Viendra le temps d’exprimer les divergences

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La crise du coronavirus au Maroc a induit deux tendances assez contradictoires. 

La première est en soutien majoritaire à l’approche préventive des autorités, et ce tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique.

Sur le plan sanitaire, le confinement a permis d’éviter une explosion des contaminations, de la pandémie qui aurait mis à mal des infrastructures médicales dont on connaît les fragilités.

Sur le plan économique, le soutien aux familles les plus fragiles et aux PME promet de sauvegarder ce qui peut l’être et d’éviter la décomposition totale. Bien que nous sachons tous qu’il faudra un effort herculéen pour retrouver des couleurs.

Dans ce contexte, nous avons besoin d’une grande unité. D’abord pour renforcer l’acceptation du confinement, appelé à durer, on le sait, et qui est difficile à supporter, psychiquement, socialement et économiquement. C’est la confiance des populations dans la parole des autorités qui nous permettra d’obtenir la discipline sur les mesures-barrières nécessaires à la réussite du confinement. Toute brèche dans cette unité-là, aurait des conséquences incalculables.

De l’autre côté, sur le plan économique, la facture sera lourde mais les mesures prises vont dans le bon sens et sont perçues comme telles par la majorité de l’opinion publique.

La deuxième consiste en ce que certains se projettent déjà dans l’après et cela ne peut que révéler les fractures, les divergences et c’est normal. Nous savons tous qu’à la sortie, l’Etat sera surendetté, que les recettes fiscales baisseront drastiquement, que le taux de chômage prendra l’ascenseur, que des milliers de PME resteront sur le carreau, que les banques manqueront de liquidités, que la consommation baissera et que nous aurons à faire face à une montée de l’inflation.

Face à cette image dantesque mais prescrite, les différences apparaissent et elles sont normales. Le Président français a dit qu’«il faut se réinventer » et c’est de cela qu’il s’agit. Qu’entre libéraux, nationalistes, gauche, il y ait divergence de points de vue sur l’avenir, cela ne peut et ne doit étonner personne. Mais est-ce bien le moment ?

La raison voudrait que, pour maintenir le front-uni, ce débat ne soit pas enclenché avant l’heure, dans une guerre perverse contre un ennemi invisible. Guerre dont personne ne connaît la durée. Après, et seulement après, toutes les opinions seront légitimes.