chroniques
Enseignants – 23 mars : De la grève à la subversion, il n’y a qu’une marche
Quelqu’un peut-il dire à ces « enseignants » qui se complaisent dans la grève qu’ils ne sont ni dans le présent ni dans l’avenir et que pour l’appréhension qu’ils ont des réalités, il vaudrait mieux qu’ils n’enseignent rien à nos enfants.
Je ne sais pas ce qu’ils veulent, s’assurer la pérennité de l’emploi contre le moindre effort, ou agiter le pavé jusqu’à ce qu’il s’embrase ? Je ne saisis pas non plus ce que veut le gouvernement, reculer sans cesse devant des semi-lettrés, semi formés ou tenir ferme devant ceux dont l’ignorance des enjeux de l’avenir n’a d’égal que leur éloge de l’entêtement en persistant dans l’erreur de ce qu’est le futur de l’emploi dans le monde d’aujourd’hui.
Ce que je vois aujourd’hui c’est ce que j’ai vu depuis qu’élève à la fin du collège, j’ai vécu : La prise en otage de l’enseignement sous des prétextes fallacieusement syndicalistes par des forces qui instrumentalisent le corps enseignant et les élèves à des fins de rapports de force avec le pouvoir.
Beaucoup de facteurs ont contribué à la déliquescence de l’Education marocaine. L’utilisation politique des revendications du secteur de l’éducation en est l’un des principaux.
Pendant que l’UMT couvait jalousement d’une chape protectrice, au nom de la politique du « pain », la classe ouvrière et la majeure partie des employés de la fonction publique, enseignants, étudiants et élèves étaient mobilisés et instrumentalisés par les partis d’opposition, essentiellement l’UNFP-USFP, dans une moindre mesure l’Istiqlal, et par la suite l’extrême gauche, dans l’affrontement avec le pouvoir. Les conséquences, chacun les sait, l’analphabétisme bilingue et l’ignorance crasse à tous les niveaux.
Pour ce qui ce qui se passe ici et maintenant, on assiste à la prise d’assaut de ce que l’on appelle la coordination par les petites frappes d’Annahj Addimocrati et les cerbères d’Al-adl wa Al Ihsane dans une coalisation similaire à celle du 20 février, regroupant d’antinomiques professionnels de la politique.
J’exagère ? Alors qu’on m’explique ! Supposons un moment que le mouvement des enseignants ait quelque raisons d’être, que leurs revendications sont, non pas légitimes, ça ne veut rien dire, mais justifiées, pourquoi programmer pour la soirée du 23 mars, comme si la grève et les sit-in ne suffisaient pas, une marche sur le parlement au clair des cierges en commémoration de cette funeste journée de 1965 ?
Pour ceux qui n’ont pas une idée sur ces évènements, ou qui auraient oublié, le 23 mars 1965 est l’instant T où, sous prétexte d’une décision relative au redoublement des élèves, ont explosé au grand jour par des émeutes, les tensions entre la monarchie et les oppositions donnant lieu à une féroce répression.
Ce qui s’en est suivi ressemble à une série noire : mise en veilleuse du processus de démocratisation, proclamation de l’état d’exception, disparition de Mehdi Ben Barka et début des années de plomb. Je ne dis pas que l’histoire risque de se répéter bien que j’ai des raisons de croire que les forces de l’ordre ne seront pas tendres. Mais seulement, sous le regard timoré et complaisant des forces politiques, les enseignants, pour autant qu’ils mériteraient ce titre, sont en train de nous faire faire du sur place.