Voilà le chroniqueur hebdomadaire sur ce site qui publié un nouvel ouvrage * le quinzième… sur l'état des lieux dans l'hexagone. Pour le coup, il a laissé de côté sa problématique couvrant tant de domaines de géopolitique pour s'atteler à ce que certains considèrent encore comme un "pays fabuleux", ce que Joachim Du Bellay, poète français du XVI ème siècle, avait résumé dans ce vers : La France, mère des arts, des armes et des lois". 

Dans ce livre de quelques deux cent trente pages, de l'amertume : j'ai "mal à la France", tonne-t-il. Il commence par solliciter l'histoire: celle des monarchies, la France des Lumières, celle aussi des années de gloire. C'était le bon vieux temps, le siècle dernier avec les trois décennies qui ont suivi la Seconde guerre mondiale ; puis, par touches successives, ce qu'il faut bien appeler le déclassement. En interne - un peuple toujours réfractaire au changement et un recul du PIB au septième rang mondial aujourd'hui ; à l’international aussi la voix de la France ne porte plus, la présidence Macron accusant davantage ce processus. 

Plusieurs phénomènes concourent à cette situation: des utopies toujours entretenues quant à l'universalisme de ses valeurs, la bataille perdue de la langue française sans oublier la désindustrialisation depuis un demi-siècle. Des maux cumulatifs qui tiennent au souci proclamé de l'actuel chef d'Etat de "déconstruire notre histoire"" et de ne pas assumer les grandes pages de l'histoire de ce pays. En cause au passage ce qu'il appelle une certaine bienpensance d'un " politiquement correct" où l'Etat n'assume plus l'esprit de responsabilité, et qu'il cède volontiers aux sirènes de la facilité. 

Rien d'étonnant dans ces conditions que le populisme prospère, aux deux extrêmes de l'échiquier politique. La cohésion sociale en a pris un sérieux coup ; elle se délite: les Français ne vivent plus ensemble mais les uns à côté des autres... Amer constat : l'entrée dans un nouveau monde où la religion et la politique se sont effacées au profit de la technocratie et du marché. Le déclin est là. Seules de profondes réformes peuvent renverser cette tendance, Le discours officiel y fait volontiers référence mais sans beaucoup d'impact. Un pays à bout de souffle... Un livre décapant qui dérange.

*- Gabriel Banon, France la Grande illusion », Sochepress Editions, 2023, 233p. 2