Ainsi parlait Bilal…

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Bilal Talidi chez Abdalilah Benkirane, sur la table de coin la photo de l’ancien chef de gouvernement avec son ancien ministre d’Etat, Abdellah Baha, éminence grise et compagnon de route jusqu’à la mort.

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Bilal Talidi, chroniqueur au Quid.ma, espace de diversité et de débat pluriel, n’a pas laissé indifférent Mokhtar Salam, intervenant de qualité dans le même Quid, interpelé qu’il a été par la propension de notre ami Bilal à faire passer par le PJD l’alpha et l’oméga de la politique au Maroc. Un débat qui ne fait que commencer. NK 

Les interventions dans Quid de Bilal Talidi, un intellectuel islamiste proche du PJD sont remarquées. Elles apportent un éclairage souvent bien documenté de ce qui se passe à l’intérieur du parti majoritaire du pays.

 Ces interventions sont souvent servies par un langage expert de politologue ou, en tout cas, de doctorant en science politique qui essaie d’ajuster, autant que faire se peut, les concepts théoriques à ses convictions personnelles. Un exercice périlleux au demeurant !    

Deux remarques d’emblée sur cette intervention : la première, c’est que Quid se grandit en valorisant la production de Bilal Talidi dans cet espace pluraliste qu’est ce site d’information de qualité. Bravo, donc !

La deuxième, c’est que cette situation expose notre universitaire organique à beaucoup de risques car il s’adresse à un public qui n’est pas naturellement acquis et qu’il doit, par conséquent, avancer un discours argumenté, crédible et loin de la logorrhée partisane du PJD. 

Et c’est là où, chez Bilal Talidi, le militant aguerri supplante souvent le politologue enthousiaste. Ses thèses sont simples. Enumérons !

Toute tentative réelle ou fantasmée de faire tomber le PJD de son piédestal électoral serait une mise à mort de la démocratie au Maroc et une ouverture des « portes de l’enfer » sur le pays avec, bien sûr, l’aide active du parti dépossédé.

Toute autolimitation électorale imposée aux plus poreux aux thèses du Makhzen au sein du secrétariat général du parti serait une trahison des clercs « makhzénisés » et qui priverait l’Etat d’un acteur central, le PJD, susceptible d’encadrer la population en cas de troubles éventuellement crées par ce parti lui-même. 

Toute modification du mode de scrutin, notamment de la proportionnelle vers l’uninominal, en vue de modifier le quotient électoral — le nombre de voix requises pour élire 1 député — pour empêcher un parti, le PJD en l’occurrence, d’avoir plusieurs députés dans une même circonscription serait une mise à mort de la modernisation de la vie politique et la fin définitive de la confiance des partis dans les institutions du pays. 

Et au final, la réalité politique et électorale étant pour le moment encore pjidiste, toute tentative de déloger le PJD de sa position de leadership serait une rupture avec la feuille de route du parti qui a théorisé la fameuse devise post-printemps arabe : le changement dans la stabilité. Autrement dit, dans le cas contraire, nous allons avoir affaire à une rupture dans l’instabilité. Un axiome « Benkiranien » connu qui a souvent posé, dans un passé très récent, Abdelilah Benkirane, en sauveur du régime.   

L’on voit bien ainsi que l’argumentaire Bilalien est tendancieux, « partido-centré » et orienté malgré les précautions locutoires d’usage. Ce discours serait légitime s’il ne prétendait pas se cacher derrière une approche universitaire ou du moins scientifique pour approcher le fait politique.

C’est trahir le lecteur que de lui vendre un produit à la place d’une autre. Une contrefaçon. Autant ce discours est recevable en tant que discours militant mais il est irrecevable comme production académique. Jouer sur les deux registres produit une distorsion sémantique qui crée un bruit —   c’est-à-dire une quantité d’information —qui est non identifiable et trompeur. Une sorte, pour emprunter un concept à la physique du son, d’effet larsen : « rétroaction, réaction, action en retour, bouclage ». Et cela est dommageable.

Dans le domaine du débat politique, il y a deux préalables : un, savoir qui parle avec exactitude et deux, savoir de quel lieu il parle avec précision. Chez Bilal Talidi une seule condition est satisfaite. Hélas.      

Lire : Le coefficient électoral et les risques de renforcement du front du refus

PAR BILAL TALIDI