Touria Chaoui, une marocaine première aviatrice du monde arabe

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Lors du Salon du Livre de Casablanca de 2020, j’ai découvert au stand de La Croisée des Chemins cet hommage à une pionnière de l’aviation dans le livre émouvant écrit par son frère Salah Eddine Chaoui et publié en 2017: Ma sœur Touria, première aviatrice du monde arabe publié également par l’éditeur français l’Harmattan.

Salah Eddine Chaoui est artiste peintre à Vichy où il est propriétaire d’une galerie. Il a écrit ce livre soixante ans après la mort de sa sœur Touria. Le journal régional français La Montagne a consacré un article à sa parution.

« À 16 ans, Touria Chaoui obtient, le 17 octobre 1951, son brevet de pilotage délivré alors par l'armée de l'air française au Maroc, pays, à l'époque, sous protectorat français. Cette jeune fille fut la plus jeune pilote mondiale et la première aviatrice du monde arabe ». 

L’exploit de Touria Chaoui fut salué dans la presse internationale. Elle eut le soutien immédiat de l’aviatrice française Jacqueline Auriol et devint un symbole de courage et de détermination pour les jeunes filles marocaines.

«Jeune fille dans la gloire, elle ne s'est pas laissée éblouir par tout cela. Même si elle est devenue une icône, elle a mis sa notoriété au service d'autres jeunes filles, pour qu'elles étudient, qu'elles puissent acquérir leur autonomie. Elle a beaucoup été sollicitée par des associations féminines » témoigne son frère Salah Eddine Chaoui.

L’instruction et l’émancipation des femmes lui tenaient à cœur et elle fonda un centre de formation pour jeunes filles.

Cependant, ce ne fut pas son seul engagement, elle s’impliqua également dans le combat pour l’indépendance du Maroc et la lutte contre les inégalités sociales aux côtés de son père, journaliste au Courrier du Maroc. Pour célébrer le retour d’exil de Moulay Ben Youssef, le futur Roi Mohammed V, Touria Chaoui s’était envolée de Tit Mellil pour survoler le cortège royal dans son avion Cessna et fit tomber du ciel des centaines de tracts jusque dans la Mercedes décapotable du souverain «qui fit un geste affectueux en direction de l’appareil car il avait reconnu l’avion de sa protégée » écrit Salah Eddine Chaoui.

Mais la veille de l'Indépendance du Maroc, Touria est tuée à bout portant au volant de sa voiture, à Casablanca, le 1er mars 1956, alors que son frère de 11 ans est assis à ses côtés. A ce jour, l'auteur des coups de feu n’a jamais été retrouvé, ni le commanditaire de cette exécution. Cet assassinat n’a jamais été élucidé. « Celui qui a tiré était l'homme des basses œuvres. Il y a toujours eu des rumeurs sur le nom du commanditaire. Il est resté dans l'impunité » dit Salah Eddine Chaoui.

Il est aisé de comprendre le traumatisme qu’a subi Salah Eddine à un si jeune âge. L’écriture de ce livre avait besoin d’un déclic et il s ‘en explique : « Cela sommeillait en moi. Différents éléments ont précipité l'écriture. Je découvre qu'en 2014, le conseil municipal d'Aulnat a donné le nom de Touria Chaoui à l'une des artères qui dessert l'aéroport de Clermont-Ferrand. En juillet 2015, la télévision marocaine, qui réalise un documentaire sur ma sœur, est venue m'interviewer. Je me suis dit, il faut que j'appuie ce documentaire par un livre. L'histoire de Touria, première aviatrice du monde arabe est connue, j'ai voulu aussi conter celle de la jeune fille qu'elle était. Je suis son frère unique et le seul survivant proche capable de parler d'elle, de ce que nous avons vécu de Fès à Casablanca, même si elle avait huit ans de plus que moi ».

Le musée de la Femme de Marrakech qui rend hommage à des femmes marocaines exceptionnelles a prévu de lui consacrer un portrait au mois de mars.

Profitons également de la Journée de la Femme, le 8 mars, pour suggérer

Qu’un aéroport porte le nom de Touria Chaoui au Maroc. 

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