Culture
''Everything Everywhere All At Once'' fait une razzia sur les Oscars
La déferlante "Everything Everywhere" était annoncée depuis des semaines. Le film raconte les aventures d'Evelyn, une propriétaire de laverie surmenée soudainement sommée de sauver une multitude d'univers parallèles d'une force maléfique
La comédie déjantée "Everything Everywhere All At Once" a fait une razzia sur les Oscars dimanche, en remportant sept prix majeurs dont ceux du meilleur film et de la meilleure actrice pour son héroïne Michelle Yeoh, première comédienne d'origine asiatique à recevoir la récompense suprême.
Seul le film allemand "A l'Ouest, rien de nouveau" a réussi à exister face à ce long-métrage timbré, où s'entrecroisent un trou noir en forme de bagel et des sex toys utilisés comme nunchakus. L'adaptation du célèbre roman pacifiste sur la Première Guerre mondiale a raflé quatre Oscars, dont celui du meilleur film international.
La déferlante "Everything Everywhere" était annoncée depuis des semaines. Le film qui raconte les aventures d'Evelyn, une propriétaire de laverie surmenée soudainement sommée de sauver une multitude d'univers parallèles d'une force maléfique, avait dominé toutes les remises de prix organisées avant les Oscars.
Avec son casting majoritairement asiatique, ce long-métrage loufoque s'impose comme un symbole pour Hollywood, souvent critiqué ces dernières années pour son manque de diversité.
"Merci à l'Académie, ceci est l'Histoire en marche", a lancé la Malaisienne Michelle Yeoh, héroïne du film et première actrice d'origine asiatique récompensée par l'Oscar de la meilleure actrice.
Créateurs loufoques
Dans le film, son personnage d'immigrée chinoise doit se battre contre l'alter ego de sa fille dépressive, qui menace le "multivers" tout entier. Pour y parvenir Evelyn doit utiliser les pouvoirs de ses différentes vies alternatives, en visitant des mondes souvent complètement timbrés, où certains humains ont par exemple des doigts en forme de hot dogs.
Le duo de créateurs loufoque derrière le film, Daniel Scheinert et Daniel Kwan, s'est lui partagé l'Oscar du meilleur réalisateur.
Sur scène, le premier a remercié ses parents d'avoir toujours soutenu son côté foldingue.
"Merci de ne pas avoir écrasé ma créativité lorsque je faisais des films d'horreur dérangeants ou des comédies perverses, ou que je m'habillais en drag queen lorsque j'étais enfant", a-t-il lâché.
Les autres stars du film, Ke Huy Quan et Jamie Lee Curtis, ont eux fait main basse sur les statuettes des meilleurs seconds rôles. Ils ont chacun fondu en larmes sur scène.
L'acteur d'origine vietnamienne, qui incarne le mari maladroit d'Evelyn dans le film, prend notamment une revanche éclatante sur une industrie qui l'avait complètement oublié. Révélé à 12 ans par "Indiana Jones et le Temple Maudit" en 1984, il avait renoncé à sa carrière de comédien dans les années 90, face au manque d'opportunités pour les acteurs asiatiques.
"Je n'arrive pas à croire que cela m'arrive à moi. C'est le rêve américain", s'est-il étonné.
A l'Ouest, des récompenses
Aux côtés de ce rouleau compresseur, également récompensé par l'Oscar du meilleur scénario original et du meilleur montage, le film allemand "A l'Ouest, rien de nouveau" s'est imposé comme l'autre révélation de la soirée avec quatre Oscars.
Cette nouvelle version du célèbre roman sur la grande boucherie de 14-18 a été élue meilleur film international et a remporté diverses récompenses techniques (photographie, décors, bande originale).
"Merci, ça signifie tant pour nous", a déclaré son réalisateur Edward Berger, qui a piloté cette troisième adaptation du chef d'oeuvre de l'Allemand Erich Maria Remarque, la première dans la langue de Goethe.
Le palmarès de la soirée a également vu Brendan Fraser rafler l'Oscar du meilleur acteur, pour son rôle de professeur obèse reclus chez lui dans "The Whale, et le réalisateur mexicain Guillermo del Toro remporter l'Oscar du meilleur film d'animation grâce à sa version sombre de Pinocchio.
La gifle résonne encore -
La soirée n'a évidemment pas fait l'impasse sur la gifle infligée l'an dernier par Will Smith à l'humoriste Chris Rock, après une blague sur l'alopécie de sa femme. Elle a encore résonné sur scène, grâce aux nombreuses blagues du présentateur de cette année, Jimmy Kimmel.
"Si quiconque dans ce théâtre commet un acte violent, (...) vous serez récompensés par l'Oscar du meilleur acteur et autorisé à donner un discours de 19 minutes", a lancé avec malice l'humoriste.
L'Académie avait en effet été critiquée pour avoir laissé M. Smith recevoir son prix de meilleur acteur sur scène après son agression. Il a depuis été interdit de cérémonie pendant 10 ans.
Le spectacle s'est déroulé sans accroc et a commencé très fort, avec le survol d'Hollywood par deux avions de chasse de la marine américaine, clin d'oeil appuyé au blockbuster "Top Gun: Maverick", qui a ramené le grand public au cinéma après la pandémie.
Parmi les autres moments forts, les stars Lady Gaga et Rihanna ont chacune interprété les chansons pour lesquelles elles étaient nominées. Le public a également profité de l'exubérance du cinéma indien, grâce à une troupe de danseurs qui ont enflammé la scène sur "Naatu Naatu", la chanson du film "RRR" récompensée par un Oscar.
Reste à savoir si cette cérémonie sans imprévu a ramené les téléspectateurs devant leur poste de télévision.
Malgré un rebond, en partie grâce à la fameuse gifle, l'audience de l'an dernier était la deuxième plus mauvaise de l'histoire de la cérémonie. Tout comme le cinéma, la grand-messe hollywoodienne cherche donc à prouver qu'elle a encore toute sa place dans le monde post-pandémie. (AFP)