chroniques
Le déclin des activités pétrolières
Aujourd’hui, la question de la pérennité des groupes pétroliers se pose.
Depuis le fiasco de l’entrée en bourse d’Armco, la société pétrolière saoudienne, il est clair que les investisseurs ne misent plus sur la filière pétrole. Aujourd’hui, les grands groupes comme BP ou Total développent une stratégie plus verte que les verts, pour amadouer les investisseurs engagés.
Par exemple, Patrick Pouyanné, PDG de Total, dans une interview récente, veut convaincre de la trajectoire climatique de sa compagnie pour atteindre la « neutralité carbone » en 2050.
La société française, par exemple, compte réduire ses émissions directes de moitié, et compenser le reste, notamment grâce aux puits de carbone naturel et aux technologies de captage et de stockage de carbone.
La mission des pétroliers n’est pas d’arrêter de produire de l’énergie ! Si le secteur veut satisfaire quelques groupes de pression, il suffirait qu’il arrête de produire du pétrole. Ce qui n’est pas pensable pour l’immédiat, aux dires de Patrick Pouyanné. Mais la finance internationale qui est le plus important investisseur, raisonne à long terme et pour elle le sort de la filière est scellé. Malgré le lobbying des écolos, de plus en plus on regarde vers le nucléaire, qui a pratiquement résolu ses problèmes de jeunesse. En outre, à Tchernobyl, on a pu découvrir les capacités de régénération de la nature.
Le soutien aux énergies renouvelables, comme en Allemagne, en Espagne, et en France, a donné de piètres résultats à ce jour. Faire un « Green Deal » ne semble pas réaliste car il se fait au détriment des activités industrielles. On a déjà vu cette situation dans le secteur du solaire. Le citoyen-consommateur ne veut pas voir le prix de l’énergie grimper et les emplois partir à l’étranger. L’exploration, dont les budgets ont diminué au cours des cinq dernières années, n’intervient, aujourd’hui, que là où l’on peut produire du pétrole dont le coût ne dépasse pas les 20 dollars le baril. Cependant, on produira encore 50 millions de barils par jour à horizon 2040-2050, contre 100 millions avant la pandémie. Les pétroliers finiront de sortir du pétrole, et ont commencé leur reconversion.
Les modèles du secteur prévoient le plafonnement de la production à l’horizon 2030, notamment parce que l’Europe et la Chine auront basculé également vers le véhicule électrique.
Aussi, les investisseurs ne se focalisent plus que sur du pétrole peu coûteux à produire.
La vulgarisation de la voiture électrique se heurte aujourd’hui, au fait que les infrastructures vont moins vite que les constructeurs automobiles. Si les pétroliers sont prêts à investir dans la voiture électrique, et d’ailleurs ils le font déjà, ils ont besoin de soutiens publics massifs, car le développement de cette filière demande des infrastructures dédiées.
Le gaz doit avoir un rôle prépondérant dans la transition énergétique, même si cela n’est pas compatible avec l’accord de Paris, et difficile avec l’engagement de la neutralité carbone.
Il faudra le verdir de plus en plus, avec du bio-méthane (issu de déchets agricoles) ou de l’hydrogène décarboné, aux dires des experts du secteur. L’Union européenne veut développer la filière hydrogène. Si l’accord de Paris est une référence, ainsi que la perspective d’un monde limitant les effets du réchauffement climatique, cela se traduira par des nouvelles opportunités économiques.
L’écologie politique pense qu’on aura tout changé en 2025 ou en 2030. Mais il est impossible, si rapidement, de réorienter la demande en énergie, qui est aujourd’hui à 80 % fossile. Le GIEC évoque une division par deux des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 si l’on veut freiner le réchauffement. Mais la planète n’est pas capable de changer du jour au lendemain.
Total, comme les autres majors, a continué d’être généreux avec ses actionnaires malgré la crise, et maintenu son dividende, alors que le secteur pétrolier n’a plus la cote. Mais il faut retenir les actionnaires, en attendant la diversification du secteur. Le marché qui va croître, ce n’est pas celui du pétrole mais celui de l’électricité. L’activité pétrolière n’étant plus durable, la question de la pérennité des compagnies pétrolières est posée.
D’où leur volonté de s’adapter à l’évolution des marchés. En développant l’électricité bas carbone, Total, par exemple, espère attirer plus d’investisseurs. Ici, le positionnement économique rejoint la question climatique. On est loin d’avoir tourné la page du nucléaire, une source de production d’électricité décarbonée.
L’énergie nucléaire est une solution, si ce n’est la seule solution, pour lutter contre le réchauffement climatique. On a en 2020, suffisamment de recul pour considérer les filières d’électricité décarboné. Les nouvelles versions, sont des centrales basées sur la nouvelle technologie de la fusion et non de la fission. Disparaît ainsi le risque d’explosion et est réglé le problème des déchets qui deviennent réutilisables. La France, en pointe dans ce domaine, devrait avoir, dans cette filière, un domaine de développement non négligeable.
Il est devenu assez facile de comparer l’efficacité économique de la filière nucléaire, avec celle de l’éolien offshore, qui ne peut pas répondre à la demande.
Produire de l’électricité pour répondre aux besoins, ce ne sont pas les énergies renouvelables qui pourront le faire, vu les volumes en question.
Les écologistes devraient admettre l’évidence et l’inévitable, même si cela viole un des dogmes de cette nouvelle religion qu’est devenue l’écologie politique.
Aujourd’hui, il s’agit de produire de l’électricité verte à bas coût et en très grande quantité : exit le pétrole et bonjour le nucléaire.