Politique
Istiqlal : Le troisième larron s’exprime
« Népotisme, scandale Annajat, volatilité de la stratégie politique, discours discourtois, absence de débats d'idées, conflits de personnes à répétition, attributions douteuses de marchés publics, fuite de capitaux à l’étranger, soupçons de fortunes mal acquises », c’est de vitriole que M. Benmoussa asperge les istiqlaliens Hamid Chabat et son prédécesseur Abbas El Fassi
« La prestigieuse épopée de l’Istiqlal fut soudainement interrompue en 1998 après le 13ème Congrès. La désignation de Abbas El Fassi ouvrira la voie à une nouvelle ère politique inodore, incolore et sans saveur, où la direction du parti est privée de colonne vertébrale. Quand elle dirigera le gouvernement, elle n’aura aucune velléité de produire des idées politiques ou de mener des projets de réforme, se contentant d’appliquer les orientations royales avec une littéralité déconcertante ». Ces lignes sont tirées d’une lettre ouverte de Mohamed Benmoussa aux militants istiqlaliens à la veille de leur 17ème congrès dont la principale préoccupation est de trouver un successeur sortable au tonitruant actuel secrétaire général de l’Istiqlal, Hamid Chabat. Cette lettre a été le prélude à sa candidature au poste de secrétaire général de l’Istiqlal. Il est ainsi le troisième larron, aux cotés de Nizar Baraka et Hamid Chabat, à prétendre diriger l’ainé des partis marocains. Mohamed Benmoussa est un ancien banquier, économiste, membre du Conseil National de l’Istiqlal et ardent activiste du mouvement Damir, association de la société civile qu’anime Salah El Ouadie. Statutairement, sa candidature est recevable puisque l’article 54 des règlements qui pouvait l’en empêcher a été modifié pour ouvrir la voie du secrétariat général à Nizar Baraka. Toute autre interprétation ne serait qu’argutie. Mais je doute fort que sa candidature aboutisse à son avènement à la tête de l’Istiqlal.
C’est donc une candidature de figuration, lui-même doit en être conscient, qui néanmoins permet à sa critique de la situation actuelle de son parti d’être audible et de s’inscrire dans le débat qui devrait être celui des istiqlaliens s’ils ont vraiment envie de retrouver une place honorable dans l’échiquier politique national. C’est une saine contribution que ses camarades ont le devoir d’écouter et de discuter. Mohamed Benmoussa, s’il descend en flamme le secrétaire général sortant, il le charge au même titre que son prédécesseur Abbas El Fassi : « Népotisme, scandale Annajat, volatilité de la stratégie politique, discours discourtois, absence de débats d'idées, conflits de personnes à répétition, attributions douteuses de marchés publics, fuite de capitaux à l’étranger, soupçons de fortunes mal acquises ». On ne peut pas dire que l’auteur de la lettre ouverte fait dans la dentelle. Avec Nizar Baraka, il met les formes, mais doute sérieusement de ses capacités à pouvoir ramener la barque istiqlalienne au bon port qui fut des années durant le sien : « Si celui-ci [Nizar Baraka] est un homme affable qui a su entretenir des relations cordiales avec toutes les sensibilités de l’Istiqlal, comme à l’extérieur du parti et au plus près des centres de pouvoir, il n’en demeure pas moins que sa stratégie politique est manifestement inappropriée car elle ne répond pas aux enjeux réels du moment. » C’est gentiment dit. Une gentillesse qui renvoie le prétendant à sa présumée déconnexion. Il n’est pas vrai que Nizar Baraka est aussi débranché que le laisse penser Mohamed Benmoussa. Au fil des années, l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental a acquis de l’expérience et pris de l’épaisseur. Mais l’existence au sein de l’Istiqlal de cadres capables de porter ce genre de débat ne pourrait que lui faire du bien. Sauf qu’il ne me semble pas qu’il y ait encore beaucoup de Mohamed Benmoussa dans l’honorable enceinte de Bab El Had.