FICAK: LE CINÉMA : MÉMOIRE ET PROSPECTIVES – Par Driss Chouika

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De G à D :Le malien Mohamed Coulibaly, ingénieur de télécommunication, journaliste et réalisateur, le réalisateur burkinabé Issaka Compaoré, le sénégalais Maguèye Kassé, professeur universitaire et l’un des spécialiste de l’œuvre de Sembène Ousmane, et le marocain Aberrazzak Ezzaher, directeur de L’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel et du Cinéma

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Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika - LE CINÉMA UNDERGROUND : QUAND  L'AMÉRIQUE FAISAIT SON CINÉMA EXPÉRIMENTAL

Le 2ème jour de la 23ème édition du Festival International du Cinéma Africain de Khouribga (FICAK) a été marqué par un colloque sur le thème “Le cinéma : Mémoire et prospectives“, modéré par le sénégalais Maguèye Kassé, professeur universitaire et l’un des spécialiste de l’œuvre de Sembène Ousmane, le doyen et pionnier des cinéastes africains. 

A ses cotés le traitement de cette thématique a été enrichi de la contribution de trois intervenants : le marocain Aberrazzak Ezzaher, directeur de L’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel et du Cinéma, spécialiste en sémiotique audiovisuelle, le réalisateur burkinabé Issaka Compaoré et le malien Mohamed Coulibaly, ingénieur de télécommunication, journaliste et réalisateur.

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Une vue de l’assistance au colloque

L’assistance, composée d’un parterre riche et diversifié de cinéphiles, professionnels, critiques et intellectuels marocains, africains et étrangers de diverses nationalités, a été bien attentive et intéressée à suivre et participer au débat sur la mémoire du cinéma africain et ses perspectives de développement.

Le professeur Kassé a ouvert le colloque par une introduction en vue de préciser les termes de référence du thème choisi. Il a d’emblée annoncé que « La singularité et le succès du cinéma africain trouvent leur source parce que dès le départ inscrit dans des projets cinématographiques à visée transformatrice dans tous les domaines », puis a développé son idée en précisant que « Ce cinéma aidait à déconstruire des idées reçues, des discours élaborés par des centres qui confinaient l’Afrique à la périphérie d’une histoire universelle dans laquelle elle avait et a encore cependant une part importante ».

Puis, il a été question de la restitution culturelle et cultuelle des mémoires africaines, des moyens de dépassement de tout nouveau processus d’aliénation, de l’intégration de la culture dans les voies de développement social, la maitrise de la question identitaire, de la restauration des valeurs africaines singulières, la reconstruction nationale et la nécessité de l’éducation à l’image.

Puis Mr Kassé a conclu son introduction en affirmant que « Le colloque entend montrer et discuter ces questions et s’attachera à prendre en compte l’ensemble de ces aspects déclinés plus haut pour aider à tracer une prospective, au sens d’une vision des possibles », avant de céder la parole aux autres intervenants.

L’intervention de Mr Ezzaher s’est ensuite attachée à soulever tout un ensemble de questionnements à propos des clichés, stéréotypes et images caricaturales véhiculés par le colonialisme. Il a également posé un ensemble d’interrogations à propos de la possibilité réelle de la naissance d’un cinéma typiquement africain, avec une légitimation d’une identité propre, une nation propre, une narration, une esthétique et des idéaux propres, ainsi que l’assurance d’un financement et la création de réseaux propres.

Le réalisateur Issiaka, lui, a concentré son intervention sur l’importance capitale de l’éducation à l’image, dans le cadre d’une volonté politique réelle et une implication pratique de l’Etat dans le développement du cinéma comme véhicule principal des cultures africaines auprès de la population africaine majoritairement jeune. L’histoire et la culture africaines sont bien riches et il n’est possible de maîtriser leur développement que dans un cadre unitaire et solidaire, car “avec un seul doigt on ne peut ramasser la farine“.

Quant à Mr Coulibaly il a préconisé une refonte et une restructuration des cadres nationaux africains pour pouvoir aboutir à un réel processus de décolonisation. C’est le seul moyen de reconsidérer nos références et nos valeurs en vue de se libérer des séquelles du colonialisme en créant une dynamique éducative capable de recréer une véritable ame africaine, basée sur des rapports de force en faveur des intérêts des nations africaines.

Le modérateur a ensuite lancé un débat ouvert avec l’assistance. Là, l'intérêt et la sensibilité du thème ont amené une forte demande de participation au débat. Les nombreuses et diverses remarques et interrogations ont porté essentiellement sur les questions et questionnements soulevés par les différentes interventions, détaillant les visions des uns et des autres et proposant de repenser et restructurer les formes et les pratiques de la culture, la production et la diffusion cinématographiques africaines en vue de les rendre plus indépendants et surtout plus compétitifs, en les adaptant aux nouvelles technologies numériques modernes.

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