Que deviendrait le monde si Poutine était assassiné ? Par Dr Samir Belahsen

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Le 3 mai au matin, le toit du palais du Sénat, la résidence du Président russe au Kremlin, était attaquée par au moins un drone. Les dégâts sont limités mais l’attaque est extrêmement symbolique en Russie

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Le visiteur … Par Samir Belahsen

Selon le Kremlin, deux drones ukrainiens ont tenté de frapper le centre du pouvoir Russe. Il considère cette action comme un attentat contre la vie du président Poutine.

Si l’attentat avait réussi, il aurait fallu imaginer un monde sans Poutine et les réactions en chaine potentielles auxquelles pareil acte donnerait lieu.

La disparition de Poutine laisserait certainement un vide immense en Russie, où il exerce un pouvoir quasi absolu depuis l’an 2000. 

Les conséquences de cette disparition pourraient être imprévisibles, car il est difficile de savoir qui serait capable de prendre la relève de Poutine et de maintenir le régime autoritaire en place.

Sur le plan militaire, l'instabilité politique en Russie pourrait entraîner une perte de contrôle sur les forces armées et leur potentiel nucléaire. C’est dire qu’en cas de crise, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la sécurité mondiale.

Il est également possible que les pays occidentaux cherchent à profiter de cette période de changement pour tenter d'affaiblir la Russie.

Sur le plan économique, la Russie est un acteur important dans les marchés mondiaux, en particulier pour ce qui concerne l'énergie.

L'élimination de Vladimir Poutine par un acte criminel ukrainien aurait eu des conséquences extrêmement graves sur la géopolitique mondiale. Il est clair que cela entraînerait une période d'instabilité, de changement et d'incertitude qui pourrait durer plusieurs années.

L’histoire nous renseigne que les assassinats politiques sont des événements tragiques qui peuvent avoir des conséquences lourdes et imprévues. 

L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche en 1914  a été l'étincelle qui a déclenché la Première Guerre mondiale.

Mahatma Gandhi a été assassiné en 1948 par un nationaliste hindou qui était en désaccord avec sa politique de réconciliation entre hindous et musulmans. A ce jour les relations indo-pakistanaise ne s'en sont pas remises.

En 1961, l'assassinat de Patrice Lumumba premier Premier ministre du Congo indépendant était organisé par la Belgique et les États-Unis. Un péché originel qui se perpétue dans le temps.

John F. Kennedy a été assassiné en 1963 dans des  circonstances qui font encore l'objet de nombreuses théories du complot pas nécessairement invraisemblables.

En 1987, Thomas Sankara avait été renversé lors d'un coup d'État orchestré par son ami et collaborateur Blaise Compaoré, inspiré par Paris. Sankara  menait une politique de réforme radicale qui visait à moderniser et à autonomiser le pays, en particulier en réduisant la dépendance économique à l'égard des pays occidentaux. Aux dernières nouvelles, le Burkina n'a pas encore soldé les comptes de ce crime en dépit des verdict du procès de ses ''assassins'' direct en 2022. 

En 2014, une révolution populaire a renversé le régime de Compaoré, qui avait dirigé le Burkina Faso pendant près de 30 ans, et a ouvert une nouvelle ère de démocratie et de changement politique dans le pays pour déboucher sur la phase d'instabilité actuelle.

L'assassinat de Yitzhak Rabin en 1995 était exécuté par un extrémiste juif qui s'opposait à son accord de paix avec les Palestiniens. Quand on mesure l’ampleur de la droitisation après cet assassinat et l’enterrement du processus de paix, on comprend qu’un assassinat politique peut être un vrai virage dans le cours prévu à l’histoire.  

En 2001, l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila en République démocratique du Congo a ouvert la porte de l’enfer entrouverte par l'assassinat de Patrice Lumumba quarante auparavant.

L'assassinat de Muammar Kadhafi en Libye en 2011, qu’il soit l’œuvre d’une puissance occidentale ou de milices soutenues par cette puissance, a plongé le pays dans la guerre civile qui n'en finit pas de ne pas finir.

Dans tous ces cas, les assassinats politiques ont entraîné des changements de gouvernement, des conflits internationaux, des instabilités politiques, des divisions sociales et des traumatismes collectifs durables.

Même quand il s’agit de dictateur, le monde n’est pas forcément meilleur après un assassinat.