Réformer et reformer l’équipe nationale du football – ParNajib Koumina

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La transition est à gérer avec prudence et rationalité, l’encadrement le sait pertinemment, c’est indispensable pour combiner le remplacement des joueurs sortants et le changement de ce qui doit être changé au niveau du plan de jeux

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Au bout du miracle, la joie des Marocains… et la leçon ivoirienne – Par Med Najib  Koumina

Après le mondial de Qatar, beaucoup de joueurs de l’équipe nationale, qui ont certes honoré le pays et le peuple marocain, se sont trouvés dans des situations inconfortables au sein de leurs clubs, soit à cause des blessures ou des choix des entraîneurs ou à cause de chocs imputables aux transferts non conformes à leurs attentes. 

Ces situations ont vraisemblablement eu un impact négatif sur le niveau et le moral de ces joueurs, mais elles n’expliquent pas la baisse de niveau de l’équipe nationale dans tous les matchs amicaux ou officiels disputés après le match contre l’équipe Brésilienne à Tanger, notamment ceux de la coupe d’Afrique en Côte d’Ivoire. 

Une défense à reconstruire

La baisse de niveau paraît imputable à la composition même de cette équipe, sélectionnée et gérée par deux prédécesseurs de Walid Regragui. Certains joueurs ont montré des signes de fragilité et d’autres ont dévoilé leurs limites avant et pendant le mondial, même s’il faut reconnaître qu’ils ont fourni un effort héroïque pour atteindre un niveau inespéré et sans précédent de la compétition unique et rendre le peuple marocain heureux et fier d’eux. Pendant plusieurs semaines ils ont plongé les Marocains dans un bonheur quasi absolu. 

La défense de cette équipe, encore une fois héroïque, a supporté avec vigueur la pression des meilleurs attaquants en raison de l’adoption du sélectionneur d’un jeu défensif avec bloc bas. N’étant vraiment pas équilibrée et prête à supporter toute cette pression, ce choix tactique qui a généré des blessures graves, qui ont actuellement des effets sur la carrière de certains joueurs.

L’équipe nationale se trouve aujourd’hui avec une défense faible et des défenseurs affaiblis, ou plus affaiblis qu’ils ne l’étaient auparavant. La situation actuelle du capitaine Sais, en fin de carrière, d’Aguerd, critiqué par son entraîneur, de Mazraoui, qui accumule les blessures et d’Amrabet, qui n’arrive pas à s’imposer au ManUnited, sans revenir sur leurs erreurs en coupe d’Afrique, devrait inciter à la reconstruction de la défense marocaine et à la rééquilibrer. 

Le milieu de terrain du mondial, qui a fait la force de l’équipe nationale, avec Amrabet, Amallah et Ounahi, victimes des blessures et des choix des entraîneurs de leurs clubs, sont aujourd’hui en baisse de forme. Il en résulte un milieu de terrain à reconstituer. Sa reconstitution ne peut pas se faire sans risque avec un plan de jeu où Amrabet constitue une pièce sans laquelle tout risque de s’effondrer. Les deux ailiers sur qui Regragui compte le plus, à savoir Zyach et Boufal sont eux en fin de carrière à cause des blessures répétitives. En revanche, Ennesyri, encore jeune, doit prouver qu’il n’est pas seulement un joueur de club et qu’on peut compter sur lui pour marquer des buts.

Le statut de Walid Regragui

Il apparait ainsi évident de réformer et de reformer les différentes lignes de l’équipe nationale. Mais, si, bien évidemment, la reconstruction ne peut se faire qu’après une analyse approfondie des défaillances et des erreurs par des connaisseurs du football tel qu’il évolue actuellement, elle ne peut non plus se faire de manière radicale et à court terme. Une transition gérée avec prudence et rationalité, l’encadrement le sait pertinemment, est indispensable pour combiner le remplacement des joueurs sortants et le changement de ce qui doit être changé au niveau du plan de jeux, des schémas tactiques, des équilibres et des automatismes, du coaching, de la préparation physique etc. Une transition sans casse qui s’ouvre sur la constitution d’une équipe homogène, disciplinée, compétitive, efficace et capable de s’adapter à toutes les contraintes et pressions. 

La reconstruction de l’équipe nationale ne se réduit pas à une collection des meilleurs joueurs, car il est question de constituer un groupe convaincu d’un projet sportif bien ficelé et adossé à un système de valeurs. La qualité des joueurs et leur capacité d’apporter un plus comptent certainement, mais une équipe football ne compte pas sur les joueurs pris individuellement, même les plus talentueux au monde, pour gagner un titre. Autrement le PSG français aurait été plusieurs fois champion d’Europe. Compter sur un ou plusieurs joueurs talentueux pour résoudre les problèmes de l’équipe nationale c’est jouer à pile ou face la forme du joueur le jour du match. 

Il faut apprendre de Hicham Dkik et son staff. Leur réussite relève d’une rationalité, d’une ouverture et d’une volonté solide qui nous ont permis de disposer d’une équipe de foot salle qui figure parmi les meilleurs au monde.

Le staff actuel dirigé par Walid Regragui est-il prêt à gérer la transition ? 

Pour répondre à cette question, qui ne sous-estime pas les qualités de ce cadre national, il faut commencer par répondre à la question connexe : Regragui est-il l’entraîneur ou le sélectionneur qui réussit avec une équipe déjà constituée ou celui qui dispose de la capacité de construire ou reconstruire une équipe ?

Dans l’attente d’une nouvelle génération de talents 

Sa réussite au mondial de Qatar a été possible grâce au travail effectué par ses deux prédécesseurs, qui ont qualifié l’équipe nationale à deux mondiaux successivement. Il lui appartient. Aujourd’hui de prouver qu’il est capable de faire mieux et de reconstruire l’équipe nationale sur des bases plus solides, sachant qu’il a l’embarras de choix et des conditions meilleures. Son maintien ne participe pas seulement d’un devoir de reconnaissance, mais aussi et surtout de la nécessité de ne pas déstabiliser l’ossature des Lions de l’Atlas.  

En revanche, il n’a pas beaucoup de temps pour l’expérimentation et doit pendant les six mois à venir prouver à tous, et non seulement à la FRMF, que l’échec de la coupe d’Afrique est un accident à oublier.

Sans oublier que c’est. Tout le championnat national qui est à reprendre et. à booster, la reconstruction de l’équipe nationale ne doit pas en tout cas se faire pendant les prochains mois en déphasage avec l’impératif de la qualification au mondial prochain ou au détriment de l’équipe nationale olympique. L’ossature de cette équipe est à conserver pour mieux représenter notre pays et pourquoi pas gagner une médaille pendant l’olympiade de Paris et annoncer par là même la venue d’une nouvelle génération talentueuse et combative qui sera présente à la prochaine coupe d’Afrique 2025 au Maroc, et au mondial de 2030, qui sera conjointement organisé par notre pays et les deux voisins ibériques.