De l’impact des traditions - PAR AHMED CHARAI

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Le Roi Hassan II et la Reine Elizabeth lors de l’accueil officiel du Souverain en visite officielle au Royaume Uni en 1987

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Promesses, attentes et enjeux – Par Ahmed Charaï

Le décès de la Reine Elisabeth II a constitué un événement planétaire parce que la souveraine dirigeait l’ex-empire britannique depuis 70 ans. L’émotion était à son comble et on a vu s’exprimer, de manière spontanée, l'attachement d’un peuple à son souverain.

La Grande-Bretagne est la plus vieille démocratie du monde depuis Cromwell. Elle n’a pas de constitution écrite mais des règles immuables qui n’ont pas varié depuis des siècles. La monarchie n’a pas de pouvoir exécutif, mais le Souverain y incarne la Nation. Lors de la Seconde guerre mondiale, le Roi George a été déterminant. C’est son soutien affiché à Churchill, son appel à la résistance face au nazisme qui ont façonné l’image indélébile de ce vaillant peuple qui a affronté la barbarie, seul et pendant des années.

Ces règles immuables s’appuient sur des traditions fortes qui, loin d’être du folklore, donnent tout son sens au rôle d’incarnation du monarque. Ainsi, quand le Conseil du Trône proclame Charles III, Roi d’Angleterre, ce n’est pas uniquement un cérémonial, bien au contraire. C’est de la signature d’un contrat synallagmatique qu’il s’agit. Le Souverain prête serment sur les engagements qui sont les siens de par les traditions puisqu’il n’y a pas de constitution écrite. Il protègera l’Église protestante tout en étant le Chef de l’Église Anglicane. Il maintiendra l’unité de la Nation et surtout il s’engage à servir celle-ci toute sa vie.

C’est exactement le sens de la Bayaâ au Maroc, elle aussi véritable contrat synallagmatique. Bien que l’histoire des deux monarchies ne soit pas identique. Il ne s’agit pas ici de comparer le rôle politique des deux institutions, mais d’éclairer le rôle des traditions même dans l’ère moderne.

La monarchie anglaise a établi, juridiquement, depuis Elisabeth I, il y a des siècles, la théorie des deux corps du Roi, le privé qui lui appartient et le public qui, dès qu’il est intronisé, devient la propriété de la Nation et de son histoire. Les traditions constituent en fait la frontière entre les deux et perpétuent ce rôle du Souverain, incarnation de la Nation.

La Bayaâ au Maroc, l’intronisation par le conseil du Trône en Grande-Bretagne gardent leur cachet ancestral, pour que les représentants de toutes les forces vives de la Nation soient impliqués, représentés, au moment d’établir un lien solennel qui déterminera l’avenir d’un pays.

Ceux qui parlent d’archaïsme n’ont rien compris ou presque. Elisabeth II a régné 70 ans, plus longtemps que l’existence de l’État algérien; les monarchies britannique et marocaine ont traversé les siècles.

Les traditions sont là pour représenter l’ancrage de l’institution dans l’histoire des deux Nations. Et parce que celles-ci sont éternelles, les traditions ne peuvent que perdurer à jamais.

Cette tradition, il faut la préserver à tout prix, parce qu’elle cimente notre Nation et fait sa force.