chroniques
Le bonheur algérien de recevoir MBS expliqué à ma fille
Par Naïm Kamal - La société civile et les droits-hommistes en Tunisie se mobilisent contre la visite du prince héritier saoudien, Mohamed Bensalman (MBS). Rien de tel un peu plus à l’ouest.
L’Algérie, où généralement les Saoudiens sont les « honnis » de sa diplomatie, est heureuse d’accueillir M B S, du moment, croit-on là-bas, qu’il boude le Maroc.
L’arrivée il y a quelques jours du nouvel ambassadeur saoudien à Rabat, la remise ce dimanche des lettres de créances de son homologue marocain à Ryad est sans sens dans ce contexte.
C’est anecdotique, mais aussi symptomatique que l’évènement à Alger n’est pas la visite, acte rarissime dans une conjoncture spéciale, de l’héritier du trône saoudite, mais l’impasse qu’il ferait sur Rabat, traditionnel allié et ami, d’habitude sous les huées algériennes, de Ryad.
Dans l’algérois, pour justifier le bonheur d’accueillir MBS, de surcroît dans des conditions peu propices en raison de l’affaire Khashoggi, on s’évertue à démontrer ce qui ferait que les deux pays peuvent nouer des relations stratégiques.
De la querelle turco-saoudienne sur le leadership du monde sunnite à la tentation de contrer l’axe turco-qatari en passant par le possible rôle de l’Algérie dans une médiation, une spécialité très algérienne semble-t-il, avec l’ennemi juré iranien, sans oublier par ces moment de disette la coordination possible sur le front pétrolier, tout est bon pour justifier un flirt contre nature, fut-il momentanée.
En contre partie, on s’amuse à relever tout ce qui ne va pas ou plus entre le Maroc et l’Arabie saoudite principale soutien du royaume dans l’achat des armes, ce qui ne permet pas à Alger d’asseoir sa suprématie militaire dans la région. Du moins c’est ce qu’on croit du coté des frontières est du Maroc
Pour ce coté-ci des frontières on prend plaisir à égrener les couacs. Le Royaume de Mohammed VI ne s’est pas inscrit dans l’opération de mise en quarantaine du Qatar. Il en a découlé que Ryad n’a pas voté à la FIFA en faveur de la candidature du Maroc pour 2026. Bien mieux, il a mené campagne au profit des Etats Unis d’Amérique. Dans la foulée, le roi Salman, habitué estival de Tanger, a zappé la coqueluche du détroit.
Mais encore… Mais encore rien.
Le compte n’y est pas, mais ce n’est pas grave dès lors que MBS ne passera pas par Rabat. Rabat joie, Al Quds Al Arabi, quotidien arabe édité à Londres, généralement bien informé sur son monde, rapporte que si l’étape marocaine ne figure pas dans la tournée du prince héritier saoudien, c’est en raison d’un agenda royal de Mohammed VI chargé. Maigre consolation, mais consolation tout de même, MBS doit se contenter d’Alger.