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LITUANIE/RUSSIE, NOUVELLE GUERRE EN VUE ? – Par Gabriel Banon
Kalingrad, enclavée en Lituanie, est pour Moscou, le seul accès maritime libre de glace toute l'année, sur la façade occidentale russe. C’est aussi le port d'attache de la puissante flotte russe de la Baltique.
Un million de citoyens russes vivent sur un petit bout de territoire de 15.000 km2. Kalingrad est une enclave donnant sur la mer Baltique, bordée à l’est, par la Lituanie, la Pologne au sud, une véritable anomalie géographique.
Elle est séparée du reste du territoire russe par les pays baltes. Du fait des sanctions occidentales frappant la Russie, Kalingrad pose aujourd’hui un problème aussi bien à Bruxelles qu’à Moscou.
A peine plus grand que l'Île-de-France, l'oblast (unité administrative) de Kaliningrad est une région de Russie au milieu de pays faisant partie de l’Union européenne et de l’OTAN.
La ville de Kaliningrad, concentre à elle seule près de la moitié du million d'habitants de l'enclave. Coupé du reste du territoire russe depuis plus de trente ans, elle est fortement dépendante d'une ligne de chemin de fer la reliant au reste du territoire russe via la Lituanie. Cette liaison est régie par un accord signé en 2002 entre Moscou et Bruxelles, effective en 2004 - qui permet notamment aux citoyens russes d'y circuler sans visa.
A l’implosion de l’URSS, les États baltes, dont la Lituanie, déclarent leur indépendance, mais Kaliningrad conserve son attachement à la Russie… et sa dénomination de l'époque soviétique.
Véritable enclave puissamment armée, c’est pour Moscou, le seul accès maritime libre de glace toute l'année, sur la façade occidentale russe. C’est aussi le port d'attache de la puissante flotte russe de la Baltique.
Fortin russe au milieu de l’Union européenne, il fonctionne comme un poste avancé fortement militarisé. Il est un élément clé de la dissuasion nucléaire russe. Y sont déployés des systèmes antimissiles S-400, mais aussi des missiles balistiques Iskander. Ceci met à leur portée Berlin, Varsovie, Copenhague, ainsi que des territoires des pays baltes. Début février, Moscou y a envoyé des d'avions Mig-314 porteurs de missiles hypersoniques Kinjal, capables, d'atteindre une cible distante de 2.000 km à une vitesse de Mach 10, soit environ 12.300 km/h. Y ont été mené également, des simulations de tirs de missiles à capacité nucléaire. C’est un rappel gratuit aux Européens de la menace qu’en terre de l’Union et de l’OTAN représente Kalindgrad.
Certes, l’OTAN a positionné des groupements tactiques composés de troupes mis à disposition par ses pays membres. « La présence avancée des forces des pays de l'Otan est défensive, proportionnée et transparente, écrit l'organisation sur son site. (…) Elle vient rappeler de manière tangible qu'une attaque contre un pays membre est une attaque contre tous ».
Lundi 20 juin, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, a annoncé que la Lituanie avait commencé à appliquer les sanctions européennes prises à l'encontre de la Russie. Ces mesures concernent particulièrement le transport ferroviaire. Dénonçant un « blocus », le gouverneur de Kaliningrad, Anton Alikhanov, a estimé que 40-50 % des approvisionnements de l'enclave via la Lituanie allaient être affectés. L’UE viole ainsi l'accord de 2002. La Russie menace : « si le transit n'est pas rétabli en totalité, alors la Russie se réserve le droit d'agir pour défendre ses intérêts nationaux ». Mardi dernier, Nikolaï Patrouchev, secrétaire du puissant Conseil de sécurité russe, a affirmé que « la Russie réagira à de tels actes hostiles ». « Des mesures appropriées sont en train d'être élaborées au niveau interministériel et seront adoptées prochainement », a-t-il ajouté, prévenant « qu'elles auront de sérieuses conséquences négatives pour la population de la Lituanie ».
Que cherche Bruxelles, un autre champ de bataille, une énième guerre par procuration ? L’OTAN va-t-il aller jusqu’à provoquer une escalade nucléaire ?