chroniques
L’impuissance des puissances face à la pandémie
Ce qui arrive aujourd’hui est une tragédie dont les leçons devront être tirées pour l’avenir, et elles le seront à n’en pas douter, parce que l’instinct de conservation l’imposera.
Un grand ensemble comme l’Europe a été mis à mal, au point que l’idéal européen lui-même est mis en danger. La solidarité n’a pas été au rendez-vous, les Italiens ont reçu le soutien de la Russie, de la Chine, des USA tout récemment et même de Cuba – vous imaginez ! – avant que des pays européens ne daignent faire des gestes symboliques.
Emmanuel Macron, le président français, a dû batailler contre l’Allemagne et la Hollande pour obtenir l’idée d’un emprunt commun. Mais les insuffisances sont aussi ailleurs.
L’Europe est totalement vulnérable parce qu’elle ne produit plus, dans leur majorité, ni ses médicaments ni son matériel médical. Ses systèmes de santé sont tous, sans exception, dépassés. Parce qu’ils ont opté pour la diminution des coûts pendant des décennies, les États européens découvrent qu’ils ont perdu toute souveraineté sanitaire et sont obligés de quémander à la Chine et à la Corée du sud, masques, respirateurs et tests.
Aux USA la puissance financière et technologique met tout en place pour éviter l’hécatombe. Mais là aussi les insuffisances sont révélées au grand jour.
Il a fallu que le congrès impose la gratuité des tests, pour pallier à l’absence de couverture médicale et de toute solidarité sociale. Les divergences entre les appréciations de l’Administration Trump et les États ont éclaté au grand jour. Les difficultés à mettre en place un confinement général, horriblement couteux sur le plan économique, mais unique moyen de retarder la pandémie, démontrent la fragilité d’un système qui paraissait bien huilé.
Le monde scientifique n’est pas à l’abri de tout reproche. Il n’a pas réussi à rassurer et il a affiché ses contradictions accentuant l’angoisse des populations. Trop bureaucratiques, les instances scientifiques et académiques n’ont pas réussi à développer un discours savant, capable d’induire des politiques publiques, mais aussi d’offrir des perspectives aux populations angoissées.
Il y aura un après coronavirus parce que l’humanité, la science finiront par le dompter. Mais alors, des questions profondes se poseront. Sur le plan économique bien sûr, mais aussi sur l’organisation sociétale, la fluidité de la décision politique, le respect de la nature, les liens sociaux, etc… Un autre monde émergera, c’est une certitude.