chroniques
La guerre d’un jour – Par Samir Belahsen
La guerre du Haut-Karabakh, (« le jardin noir » en turco-persan), s'inscrit en fait dans un conflit plus global où la Turquie, l’Iran et la Russie sont en train de négocier l’avenir de la région
Un peu d’histoire
1920, Staline est au pouvoir en URSS, il est en train de bâtir un grand État fédéral transcontinental et communiste. Il rattache le haut Karabakh à l’Azerbaïdjan. Il ne s’intéresse aucunement au fait que les uns sont musulmans et que les autres sont chrétiens…
En 1991, quand l’URSS implose, le Haut Karabakh proclame unilatéralement son indépendance en intégrant des territoires qui n’en faisaient pas partie.
Les Azéries ont toujours proclamé l’unité du territoire, ils ont toujours brandi la solution militaire et refusé de transiger.
Le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie autour de la région du Haut-Karabakh a éclaté dans les années 1990 et s'était figé depuis lors. Cependant, en septembre 2020, les combats ont repris et cette fois-ci, l'Azerbaïdjan a lancé une offensive pour récupérer le contrôle de la région.
L'Azerbaïdjan a déployé une force militaire importante, incluant des troupes terrestres, des avions et des drones. Ils ont réussi à reprendre plusieurs zones autrefois contrôlées par l'Arménie, y compris la ville stratégique de Choucha, qui se trouve à proximité du Haut-Karabakh.
L’étonnante rapidité de la victoire de l'Azerbaïdjan peut être attribuée à plusieurs facteurs. Tout d'abord, l'Azerbaïdjan a tiré parti de sa supériorité militaire, avec des forces mieux équipées en termes de technologie et de ressources. Les avions et les drones azerbaïdjanais ont joué un rôle crucial en neutralisant les défenses arméniennes et en facilitant l'avancée des troupes au sol.
De plus, l'Azerbaïdjan a bénéficié du soutien diplomatique et militaire de la Turquie, qui a fourni une assistance en termes de renseignement, de logistique et de formation. Cela a aidé l'Azerbaïdjan à intensifier ses efforts et à obtenir des gains territoriaux plus rapidement.
En novembre 2020, un cessez-le-feu a été négocié par la Russie, mettant fin aux combats et établissant un contrôle provisoire russe sur certaines parties du Haut-Karabakh. Cela a été considéré comme une victoire pour l'Azerbaïdjan, car ils ont réussi à reprendre le contrôle de nombreux territoires.
"Opérations antiterroristes"
Le 19 septembre 2023, l'Azerbaïdjan déclare avoir lancé des "opérations antiterroristes" dans le Haut-Karabakh. L’armée Azerbaidjanaise a bombardé massivement plusieurs villes dont Khankendi, capitale de la région.
La mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais suite à l'explosion de mines dans des villes sous contrôle de l'Azerbaïdjan, est imputé à un groupe de terroristes séparatistes. Les séparatistes arméniens auraient aussi tenté par des interférences radioélectriques de brouiller le système GPS d'un avion de ligne azerbaïdjanais.
Selon les sources Arméniennes, le Haut-Karabakh traverse une crise humanitaire depuis fin 2022. Bakou aurait bloqué le corridor de Latchine qui relie l'Arménie à Khankendi.
C’était la seule voie d’approvisionnement des Arméniens du Karabakh en vivres et en électricité.
En vertu des accords du cessez-le-feu de 2020, l'axe est géré par des soldats d'une mission de la paix russe.
Le 13 septembre, Bakou a autorisé le passage d'une aide humanitaire russe sur le corridor, avant de déclencher l’offensive anti-terroriste une semaine plus tard.
La guerre d’Ukraine et les alliances dans le Caucase
Cette guerre du Haut-Karabakh, (« le jardin noir » en turco-persan), s'inscrit en fait dans un conflit plus global où la Turquie, l’Iran et la Russie sont en train de négocier l’avenir de la région sans trop se soucier des autres parties.
L'Arménie est membre de l'Organisation du traité de sécurité collective, une alliance politico-militaire dirigée par Moscou. Elle est censée être très proche de la Russie.
En 2020, lors de la dernière guerre, Moscou avait préféré ménager ses relations avec l'Azerbaïdjan.
La Turquie, elle, avait soutenu ouvertement l’Azerbaïdjan contre l'Arménie.
Les critiques verbales des États-Unis, de la France et de l'Iran étaient presque formelles.
Entre temps, il y a eu la guerre d’Ukraine. En 2023 ni le Kremlin, ni les États-Unis, ni les Européens n’ont la volonté d'aider l'Arménie. Le monde laisse l'Azerbaïdjan et son allié Turque agir.
L’Arménie s'est tournée vers l’Occident. Le 11 septembre des exercices militaires communs avec les États-Unis ont commencé. L’épouse du président Arménien s'est même rendue à Kiev sur invitation de la femme du président Volodymyr Zelensky. Moscou n’a pas commenté.
Le 20 septembre, un accord a été conclu sur le retrait des militaires restants des forces armées de l'Arménie et sur la dissolution et le désarmement complet des formations armées de l'Armée de défense du Haut-Karabakh.
La victoire, cette fois, parait totale pour l’Azerbaïdjan qui récupère son enclave chrétienne orthodoxe. La république à majorité arménienne du Haut-Karabakh « Artsakh », n’aura pas vécu. Elle n’a jamais été reconnue par aucun pays.
L’Arménie qui n’a jamais soutenu les arméniens du Karabakh se dit aujourd’hui prête à recevoir 40 000 familles arméniennes.