''Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika - LE CINÉMA UNDERGROUND : QUAND L'AMÉRIQUE FAISAIT SON CINÉMA EXPÉRIMENTAL

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Réalisateur underground et bien d’autres choses, Andy Warhol a toujours rêvé de réaliser un clone robotique de lui-même.

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Chronique ''Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika - CES MALEDICTIONS QUI  CONTINUENT A SAINGNER A BLANC LE CINEMA NATIONAL !

« Je veux voir un cinéma qui s’oppose clairement à la culture cinématographique et télévisuelle qui domine. Ce cinéma nouveau et radical est visible depuis les années 1950, mais il plonge ses racines dans l’art moderne. Ces films s’inspirent surtout de la peinture, de la musique et de la poésie ». Malcom Le Grice.

Les cinéphiles ont eu droit au Cinéma Novo Brésilien, à La Nouvelle Vague Française, au Cinéma Néo-réaliste Italien et au Nouveau Cinéma Allemand. Ils n’allaient pas rester en manque du côté de l’Oncle Sam et ont eu effectivement droit au courant du Cinéma Underground Américain.

Le critique et réalisateur Jonas Mekas a été le premier à utiliser dès 1960 le terme de “New American Cinema“, suivi par d’autres critiques et historiens qui ont commencé à lier ce terme au concept culturel général de l’Undrground, à la connotation socio-politique, faisant surtout référence à l’écrivain et poète Henry David Thoreau, le père américain du fameux concept de “La Désobéissance Civile“ qui a notamment inspiré les actions collectives de Non-Violence menées par Gandhi et Luther King. Puis, le terme Underground a été lié plus étroitement à la création cinématographique en donnant l’expression Cinéma Underground. Le terme Cinéma Underground ne marque pas vraiment la naissance d’un courant cinématographique bien défini, mais englobe un ensemble de pratiques cinématographiques assez disparates que seul unit leur indépendance vis-à-vis du système de production, de distribution et d’exploitation dominant. D’une manière générale, l’Underground, tous genres artistiques confondus, est défini comme un “Ensemble de productions culturelles, artistiques à caractère expérimental, situées en marge des courants dominants et diffusées par des circuits indépendants des circuits commerciaux ordinaires“.

C’est le critique Dominique Noguez qui a essayé de donner un aperçu général de ce courant dans son livre “Une renaissance du Cinéma : le cinéma Underground Américain“, avançant par ailleurs que 1969 aura été la dernière année d'existence de cette expérience cinématographique qui n’a continué que comme état d’esprit avec des cinéastes tels Kenneth Anger, Jonas Mekas, James Broughton, Gregory Markopoulos et Andy Warhol, entre autres. Mais il a pourtant trouvé le moyen d’assurer une certaine continuité par le biais du ULFF (Underground Lausanne Film Festival & Music Festival) qui continue à faire vivre cette belle idée d’un cinéma américain indépendant.

UN CINÉMA CRÉATIF ET INDÉPENDANT

Raphaël Bassam, critique de cinéma spécialisé dans le cinéma expérimental, pense que « Les bouleversements dont le mot Underground se fait le fédérateur sont d'ordre sociopolitique ». En effet, plusieurs critiques et historiens de cinéma s’accordent sur le fait que ce nouveau cinéma américain, plus ouvert et plus structurel, est né au départ comme un mouvement de contestation des critères classiques du cinéma commercial dominant, aspirant à la création de nouvelles conditions de production d’un cinéma créatif et indépendant. Cela coïncide avec le fait dominant de la contestation des années 60 qui embrassait tous les domaines de la culture et des arts. Cela allait de la lutte contre la censure, au combat pour les droits civiques des minorités, en passant par la contestation de la guerre du Vietnam, la reconnaissance des guerres d’indépendance... C’est dans ces contextes que le Cinéma Underground est entré en phase avec l’ensemble des mouvements socio-artistiques de l’époque.

En tout cas, ce courant cinématographique, né approximativement entre 1957 et 1960, a été pendant quelques années attribué et appliqué, généralement et rétrospectivement, au cinéma américain indépendant de l'après-guerre. Et il est demeuré, pendant des années, un courant très attaché à des thématiques sociales universelles.

UN CINÉMA EXPÉRIMENTAL

Cependant, à la fin des années 60, certains cinéastes du mouvement n’acceptaient plus de figurer sous cette appellation Cinéma Underground, les repères ayant connu de profondes mutations et cette contestation, quelque peu souterraine et sans compromis avec les institutions socio-culturelles dominantes n’était plus de mise comme du temps de la création de la Film Maker’s Cooperative par Mekas et son groupe, qui leur permettait notamment de diffuser leurs propres films. Certains jugeaient l’appellation Underground trop restrictive en quelque sorte. La majorité était plutôt pour un terme de référence plus structurel, inspiré des nouveaux textes dont la nouvelle théorisation de P. Adams Sitney qui utilise le terme de Cinéma Structurel. Cela avait fini par aboutir à une terminologie légitimant l’appellation plus consensuelle de Cinéma Expérimental.

Ainsi, les termes de Cinéma Underground ou Cinéma Indépendant sont des termes qui ont été plus ou moins suremployés à partir du début des années 60 et ont fini par se dévaluer progressivement. Aujourd’hui, il y a une forte tendance à les confiner dans un référentiel presque purement historique. Le terme qui continue à prévaloir, majoritairement, dans les écrits critiques est celui, plus générique et plus pratique, de Cinéma Expérimental.

QUELQUES RÉALISATEURS DE CE COURANT

Kenneth Anger ; Jonas Mekas ; Andy Wahrol ; James Broughton ; Michel Auder ; Stan Brakhage ; Jackie Raynal ; Maya Deren ; Stephen Dwoskin ; Alejandro Jodorowsky ; Bruce Conner ; Gregory Markopoulos ; Toshio Matsumoto ; Paul Morrissey ; Otto Muehi ; Taylor Mead ; Carlos Atanes ; Peter Emanuel Goldman ; Jack Smith…