chroniques
Au delà de l’héroïsme
Il est trop facile de faire un procès aux Européens sur leur incapacité à accueillir. Mais, il est tout aussi illusoire de croire que la multiplication des barrières va stopper les phénomènes migratoires
Les images ont fait le tour du Monde. Un homme a escaladé la façade d’un immeuble à main nue, pour sauver un enfant agrippé à un balcon qui n’avait pour lui que son instinct de survie. Geste héroïque, reconnu comme tel par tous. Le président Français a reçu le jeune malien auteur du geste, lui a octroyé la nationalité française, un emploi chez les sapeurs pompiers et la reconnaissance de la République. Gestes salués y compris par l’extrême droite.
Cet épisode apporte un bol d’air, au moment où la gestion du flux migratoire fracture les sociétés concernées, donne des ailes au nationalisme étriqué et charrie une image très négative d’hommes et de femmes qui ont affronté les périls pendant plusieurs années, à la recherche d’une vie meilleure, un toit, un travail, de la sécurité qu’ils pensaient trouver en Europe.
L’acte héroïque de Paris est d’abord l’expression de l’humanité de ces gens. L’Afrique ancestrale est basée sur des valeurs telles que le respect et la solidarité. On l’oublie trop souvent face au flot d’images des guerres, de la barbarie et de la misère qui va avec. Le socle de valeurs qui fonde les sociétés africaines demeure et il est d’un humanisme très actuel.
Mais le carcan du sous-développement et de la mauvaise gouvernance a fissuré le lien social et jeté des centaines de milliers de jeunes entre les mains de passeurs avides, criminels, pour une issue incertaine.
Il est trop facile de faire un procès aux Européens sur leur incapacité à accueillir. Mais, il est tout aussi illusoire de croire que la multiplication des barrières va stopper les phénomènes migratoires. On peut même parier que les changements climatiques et les sécheresses programmées amplifieront le phénomène.
La solution est ailleurs, et elle porte un nom : Le Co-développement. Il faut investir massivement dans le continent noir, d’abord dans les infrastructures, l’éducation, ensuite dans la mise en valeur sur place des immenses richesses naturelles du continent. L’Afrique à une démographie galopante. Dans 10 ans, un jeune terrien sur cinq sera africain. C’est un défi, mais c’est aussi un atout, dans des conditions optimisées.
L’Europe a tout intérêt à ce que l’Afrique devienne un marché viable pérennisé, un partenaire réel, prévisible.
La démarche du co-développement n’est pas de l’empathie ou de la philanthropie. C’est une démarche réaliste, bénéfique pour les deux continents. Elle est la vraie réponse aux phénomènes migratoires, aux guerres civiles, au terrorisme mais aussi un espoir de croissance soutenue pour l’Europe. Les valeurs humanistes, qui sont universelles, ont besoin de ce contexte pour s’affirmer.