chroniques
Abdelmadjid Tebboune et Sidi Abderrahman Et-Thaâlibi
Le président algérien, Abdeladjid Tebboune, depuis Berlin le 13 déc. 2020
A suivre ce qui se dit à Alger (qui n’est pas l’Algérie) et se fait, suite à la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats Unis, on croirait que le ciel leur est tombé sur la tête. Groggy, comme est sonnée une équipe qui encaisse un but dans le temps additionnel. Si fort et si bien qu’on a été sortir le président de son lit de convalescent où il n’en finit pas de convalescer pour annoncer qu’il sera de retour, inchallah, « dans une semaine, ou deux, ou trois », bref, dit-il à la fin, « le plus tôt possible si Dieu le veut ». A l’homme, on ne peut que souhaiter un prompt rétablissement. Lui ou un autre à la tête de l’Algérie, tant que l’autocratie soldatesque n’aura pas cessé de voir par le petit bout la lorgnette et changé de fusil d’épaule, on ne voit pas ce que ça pourrait modifier.
Ce qui frappe dans cette vidéo de 4 mn 54’’, c’est l’ambiance hermétique des lieux, l’ambassade d’Algérie à Berlin selon algériepatriotique, qui, si elle se situait à Berlin Est, n’étonnerait personne. Rideaux fermés. Drapeau algérien au cas où on le reconnaitrait pas. Eclairage tenu. Des téléphones pour faire illusion. Un abat-jour en arrière-plan, comme dans un mauvais interrogatoire, pour atténuer les traits tirés du président. Fardé sans doute pour lui donner quelques couleurs. Vitaminosé certainement, pour ne pas dire autre chose. Essoufflé tout de même et balbutiant par moments, tentant résolument de montrer sa détermination. Toute la séquence est à l’image du pouvoir algérien qui n’est pas sans rappeler les mises en scènes grotesques des oligarques vieillissants d’une Union soviétique en fin de vie. Donner le change, soutirer la compassion, faire patienter en attendant demain qu’on espère, sera un autre jour.
Sur les 4 mn 54’, Abdelmadjid Tebboune consacre 43’ à la situation dans la région. Traduisez le Maroc. Pour dire que l’Algérie n’est pas secouée par ce qui se passe. Qu’elle s’y attendait et que c’était prévisible. Qu’elle est forte, plus forte que ne le croient certains. Je ne sais pas vous, mais moi, ça m’a tout de suite renvoyé à cette déclaration, juste avant qu’il ne soit touché par le Covid, où il assurait qu’on « le veuille ou pas, le système sanitaire algérien était le meilleur du monde arabe et d’Afrique ». Pour aller ensuite se faire soigner en Allemagne.
Est-ce la maladie, est-ce l’éloignement, est-ce la crise politique en Algérie, est-ce l’effet de l’uppercut de la reconnaissance ou autre chose, probablement tout cela à la fois, mais subitement, le président algérien succombe à une crise de mysticisme. Il évoque et invoque Sidi Abderrahman Et-Tâalibi, saint patron d’Alger, qui aurait dit, je traduis en substance : « étonnante Algérie, aucune épreuve n’y dure indéfiniment, chaque fois qu’y survient une crise, l’éclaircie, par la grâce à Allah, s’ensuit ». A moins qu’il ne parle d’Alger où il s’est installé en 1414, on ne voit pas comment Sidi Abderrahmane aurait pu tenir pareil propos sur l’Algérie qui n’a existé que 5 siècle après son décès. Mais qu’importe ! Ce que Sidi Abderrahmane aurait dit, est un truisme et un instantané du cycle de la vie, qui s’applique à tous et partout. Le coronavirus par exemple, il finira bien par partir un jour, comme avant lui le Choléra de Gabriel Garcia Marquez, ou la Peste de d’Albert Camus. Abdelmadjid Tebboune aurait été peut-être encore mieux inspiré de s’en remettre au Saint Coran, sourate Acharh qui, par deux fois, dit au prophète, qu’après chaque phase difficile intervient une autre faite de facilité. Le même Saint Coran qui précise dans sourate Arraâd (le tonner) signe 11: « Dieu ne change rien en un peuple, tant qu’ils n’ont rien changé en eux-mêmes. Sadaka Allah Al’âdim.