Politique
Taza et Gaza, même sort, même combat !
Echange entre le Roi Mohammed VI et Donald Trump à Paris, lundi 12 novembre 2018, à l'occasion du centenaire de l'Armistice
Dans la vie des nations, il y a des moments où l’histoire s’accélère et des moments où elle ralentit. Des changements qualitatifs, voire révolutionnaires, peuvent surprendre plus d’un. C’est bien ce qui s’est passé ce jeudi 10 décembre, un jour qui restera à jamais marquant dans l’histoire contemporaine de notre pays et gravé dans la mémoire collective de notre peuple. Deux entretiens successifs du Souverain avec deux dirigeants de deux pays ont mis notre pays au centre de l’actualité et suscité l’enthousiasme de tout un peuple de Tanger à Lagouira.
Le premier entretien téléphonique a eu lieu avec le Président américain Trump, au cours duquel ce dernier « a informé Sa Majesté le Roi, de la promulgation d’un décret présidentiel, avec ce que cet acte comporte comme force juridique et politique indéniable et à effet immédiat, portant sur la décision des États-Unis d’Amérique de reconnaitre, pour la première fois de leur histoire, la pleine souveraineté du Royaume du Maroc sur l’ensemble de la région du Sahara Marocain » (communiqué du Cabinet Royal). On ne mesurera jamais assez la portée d’une telle décision du Président de la première puissance mondiale, membre permanent du Conseil de Sécurité. Elle sera suivie d’effets immédiats et à court et moyen termes. Outre le fait qu’elle donnera un élan sérieux aux relations bilatérales ne serait-ce que par l’extension de l’ALE (accord de libre-échange) qui intégrerait désormais nos provinces sahariennes, elle aura sûrement un « effet d’imitation » en incitant les autres pays à suivre les pas des USA. Sans verser dans un optimisme démesuré, il n’est pas exclu de voir, dans un prochain avenir, une série de pays aller dans ce sens. D’ores et déjà, Dakhla, comme Laayoune, sont en passe de se transformer en plateformes diplomatiques et en centres d’attractivité pour les investissements tant nationaux qu’étrangers. Au final, la porte est grande ouverte pour notre pays de clore définitivement un différend artificiel qui n’a que trop duré, en entérinant par une décision onusienne le plan marocain d’autonomie comme voie unique de solution d’un tel conflit.
Bien sûr, ces acquis ne sont pas tombés du ciel et ne sont pas le fait du hasard. Ils sont le fruit d’une mobilisation populaire constante, toutes forces et toutes tendances confondues, sous la direction clairvoyante du Roi qui a su mettre dans la balance tout Son aura et le respect dont il jouit sur l’arène internationale auprès de ses pairs et de différents milieux diplomatiques et de groupes influents. Cette mobilisation à l’unisson, on en a besoin plus que jamais. Notre front intérieur doit rester soudé et fort en capitalisant l’enthousiasme populaire par des réformes structurelles allant dans les sens de la consolidation du processus démocratique et plus de justice sociale.
Pour ce qui est du deuxième entretien, SM le Roi a tenu à réitérer à Son interlocuteur le Président de l’Autorité Nationale Palestinienne la position constante et historique du Maroc à l’égard de la question palestinienne et son engagement constructif « pour parvenir à l’établissement d’une paix juste et durable dans la région du Moyen-Orient » sur la base de deux Etats. Ce faisant, le Roi a mis fin à toutes les interprétations des pêcheurs en eaux troubles concernant la position prise souverainement par notre pays à reprendre des contacts avec l’Etat d’Israël dans le sens justement de parvenir à terme à une solution juste et équitable du conflit israélo palestinien qui passera nécessairement par la constitution d’un Etat palestinien sur l’ensemble de ses territoires avec Jérusalem Est comme capitale.
Pour tout analyste sérieux, et tout observateur objectif, il ne s’agit nullement d’une opération d’échange, une sorte de « troc » et de donnant-donnant comme tentent de l‘accréditer vainement certains milieux malveillants qui cherchent, consciemment ou inconsciemment, à nuire aux intérêts du pays en voyant des problèmes là où il n’y en a pas. En reprenant des contacts avec l’Etat hébreu dans la perspective de rétablissement des relations diplomatiques, sans arrêter une date fixe, détail important à rappeler, le Maroc, Roi, gouvernement et peuple, ne se détournera jamais de la cause palestinienne. Au contraire, il la placera toujours au même titre que la question saharienne. Le Communiqué émanant du Cabinet Royal à la suite de cet entretien bilatéral a été suffisamment clair et rédigé sans langue de bois en désignant les choses par leur nom. Et franchement, sans remettre en cause la liberté d’expression et le droit d’interprétation de tout un chacun, aller jusqu’à parler de « trahison pour la cause palestinienne », c’est trahir la lettre et l’esprit du communiqué du Cabinet royal. De telles affirmations relèvent d’une paresse intellectuelle pour ne pas dire de la malhonnêteté purement et simplement. Fort heureusement, ces milieux resteront marginaux et ils ont l’habitude de rater leur rendez-vous avec l’histoire. Comme le dit l’adage chinois : « quand le sage désigne la lune, l'imbécile regarde le doigt ».