ONU - SAHARA MAROCAIN : NOUVEL ÉCHEC DE L'ALGÉRIE -Par Mustapha SEHIMI

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Nasser Bourita, ministre des AE marocain et Omar Hilal, représentant permanent du Maroc à l’ONU, s’entretenant avec Staffan de Mistura, envoyé personnel pour le Sahara du Secrétaire général des Nations Unis

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C'est avec beaucoup de sérénité de satisfaction que le Maroc a accueilli le rapport en date du 16 octobre courant fait par le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, au Conseil de sécurité. Déjà, dans la première version du 3 octobre, le ton avait été donné. 

Le chef de l'exécutif onusien en arrive à cette conclusion générale : une solution politique de la question nationale doit passer par une réunion de toutes les parties - dont l'Algérie au premier chef. S'il fallait résumer l'état de ce dossier national devant l'Organisation mondiale pour ce mois d'octobre, nul doute que les tenants et aboutissants en sont de nouveau connus : Antonio Guterres les rappelle devant la haute instance onusienne. 

Il y a ce que l'on pourrait appeler le factuel. Il ne manque pas d'intérêt: Il se décline à plusieurs niveaux. En termes diplomatiques, comment se présente la question nationale devant le Conseil de sécurité en ce mois d'octobre 2022 ? La première mouture du rapport du Secrétaire général de l'ONU avait circulé ; elle a été finalisée deux semaines plus tard, le 16 octobre puis remise aux quinze membres de cette haute instance onusienne qui ont commencé le lendemain son examen. Ce qu'il faut en retenir a trait à la réaffirmation du "rôle essentiel des voisins dans la recherche d'une solution à la question du Sahara occidental". Il fait part de sa vive préoccupation à propos du "net recul" en la matière par suite de "la reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario" liées aux "incursions quotidiennes dans la zone tampon (zone démilitarisée)" des milices armées du mouvement séparatiste. Il est convaincu de la possibilité d'une solution politique, celles-ci impliquant la mobilisation de "bonne foi" des parties ainsi que le soutien de la communauté internationale. 

Rôle essentiel des pays voisins

Il recommande également "une forte volonté politique" pour assurer la facilitation du processus engagé par son envoyé personnel, Staffan de Mistura. A cet effet, il insiste sur la nécessité d’un esprit d’ouverture et l'abstention de " poser des conditions préalables". Dans cette même ligne, ce dernier point : " tenir compte des précédents établis par mes anciens envoyés personnels dans le cadre des résolutions existantes du Conseil de sécurité". 

Le responsable onusien réaffirme encore "le rôle essentiel des Etats voisins" dans le processus négociatoire. Voilà bien une mise en cause non pas de la Mauritanie - Nouakchott observe une" neutralité positive" qu'il faut relever et apprécier - mais... de l'Algérie ! Ce pays est le problème et la solution : depuis près d'un demi-siècle, il accueille, encadre, finance et arme le mouvement séparatiste ; il lui apporte la mobilisation de son appareil diplomatique dans toutes les instances et fora internationaux- il porte ainsi une totale responsabilité historique dans ce conflit artificiel. 

Les variations de la terminologie d'Alger sont intéressantes à rappeler. Il a été question dans un premier temps de "sécurité lors des dernières années de l'occupation espagnole de l'ex-Sahara occidental; puis a été avancé le terme de "pays concerné" ; puis encore de "voisin inquiet" par l'actuel ministre algérien des Affaires étrangères; et puis autre chose, la semaine dernière, lors des travaux de la 4ème commission de l'Assemblée générale de l'ONU, avec seulement le statut d’"observateur"... Ce qui a lui a valu une vigoureuse réplique de l'ambassadeur marocain à l'ONU, Omar Hilale: "Observateur ! Observateur de quoi ? L'Algérie est la seule partie dans ce dossier national!...".

