Qatar2022, le Bal des hypocrites – Par Naïm Kamal

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Les climatiseurs des stades ou le coupable idéal

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Par Naïm Kamal

Au Quid on ne porte pas une affection particulière au Qatar officiel. Non pas, comme beaucoup, pour les richesses qui leur sont tombées sur la tête depuis leur sous-sol transformé en pétrodollars et en gigantesques tentes de béton sans pieu ni racines. 

Mais pour leur parrainage de la nébuleuse des Frères Musulmans, pour le compte d’autrui, de ce que l’on a abusivement appelé ‘’le printemps arabe’’ conçu, comme en témoigne dans ses mémoires Hillary Clinton, dans les officines du renseignement américain, les mêmes qui ont lancé l’idée pernicieuse du Grand Moyen Orient pour offrir aux pays arabes une occasion supplémentaire d’accuser encore plus de retard sur l’Occident. 

Pour le confort des joueurs occidentaux

Dans leur campagne contre le Qatar du Mondial 2022, on retrouve leur cynisme habituel poussé à son extrême. Une impudente orchestration où l’indécence accompagne à la batterie l’arrogance. 

Que reproche-t-on au juste aux Qataris auxquels on trouve par ailleurs bien des vertus ? Outre leur régime, essentiellement deux choses : 

La construction des infrastructures impératives à la Coupe du Monde – par diktat du cahier des charges de la FIFA -, à coup d’immigrés dans des conditions inhumaines et au prix d’on ne sait combien de morts.

Et la climatisation des stades pour que le tournoi footballistique se déroule dans les conditions climatiques des débuts de l’été en Europe pour le confort des joueurs occidentaux.

On n’évoquera pas ici à qui ont profité les contrats juteux pour la construction des complexes sportifs et structures y afférentes. L’argent qui comme on sait n’a pas d’odeur, a ce don particulier de ne pas se de ne pas embarrasser de la senteur nauséabonde du sang qui l’a généré. On ne parlera pas non plus des coulisses de l’attribution de l’organisation de cette édition de la coupe du monde au Qatar. Chacun sait et tous connaissent combien la FIFA n’est pas corrompue.  

Dans les puits des mines

L’Europe comme les Etats Unis, eux aussi ont un don commun, l’amnésie. Cette capacité formidable de ne plus se rappeler comment ils ont été construits ou se sont reconstruits. Aux oubliettes donc la prédation coloniale et le pillage des biens d’autrui, qui plus est avec le sang des esclaves et de leur version moderne, les immigrés. Sans parler des guerres qui ont eu leurs nègres, les pays Européens, pour ne citer que cette exemple, ont passé en pertes et profits (profits surtout) le nombre indéterminé parce qu’infini d’Africains morts dans les puits de leurs mines de charbon et leurs édifices BTP pour remettre après chaque grande guerre leurs pays respectifs sur pied.  

Et au moment où ils ergotent, suite à la guerre d’Ukraine, sur la baisse ou pas d’un ou deux degré leur chauffage pendant l’hiver, ils pleurent de toutes leurs larmes de crocodile les dégâts non avérés que causeraient à l’environnement la climatisation des stades pendant les 64 matchs (90 mn chacun, 120 si prolongation), programmés sur 29 jours. 

Pollueur mais pas payeur 

La coupe du monde au Qatar va polluer. Soit ! Mais dans chaque jour de notre quotidien, qui pollue le plus ? Le Qatar ou l’Allemagne (6ème grand pollueur) ? Le Qatar ou la France (20ème plus gros émetteur de CO2, 4ème en Europe) ? Le Qatar ou l’Europe des 27, 3ème derrière la Chine et les USA ? Le Qatar ou les Etats Unis champions du monde toute catégorie et dans toutes les disciplines si l’on comptabilise leur pollution sur la durée des deux siècles passés.

En 2022, la Chine est en tête des pays pollueurs, mais en grande partie parce que les pays occidentaux ont confié la fabrication de la majorité de leurs produits de consommation, pour une histoire de coûts, à la sous-traitance chinoise. 

Dans ce bal des hypocrites, l’indigeste astuce des occidentaux consiste à ramener la pollution aux statistiques par habitant. Et qui retrouve-t-on en tête ? Les pays pétroliers du Golfe, forcément. A ce petit jeu, la Chine, l’Inde, les Etats Unis, l’Europe, mieux lotis démographiquement, se retrouvent en queue du peloton. Le Qatar, dans cette comptabilité de l’absurde, est bien sûr et comme par hasard sur la première marche du podium. 

Leur deuxième truc, enfin, c’est d’occulter leur passif qui a commencé avec la révolution industrielle à la fin du 18ème siècle. Deux-cents petites années leur ont suffi pour mettre notre mère la terre vieille de 4,5 milliards ans au bord du gouffre. N’empêche, toute honte bue, ils tentent de faire de la Chine et de tous les pays en émergence des coupables pour en freiner le développement. Et cerise sur le gâteau, comme l’a montré encore une fois la COP27 en Egypte, également pour ne pas passer à la caisse. Car comme le conseiller, le pollueur n’est pas le payeur.