chroniques
La force de la démocratie – Par Ahmed Charaï
Républicains et démocrates recèlent des talents qui ont le calibre pour viser la Maison Blanche, mais si les mêmes reviennent, l’accusation de gérontocratie sera facile à émettre et les régimes dictatoriaux s’en saisiront
À presque une semaine d’intervalle, deux élections très importantes, en particulier pour la région du Moyen-Orient mais pas que pour cette région, ont eu lieu en Israël et aux USA. Les deux pays ont en commun d’être deux démocraties mais avec des sociétés fracturées.
Netanyahu est sorti grand vainqueur en Israël. Il a profité de la lassitude des électeurs face aux divisions partisanes, que le système électoral, la proportionnelle totale, favorise. La population inquiète face à l’inflation, aux effets économiques de Covid et aux tensions régionales a largement voté à droite. Mais cette fois Netanyahu doit non seulement composer avec la droite religieuse traditionnelle, mais aussi avec l’extrême droite. Alors que le nouveau Premier ministre israélien s’engage sur le renforcement des accords d’Abraham, tout dépendra de sa capacité à juguler ses nouveaux alliés, en commençant par les portefeuilles ministériels qui leur seront confiés.
Aux USA, il s’agissait des élections mi-termes qui renouvellent le congrès et le tiers du Sénat. Il est usuel que ces élections soient en défaveur du parti du Président. Les commentateurs, par la personnalité de Donald Trump, ont sur-électrisé ce vote, et ont même évoqué un danger pour la démocratie américaine.
Il n’en fut rien. Les résultats ont été acceptés par tout le monde, y compris les Trumpistes battus dans quelques États. Les institutions américaines, telles qu’elles ont été imaginées par la constitution rédigée par les pères de la Nation en sortent renforcées. Elles sont bâties autour du principe des contre-pouvoirs. Aucun parti ne peut les monopoliser tous durant longtemps. Les équilibres entre le législatif et l’exécutif, mais aussi entre le fédéral et les États sont savamment dosés.
Le congrès vote le budget et peut donc bloquer un programme du gouvernement en le privant de financement. Le Président a un droit de veto contre les lois votées par le congrès. Il l’utilise rarement. La négociation tous azimuts est la voie rationnelle pour l’Establishment.
C’est la force de cette démocratie qui a permis à l’Amérique d’être le pays le plus puissant, le plus influent du monde. Tant que les institutions US fonctionneront, et il n’y a pas de raison que cela change, l’Amérique restera l’Amérique quel que soit le président élu.
Les USA revendiquent ce leadership et ambitionnent de le garder à jamais. Ils en ont les moyens. La seule ombre au tableau c’est le vieillissement de l’Establishment. C’est une société vigoureuse où la jeunesse émerge avec des projets, des propositions plus à même d’appréhender les défis du futur.
Les deux partis, républicain et démocrate, recèlent des talents qui dirigent des États importants et ont le calibre pour viser la Maison Blanche ou la présidence du congrès. Si les mêmes visages reviennent, l’accusation de gérontocratie sera facile à émettre, et les ennemis de l’Amérique, les régimes dictatoriaux s’en saisiront. Cette immense démocratie a besoin de nouvelles vitalités.