Culture
Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika : ''LE PIANISTE'' UNE MÉMORABLE EXPLORATION DE LA SURVIE ET DE LA RÉSILIENCE
Un piano à queue Steinway appartenant au compositeur juif polonais Wladyslaw Szpilman exposé à Varsovie le 15 septembre 2020. Héros du film oscarisé "Le pianiste", a été mis en vente à Varsovie le 22 septembre 2020. / AFP / JANEK SKARZYNSKI
« Les Français aiment le réalisme ; ils pensent que si les comédiens sont trop beaux, le film ne ressemble pas à la réalité. Il a l'air d'un film ».
Roman Polanski.
Adaptation poignante et puissante de l’autobiographie homonyme de Władysław Szpilman, un pianiste juif-polonais qui a survécu à l'holocauste, sorti en 2002, Palme d’Or au Festival de Cannes 2002, ayant raflé 07 Césars en 2003 dont ceux de Meilleur Film, Meilleur Réalisateur et Meilleur Acteur, 03 Oscars et 03 BAFTA, en plus d’une quantité impressionnante d’autres prix prestigieux, “Le pianiste“ de Roman Polanski est un film qui a marqué les esprits par son authenticité et son réalisme, offrant un témoignage bouleversant des horreurs de la Seconde Guerre mondiale tout en célébrant la résilience et la persévérance humaines.
Le film se déroule à Varsovie, en Pologne, pendant la Seconde Guerre mondiale. Szpilman, interprété brillamment par Adrien Brody, est un pianiste talentueux qui joue sur les ondes de la radio polonaise lorsque la guerre éclate. En septembre 1938, en direct d'un studio de la radio polonaise, le jeune et célèbre pianiste Wladyslaw Szpilman donne un récital d’une œuvre de Chopin. En plein milieu de son concert, une bombe larguée par les allemands tombe dans les environs et la retransmission du concert est interrompue. Quelques jours après, c’est le début de l'invasion de Varsovie par l'Allemagne. Commence alors une répression féroce contre les habitants juifs de la ville. Les arrestations se multiplient jour après jour et la population juive est parquée dans un ghetto. Wadyslaw et sa famille arrivent tant bien que mal à échapper à cette oppression, mais les déportations vers les camps de concentration sont de plus en plus massives. Par chance, le pianiste parvient encore à échapper à ce drame grâce à un membre de la police juive. Malheureusement, sa famille sera déportée dans un camp. Wadyslaw arrive malgré tout à trouver un travail et parvient à survivre au milieu de ce désastre. Mourant de faim et humiliés, les habitants du ghetto s'insurgent mais la révolte est vite réprimée par l'armée allemande. À mesure que l'occupation nazie prend racine, la vie de Szpilman et celle des juifs de Varsovie se détériorent rapidement, les conduisant finalement au ghetto de Varsovie, puis à une lutte pour la survie.
La réalisation de Polanski, lui-même survivant du ghetto de Cracovie pendant la guerre, ajoute une couche supplémentaire d’authenticité et de profondeur émotionnelle à l'œuvre. La performance de Brody, qui a remporté l'Oscar du meilleur acteur pour ce rôle, incarne avec une précision déchirante l’évolution de Szpilman, de célèbre musicien à survivant méconnaissable, affamé et solitaire.
EXPLORATION DE LA SURVIE ET DE LA RÉSILIENCE
Au cœur du "Pianiste", le thème de la survie est omniprésent. Le film dépeint non seulement la survie physique de Szpilman mais aussi sa survie émotionnelle et culturelle. La musique devient un refuge pour Szpilman, symbolisant la persistance de l'humanité et de l'espoir même dans les moments les plus sombres. Les scènes où il joue du piano dans des bâtiments abandonnés et détruits sont parmi les plus mémorables et expriment toute la tragédie de la guerre.
Le traitement des habitants du ghetto sous l'occupation nazie est montré sans édulcoration et Polanski n'hésite pas à exposer les immondes brutalités qu’ils ont subies. Ces scènes sont difficiles mais nécessaires pour comprendre l'ampleur de la cruauté et de l'arbitraire de l’oppression nazie. À travers le personnage de Szpilman, "Le pianiste" montre que l'esprit humain peut endurer des épreuves incroyables. L'espoir est un élément central du film, manifesté par la musique et les rares actes de bienveillance que Szpilman rencontre, notamment de la part d'un officier allemand, Wilm Hosenfeld, magistralement campé par Thomas Kretschmann, qui joue un rôle crucial dans sa survie.
"Le pianiste" a été fortement salué, par les critiques comme par les cinéphiles et le grand public en général, pour son approche esthétique et technique maîtrisée et sans concession, sa direction d'acteurs exceptionnelle et son traitement thématique humainement riche et sincère. Le film est souvent cité comme l'une des représentations les plus fidèles et émouvantes de l'horreur du nazisme au cinéma. En plus de son impact cinématographique, le film a également eu un effet notable sur la sensibilisation à l'histoire du nazisme et du fascisme, invitant le spectateur à réfléchir sur les conséquences de la haine et de l'intolérance.
"Le pianiste" de Roman Polanski est ainsi beaucoup plus qu'un simple film historique. C'est un vibrant hommage rendu à tous ceux qui, comme Władysław Szpilman, ont trouvé dans l'art et dans la compassion humaine la force de surmonter l'adversité la plus extrême. Cette œuvre soulève des questions essentielles sur la nature humaine et le pouvoir de la résilience, rendant ainsi hommage à l'esprit indomptable de ceux qui ont survécu aux ténèbres de leur époque.
FILMOGRAPHIE DE ROMAN POLANSKI (LM)
« Le couteau dans l’eau » (1962) ; « Répulsion » (1965) ; « Cul-de-sac » (1966) ; « Le bal des vampires » (1967) ; « Rosemary’s Baby » (1968) ; « Macbeth » (1971) ; « Chinatown » (1974) ; « Le locataire » (1976) ; « Tess » (2079) ; « Pirates » (1986) ; « Frantic » (1988) ; « Lunes de fiel » (1992) ; « La jeune fille et la mort » (1994) ; « La neuvième porte » (1999) ; « Le pianiste » (2002) ; « Oliver Twist » (2005) ; « The Ghost Writer » (2010) ; « Carnage » (2011) ; « Le Vénus à la fourrure » (2013) ; « D’après une histoire vraie » (2017) ; « J’accuse » (2019) ; « The Palace » (2023).