Les Etats-Unis "pen holder"

Rien d'étonnant que le rapport d'António Guterres cite ainsi pas moins de 33 fois un pays "observateur comme l'Algérie, alors que la Mauritanie, elle, n'est mentionnée que neuf fois. Déjà, dans la précédente résolution du Conseil de sécurité (2602, 29 octobre 2021), ce même pays voisin de l'est y avait été cité cinq fois, mais douze fois dans le même rapport à cette haute instance onusienne au début d'octobre 2021. D'ici la fin de la semaine prochaine, après de multiples concertations et délibérations dans ce même cadre, il est prévu un projet de résolution préparé traditionnellement par l'ambassadeur américain aux Nations Unies. Ce rôle de "pen holder" n'est pas secondaire: tant s'en faut. Après bien des tours de table, à huis clos, la diplomatie américaine y imprime sa marque en le structurant de telle sorte qu'il conduise in fine à un texte consensuel, emportant à tout le moins un vote à la majorité. En l'espèce, il n'y aura pas de véto d'un membre du Conseil de sécurité - il est attendu que sur la base des précédentes positions de la Fédération de Russie -comme en octobre 2021- opte pour l'abstention. Les membres auront droit dans cet intervalle hebdomadaire à un briefing de l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, le diplomate italo-suédois, Staffan de Mistura, ainsi qu'à un autre du responsable de la MINURSO, le russe Alexander Ivanko. Le premier a rappelé les deux visites dans la région, les 13 -20 janvier, puis à Rabat (12-17 juillet), Rabouni (Tindouf) les 3-4 septembre, puis Alger le 5 septembre/ et Nouakchott (12-13 septembre). Aucun accord n'a pu se dégager sur la relance des négociations suivant les paramètres consacrés par le Conseil de sécurité. Le second, lui, en charge de la mission militaire de maintien de la paix, a fait état des multiples entraves apportées par le mouvement séparatiste: restriction des vols pour le réapprovisionnement de la MINURSO (denrées alimentaires, pièces de rechange, ...).

Autre aspect à relever: dans la  zone de la Mission, Antonio Guterres fait référence à " des hostilités de basse intensité" entre les FAR et les milices armées séparatistes. Une mise au point qui fait litière de la rhétorique belliciste qui en est depuis un an au 1.201ème communiqué dans la zone démilitarisée baptisée " zone de guerre" ... 

Dans le rapport du Secrétaire général de l'ONU, d'autres points sont développés. Ainsi, le refus de l'Algérie d'autoriser le recensement des dizaines de milliers de réfugiés par le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) et ce pour " la septième année consécutive", malgré de multiples requêtes et en dépit de la résolution 2602 (2021) du Conseil de sécurité. Si bien que la situation des droits humains ne peut pas être l'objet une évaluation conséquente. Ce qui conduit, selon le chef d’exécutif onusien, à s'inquiéter de la nouvelle détérioration de la situation humanitaire " dans les camps de Tindouf.

D'ici le 27 octobre courant, le Conseil de sécurité va finaliser le projet de résolution devant être soumis à la délibération des membres de cette instance. Ce texte a un référentiel et un corpus : le rapport du Secrétaire général de l'ONU et la prise en compte des "précédents établis (selon ses propres termes), par mes anciens envoyés personnels dans le cadre des résolutions existantes du Conseil de sécurité". Sur quels points va-t-il précisément s’articuler ! Ils sont les suivants : engagement dans la dynamique des deux éditions du processus des tables rondes (décembre 2018 et mars 2019) ; format de quatre parties (Maroc, Algérie, Mauritanie et " Polisario", responsabilité des pays voisins à contribuer activement à ce processus ; pleine coopération avec la MINURSO et respect des accords militaires de cessez-le-feu septembre 1991 ; recensement des populations dans les camps de Tindouf ; et prorogation du mandat de la MINURSO au 31 octobre 2023. 

De nouveau, l'Algérie ne va pas valider cette résolution et faire part de son opposition. De nouveau, elle contrarie la volonté majoritaire de la communauté internationale et se met hors champ, s’entêtant dans des positions de blocage et d'obstruction. Cela porte un nom : l'impasse - un échec qu'elle aura à assumer... 

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