LA FIN DU LIBERALISME ? – Par Gabriel Banon

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Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, ou le charmant visage de l’illibéralisme-fascisme rampant

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LE MONDE QUI NOUS ATTEND – Par Gabriel Banon

Les élections se succèdent un peu partout dans le monde, des crises qui se suivent, assombrissent l’avenir du monde occidental. On vit aujourd’hui la défaite apparente du libéralisme. Signifie-t-elle la victoire des régimes dits illibéraux. Ces derniers vont-ils prendre la place de ceux qui ont régenté notre modèle économique jusqu’à ce jour ? 

Cette nouvelle voie n’est pas vraiment marquée par une victoire des idées de libertés.  Car un régime dit illibéral c’est un régime hybride où la dérive autoritaire et la concentration des pouvoirs faussent la compétition politique : des « États non libéraux », selon Orbán, dans lesquels on considère que les freins et contrepoids du pouvoir ne font que limiter la souveraineté du peuple.

Les restrictions imposées par la pandémie, suivies des tensions avec la Chine et la Russie, ont remis en cause la mondialisation telle que nous l’avons vécu jusqu’alors. L’absence des réformes qui s’imposaient dans le monde occidental, a aggravé la tendance de « chacun pour soi » et mis à mal le « vivre ensemble » si péniblement mis en place après la deuxième guerre mondiale. Le nouveau slogan apporté par l’ex-président américain : « Faites l’Amérique grande de nouveau » a mis à mal l’idée d’un monde solidaire.

La démission de la première ministre britannique, Liz Truss, si peu de temps après sa nomination, semble avoir ravivé les critiques du libéralisme, que beaucoup surnomment néolibéralisme, mot devenu fourre-tout.  On pourrait analyser autrement le libéralisme de Liz Truss, aussi faut-il remarquer que ceux qui se réjouissent de la crise du libéralisme, ne sont pas conscients des vrais gagnants de ce petit jeu politique.

Si l’objectif est la fin du libéralisme tel qu’on l’a connu jusqu’à ce jour, les illibéraux qui ont le vent en poupe, sont bien partis pour occuper le paysage politique.

Beaucoup de critiques du libéralisme et du soi-disant néolibéralisme, se disent défenseurs de la démocratie libérale. Mais les choses ne se passent pas comme ils l’espèrent. Car l’illibéralisme consolide son poids politique, 2022 n’a pas été une année agréable pour les partis centristes au pouvoir.

En France, le parti d’Emmanuel Macron n’a pas réussi à avoir la majorité et a vu la montée en puissance de la France Insoumise et le retour en force du Rassemblement national à l’Assemblée. En Italie, le gouvernement de centre a perdu et a laissé place à une alliance de droite dirigée par les Frères d’Italie, qui il y a moins de 5 ans représentait moins de 5 %. La Suède a désormais, un gouvernement soutenu par la droite radicale des Démocrates Suédois.

En Amérique du Sud, ce sont des populistes de gauche qui ont remporté les élections : en Colombie, un président de gauche, Gustavo Petro, a été élu pour la première fois. L’année dernière, la gauche radicale a gagné les présidentielles au Chili. Et le Brésil a choisi dimanche Lula, aussi radical que son prédécesseur de droite Bolsonaro.

Pendant ce temps, les illibéraux se maintiennent un peu partout. Dans les démocraties, Viktor Orban a été réélu avec une majorité absolue. Dans les régimes autoritaires, Xi Jinping vient de consolider son pouvoir suite au Congrès du parti communiste chinois. Quant à Vladimir Poutine, il arrive à se maintenir malgré les aléas du conflit en Ukraine.

Cela nous amène à constater que l’alternative au libéralisme n’amènera pas plus de démocratie.

Car ce tour d’horizon montre que la tendance n’est pas à davantage de démocratie.

On remarquera que beaucoup de personnes qui se déclarent défenseurs de la démocratie libérale, passent leur temps à critiquer le libéralisme jugé trop individualiste et trop capitaliste. En fait, elles souhaitent un libéralisme avec plus d’État, une forme de social-démocratie qui irait plus loin que le libéralisme au sens américain.

Mais la situation, dans son ensemble, n’ira pas en leur faveur. Si le libéralisme disparait, ce seront les dirigeants illibéraux qui gagneront. 

Faut-il rappeler que ce sont les valeurs de liberté et le régime capitaliste, qui ont amené la prospérité et la puissance de l’Occident dont jouissent ses élites. Si ces dernières les mettent à bas, le risque est alors de voir la montée du populisme, d’une ampleur dévastatrice.

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