre à la biologie, comme tendance à reconduire l’être vivant à l’état inorganique. 

Freud l'a opposée à la pulsion de vie en défendant le dualisme qui n'a pas beaucoup aidé dans sa théorisation débutante sur les psychoses et les névroses.

Pour Jacques Lacan, la question de l'agressivité dans son rapport présenté au XIème congrès des psychanalystes de langue française à Bruxelles en mai 1948 où il tente alors d'en former un concept à part entière dans lequel il considère l'agressivité comme une tendance corrélative d'un mode d'identification narcissique qui détermine la structure formelle du moi de l'homme et du registre d'entités caractéristiques de son monde. 

Cette notion de l'agressivité fait concevoir son rôle dans la névrose moderne et le malaise de la civilisation. 

Pourtant la violence ne peut se réduire à cela. La violence a, en effet une dimension « subjective », qui vise en même temps le sujet et le lien social, ce qui ouvre toute une réflexion quand on sait que la violence est structurellement liée au lien social, tient à préciser le président de l’association marocaine de psychiatrie dynamique 

La philosophie, la sociologie, l'anthropologie ont également beaucoup interrogé ce concept mais la psychanalyse peut aborder autrement la violence, en s'inscrivant dans un tout autre champ que ces derniers.

Et, c’est le sens même du colloque annuel de la MADP "La psychanalyse à l'entrecroisement des disciplines", et sa raison d'être est d'interroger la psychanalyse dans ses interactions avec la psychiatrie, l'anthropologie, la philosophie, la sociologie et les neurosciences.

Ainsi, la 2eme rencontre internationale de psychiatrie dynamique ( Édition 2023 de la psychiatrie dynamique) relancera donc de véritables débats sur les notions de violence et d’agressivité et surtout d'interroger cette problématique, à partir de la clinique ( la vision médicale) et essayer d'en tirer les éclairages possibles sur son rapport au lien social, insiste Dr Hachem TYAL.