Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika - JORIS IVENS L’HOMME QUI A PASSE SA VIE À TENTER DE ''FILMER LE VENT''

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Joris IVENS a établi une relation intime avec sa caméra. Il en parle ainsi : ‘’ Je ne me séparais jamais de ma caméra, au bureau, au laboratoire, dans la rue, dans le tramway. Je vivais avec ma caméra et en dormamt je la gardais sur ma table de nuit […]“

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« J’aime être avec les gens qui sont dans le grand mouvement de leur histoire, y attacher la caméra, qu’elle soit dans l’action –et non pas cachée- qu’elle prenne position. Je ne fais pas de l’art passif ». Joris Ivens.

Depuis Robert Flaherty, le père fondateur du “docufiction“ avec son mythique “Nanouk l’Esquimau“ (1922), et Dziga Vertov, le père du cinéma documentaire “Ciné-Oeil“ avec son non moins mythique film “L’oeil à la caméra“ (1929), ou encore Jean Rouch, l’inventeur du Cinéma-Vérité, jamais un documentariste n’a autant sillonné le monde, caméra à la main ou à l’épaule, de l’Europe, à l’Asie, aux Amériques, l’Australie et l’Afrique, pour rencontrer les Hommes de différents peuples et témoigner de la reconstruction de l’histoire de leur pays pour une vie et un monde meilleurs.

Puis Joris Ivens rencontre Marceline Loridan en 1963, encore très jeune, lors de l’avant-première de son film “A Valparaiso“, qui sera sa compagne et collaboratrice jusqu’à son dernier film, une sorte de film-testament, “Une histoire de vent“, dont la toile de fond est constituée de sa propre histoire, celle d’un homme qui a passé sa vie à tenter de “filmer le vent“.

UNE CAMERA-TEMOIN

Dès son court métrage “Pluie“, il a établi une relation intime avec sa caméra. Il en parle ainsi : « Je ne me séparais jamais de ma caméra, au bureau, au laboratoire, dans la rue, dans le tramway. Je vivais avec ma caméra et en dormamt je la gardais sur ma table de nuit de façon à pouvoir en disposer, de la fenêtre de ma chambre, s’il pleuvait à mon réveil »

Après une tournée en URSS pour projeter ses films et donner des conférences, il réalise en 1933 l’un de ses films les plus importants, “Misère au Borinage“,  qui dénonce les conditions de vie misérables des mineurs dans la région du Borinage en Suisse et leur exploitation sauvage. Ce film fut interdit de projection publique pendant plusieurs années.

Depuis cette date Joris Ivens à choisi sa voie : sillonner le monde, caméra en main ou à l’épaule, pour témoigner des luttes des travailleurs et de l’histoire des peuples qui luttent pour leur indépendance ou pour la construction du socialisme. Ainsi sa caméra devient une caméra-témoin des plus importants événements qu’a connu le monde à l’époque, de l’espagne sous le franquisme à la Chine de la résistance contre l’invasion japonaise à celle de la révolution maoïste, en passant par L’Indonésie, l’Europe centrale pendant la construction des démocraties populaires, les Amériques, l’Australie et l’Afrique. Aucun événement majeur n’a échappé à l’oeil vigilant de sa caméra-témoin.

Puis, à partir de 1957 il s’établit en France où il collabore avec Jacques Prévert pour réaliser “La Seine à rencontré Paris“ qui a eu la Palme d’Or du meilleur court métrage au Festival de Cannes en 1958. Mais cet établissement en France ne l’a pas empeché de continuer à parcourir le monde pour placer sa caméra-témoin là où il voit qu’il est utile de la placer. 

DES FILMS-RENCONTRES

Ce « hollandais volant », comme il a été surnommé par la critique, a très tôt considéré que le monde du cinéma documentaire doit être principalement construit autour de films-rencontres. Chaque film documentaire doit être l’occasion de tisser une rencontre avec un groupe d’hommes et de femmes en quête d’un idéal ou à la recherche d’une vie meilleure.“Misère au Borinage“

Le tournage du film “Misère au Borinage“, réalisé en collaboration avec Henri Storck, a constitué un tournant de sa conception du cinéma documentaire. Ils s’étaient installés pendant des mois avec ces mineurs tordus par le froid et la faim, partageant tout avec eux pour mieux filmer leur quotidien. Ils ont eu beaucoup d’empathie pour ces êtres qui se battent pour leur émancipation et une vie plus digne. Il a dit à ce propos : « J’ai pris parti pour la classe ouvrière. Je pense que chacun dans sa vie a un Borinage qui le fait changer. Avant ce film, je m’occupais de recherches esthétiques. Et j’ai compris que c’était une impasse ; il faut que l’intellectuel ait à faire avec la vie ».

Depuis, Joris Ivens a fait sienne la conception de tout film documentaire comme un film-rencontre, un partage d’une expérience commune, que ce soit dans le quotidien comme dans le processus de création lui-même. 

FILMER LE VENT

Finalement, il clôt sa carrière sa filmographie par une sorte de film-testament, une sorte de résumé de sa vie et sa carrière. Et se plaisant lui-même à se définir comme quelqu’un qui a toujours tenté de filmer l’invisible, le vent, il est retourné en Chine, la mythique et l’inattendue, pour tourner « Une histoire de vent » en 1988, à 90 ans, en collaboration avec sa femme Marceline Loridan-Ivens. C’est un film lyrique, dans lequel il raconte sa propre histoire, celle d’un homme qui a tenté réellement de filmer le vent, poussé par “le vent de l’Histoire“. C’était un ultime défi, un film entre fiction et réalité, plein de vie et de légende, d’images, de visages et de citations.

SES PLUS IMPORTANTS FILMS

Nous construisons (1930) ; Creosote (1931) ; Misère au Borinage (1933) ; L’incendie du Reichstag (1935) ; Terre d’Espagne (1937) ; Les 400 Millions (1939) ; Les premières années (1949) ; Le chant des fleuves (1954) ; L’Italie n’est pas un pays pauvre (1960) ; Viêt Nam (1965) ; Le 17è Parallèle (1968) ; Chine (1973) ; Comment Yukong déplaca les momtagnes (Série de 12 films coréalisés avec Marceline Loridan-Ivens – 1976) ; Une histoire de vent Une histoire de vent (coréalisé avec Marceline Loridan-Ivens - 1988)

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