Chronique ''Cinéma, mon amour de Driss Chouika'': NAIMA LAMCHARKI, L’UNE DES ICÔNES MÉMORABLES DU THÉATRE ET DU CINÉMA AU MAROC

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Dès son plus jeune âge, Naima s'intéresse aux arts de la scène, encouragée par son entourage à suivre ses passions. Dans une société marocaine en pleine mutation, elle réussit à percer les barrières culturelles de son temps

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« Avec Mustapha Derkaoui, j’ai appris que la cinéphilie, et l’amour de l’Art en général, est un état d'âme et d’esprit. C’est quelque chose d’une grande importance, “hada amr kad sakht Allah“, comme il disait en arabe ». Naima Lamcharki.

Naima Lamcharki, née en 1943 à Marrakech et décédée le 5 octobre 2024 à Casablanca, Prix de la meilleure interprétation au Festival National du Film pour son rôle dans “A la recherche du mari de ma femme“ de M-A. Tazi, puis plus récemment, en 2021, Prix de la meilleure interprétation au Festival du Cinéma Arabe de Malmö pour son rôle dans “L’automne des pommiers“ de Mohamed Mouftakir, est l'une des figures les plus emblématiques du paysage artistique marocain. À travers un parcours qui s'étend sur plusieurs décennies, elle a su marquer de son empreinte indélébile à la fois le théâtre, le cinéma et la télévision. Sa contribution à l'art et à la culture marocains perdure, inspirant les générations futures avec son talent et sa détermination.

En discutant de Mustapha Derkaoui et son oeuvre, à l’occasion du Festival Maroc Arts 92 de Marrakech, dans lequel on avait organisé une rétrospective de films marocains, je me rappelle toujours de ce qu’elle avait dit à propos de ce grand réalisateur, pour lequel elle avait beaucoup de respect et d’estime : « Avec Mustapha Derkaoui, j’ai appris que la cinéphilie, et l’amour de l’Art en général est un état d'âme et d’esprit. C’est quelque chose d’une grande importance, “hada amr kad sakht Allah“, comme il aimait dire en arabe ». Par ailleurs, j’ai toujours en esprit sa présence sublime et son port majestueux dans le film « Les beaux jours de Shahrazade » du même Mustapha Derkaoui, ainsi que son regard attachant et inoubliable dans le film « A la recherche du mari de ma femme de Mohamed Abderrahmane Tazi.

ENTRE THÉÂTRE CINÉMA ET TÉLÉVISION

Dès son plus jeune âge, Naima s'intéresse aux arts de la scène, encouragée par son entourage à suivre ses passions. Dans une société marocaine en pleine mutation, elle réussit à percer les barrières culturelles de son temps pour embrasser une carrière dans le domaine artistique.

Ses premiers pas sur scène se font au théâtre, où elle commence à se forger une réputation grâce à sa capacité à incarner des rôles avec profondeur et émotion. Les années 60 et 70 sont marquées par son engagement au sein de troupes théâtrales influentes, comme Al Maamoura et la Troupe de théâtre de la Radio Nationale, ce qui lui permet de se faire connaître à l'échelle nationale. Sa passion pour le théâtre est telle qu'elle contribue à renforcer la sphère théâtrale marocaine, souvent peu valorisée par rapport au cinéma et à la télévision.

Mais très vite, Naima Lamcharki élargit son champ d’action pour investir aussi le monde du cinéma à une époque où ce dernier commence à prendre de l'ampleur au Maroc. Elle joue dans de nombreux films qui ont marqué l’histoire du cinéma marocain. Sa capacité à choisir et camper des rôles diversifiés et à relever de nouveaux défis atteste de son adaptabilité et de son désir d'élargir ses horizons artistiques. Des collaborations avec des réalisateurs de renom, Souheil Benbarka, Moumen Smihi, M-A Tazi, Mustapha et M-Abdelkrim Derkaoui, Mohamed Mouftakir, et une présence marquante à des festivals de cinéma internationaux contribuent à sa notoriété.

En plus du théâtre et du cinéma, Naima Lamcharki élargit ses activités créatives exceptionnelles au petit écran. Sa popularité éclate véritablement avec des rôles réguliers et parfois iconiques dans plusieurs téléfilms et séries télévisées. Ces productions résistent encore au passage du temps, illustrant l'impact de son travail sur les téléspectateurs marocains. En plus de divertir, ses rôles encouragent souvent la réflexion, évoquant des sujets sociétaux avec finesse et pertinence.

Ainsi, comme un poisson dans l’eau, Naima a pu naviguer aisément entre le théâtre, le cinéma et la télévision jusqu’à la fin de sa vie, laissant derrière elle, pour la postérité, des œuvres remarquables.

ENGAGEMENT SOCIAL

Au-delà de sa carrière professionnelle sur scène et à l'écran, Naima s’est distinguée par son engagement social pour l’enfance, assumant pendant longtemps la responsabilité comme Ambassadrice auprès de l’UNESCO, ainsi que pour la jeunesse, en participant activement à des ateliers et des programmes de mentorat, partageant ses expériences et ses connaissances avec de jeunes artistes prometteurs, avec un fort désir de transmettre son savoir et les fruits de sa riche expérience aux jeunes générations.

D’une manière générale, en femme valeureuse, instruite et à l’esprit ouvert, elle a travaillé sans relâche pour améliorer les conditions des artistes au Maroc, intégrant des groupes plaidant pour la reconnaissance de l'art comme un élément vital de la société. Son parcours s’inscrit dans un dessein plus large de valorisation du patrimoine culturel marocain, aidant à jeter des ponts entre le Maroc et le monde.

FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE DE NAIMA LAMCHARKI (LM)

« Noces de sang » (1977) de Souheil Benbarka ; « Casablanca, nid d’espions » (1963) de Henri Decoin ; « Les beaux jours de Shahrazade » (1982) de Mustapha Derkaoui ; «  44 ou les récits de la nuit » (1985) de Moumen Smihi ; « Badis » (1989) de Mohamed Abderrahman Tazi ; « A la recherche du mari de ma femme » (1993) de Mohamed Abderrahman Tazi ; « Lalla Hobby » (1996) de Mohamed Abderrahman Tazi ; « Rue le Caire » (1998) de Mohamed-Abdelkrim Derkapio ; « L’automne des pommiers » (2019) de Mohamrd Mouftakir.

DRISS CHOUIKA

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