LES EXCES DU POLITIQUEMENT CORRECT

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La cancel culture, ou call-out culture, pratique consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, les individus ou les groupes qui ne respectent pas le politiquement correct.

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Derrière des mots acceptables par tous, le politiquement correct, cache une arme redoutable : la stigmatisation de l’autre.  Race, genre, sexe : c’est la guerre culturelle avec comme ennemi, l’esprit du libéralisme.

Aujourd’hui, la crise touche tous les milieux, les Médias en tête. Le 14 juillet dernier, démissionnait Bari Weiss, journaliste en charge des pages « opinion » du prestigieux New York Times, occasionnant une nouvelle crise au sein de sa rédaction. La journaliste, dont l’indépendance d’esprit avait été récompensée en 2018 par le Prix Bastiat de la Reason Foundation, explique avec franchise et amertume, la guerre idéologique qui est en train de se dérouler dans la presse entre deux conceptions du métier :

Opinion Writer Bari Weiss Resigns from New York Times - JMORE

Bari Weiss, Prix Bastiat de la Reason Foundation en 2018.

« Les histoires sont choisies et racontées de manière à satisfaire le public le plus restreint, plutôt que de permettre à un public curieux de lire sur le monde et de tirer ensuite ses propres conclusions. On m’a toujours enseigné que les journalistes étaient chargés d’écrire la première ébauche de l’histoire. Aujourd’hui, l’histoire elle-même est une chose éphémère de plus, moulée pour répondre aux besoins d’un récit prédéterminé. » C’est une véritable dictature que les usagers du « politiquement correct » tentent, à New-York et ailleurs, en France entre autres, d’instaurer. 

Le récit prédéterminé doit répondre aux impératifs idéologiques et antilibéraux du nouveau discours de la gauche identitaire, sorte de miroir de la droite identitaire de Donald Trump, dont les défenseurs se comportent comme les pires des censeurs.

Bari Weiss ajoute :

« Mes […] incursions dans le domaine du « mal-penser » m’ont valu d’être constamment harcelée par des collègues qui ne partagent pas mon point de vue. Ils m’ont traité de nazi et de raciste... Là, certains collègues insistent sur le fait que je dois être délogée si l’on veut que cette entreprise soit vraiment « inclusive », tandis que d’autres affichent des émojis de hache à côté de mon nom…. »

On assiste un peu partout à une dérive identitaire qui polarise les rédactions et assèche les esprits les mieux disposés en faveur des droits des minorités. 

Aux Etats-Unis, la dégradation du climat entre le clan de Donald Trump d’un côté et celui de la gauche révoltée par l’affaire George Floyd, y est qualifiée de véritable « guerre culturelle centrée sur la race ».

Les libéraux se sont tout naturellement rangés en faveur de la justice et contre le racisme ; mais font aujourd’hui face à des concurrents gauchistes issus des universités, qui rejettent la notion de progrès : leur approche définit tout le monde en termes de race, et toute action comme raciste ou antiraciste. Elle n’est pas encore dominante, mais elle se répand au-delà des universités dans la vie quotidienne. Si elle devait supplanter les valeurs libérales, alors l’intimidation effacerait le débat ouvert et sèmerait la division au désavantage de tous, des Noirs comme des Blancs. 

150 intellectuels progressistes se sont mobilisés dans The Harper’s Magazine contre la cancel culture, ou call-out culture.  C’est une pratique ravivée aux États-Unis consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisassion, les individus ou les groupes responsables d'actions ou de comportements, perçus comme problématiques. En clair, qui ne respectent pas le politiquement correct. 

Enfin, les esprits se mobilisent pour défendre le libre-échange des idées et la liberté de débattre, menacés par le clanisme identitaire.

En France, les entrepreneurs identitaires, très actifs dans les universités, arrivent à interdire des débats, des conférences qu’ils jugent politiquement incorrects. Allons-nous voir le débat public phagocyté par une gauche revancharde, parfois repeinte en vert. Les intimidations et les démonstrations de force se multiplient, intimidant des faibles présidents d’universités, souvent relayées par des médias complaisants.

La nouvelle idéologie raciale en vogue à l’extrême gauche est fausse, dangereuse, et surtout totalement superflue. Le libéralisme offre une voie plus juste et plus prometteuse que ses concurrents. Il défend la dignité de l’individu et l’égalité en droits et en devoirs de tout le monde, quelle que soit la couleur de sa peau. Il défend le progrès construit sur le débat et l’argumentation et privilégie la raison et l’empathie sur l’intolérance et le mensonge.

  La bataille ne fait que commencer !