''Furiosa'', le féminisme tout moteur hurlant au Festival de Cannes

5437685854_d630fceaff_b-

L'actrice américano-britannique Anya Taylor-Joy (G) embrasse l'actrice Alyla Browne (D) après la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Loic VENANCE / AFP)

1
Partager :

Une guerrière qui pulvérise un patriarcat barbare au rythme d'une action frénétique, en plein questionnement #MeToo du cinéma: "Furiosa", nouveau "Mad Max", part en pole position parmi les blockbusters de l'été.

A 79 ans, le réalisateur australien George Miller surprend par la vitalité de ce 5e volet d'une saga post-apocalyptique née en 1979 et projetée en avant-première mondiale mercredi au 77e Festival de Cannes.

"Furiosa", c'est le nom de l'héroïne, apparue sous les traits de Charlize Theron dans "Fury road" (2015). Voici maintenant le prequel, dévoilant la jeunesse, de 10 à 26 ans, de cette guerrière. Dotée d'un bras de substitution mécanique, elle prenait la fuite avec les femmes du harem d'un despote dans le précédent opus.

Alyla Browne ("Trois mille ans à t'attendre", du même Miller) joue la jeune enfant enlevée par des renégats, tandis qu'Anya Taylor-Joy (vue récemment dans "Dune II") incarne l'adulte devenue intouchable derrière son volant ou sa gâchette. Chris Hemsworth ("Thor") s'amuse sous la barbe d'un chef de clan barbare aux accents shakespeariens.

Ce casting impeccable est au service d'un habile cocktail de "revenge movie" - film de revanche, un genre en soi -, de dystopie qui brasse des thèmes comme l'écologie ou le féminisme et de franchise, avec ses déclinaisons à la "Star Wars". Sans oublier le "stunt movie", film de cascades, avec un déluge de véhicules rétro-futuristes, engins de pouvoir et de mort.

- "Fuite" -

"Au départ, il me fallait une histoire, le thème de la fuite ("Fury road") pouvait nourrir pas mal de choses, mais si c'est un homme qui avait libéré des femmes poursuivies dans un monde diabolique par un tyran, ça aurait été une autre histoire", décrypte George Miller lors d'une table ronde avec cinq journalistes, dont l'AFP.

"Sont venues plus tard ces notions de guerrière, de place des femmes, du féminisme, mais au départ je me demandais juste quelle histoire j'allais raconter", commente le cinéaste.

Il faut pourtant saluer son évolution dans l'écriture de ses personnages féminins. Dans "Au delà du dôme du tonnerre" (1985), 3e épisode, la chanteuse Tina Turner jouait une cheffe de clan régissant une ville. Et dominait d'une tête, arbalète en main, Mel Gibson, acteur principal, sur l'affiche. Dans le "Mad Max" originel, Joanne Samuel, épouse de Mel Gibson dans le film, était principalement une victime, carburant de la vengeance du héros.

Sur la forme, le rythme hallucinant de "Furiosa" évoque le meilleur épisode de la saga, "Mad Max II" (1981). Miller se cite d'ailleurs en revisitant l'attaque d'un camion-citerne fortifié, clin d'oeil aux westerns avec la diligence ciblée par indiens ou bandits. "Je dis qu'un film doit se voir avec les oreilles et s'entendre avec les yeux", livre-t-il pour toute recette.

- "Permis de conduire" -

Epatante dans le rôle titre, Anya Taylor-Joy, 28 ans, confesse dans le dossier de presse du film: "A ce jour, je n'ai toujours pas le permis de conduire". "Je sais faire un dérapage au frein à main, mais je ne sais pas faire de créneau ou conduire sur l'autoroute".

"Séduite par la dimension physique du rôle", la comédienne a voulu "réaliser autant de cascades que possible et George m'y a beaucoup encouragée". Anya Taylor-Joy s'est entraînée un an avant le début du tournage aux côtés de sa doublure cascades. "Je n'ai jamais été très à l'aise sur un vélo, si bien que me retrouver du jour au lendemain sur une moto était un vrai saut dans l'inconnu".

Le message environnemental de "Furiosa" - les ressources naturelles taries sont au cœur des luttes de clans, avec le pétrole, dans ce monde dévasté - lui a aussi parlé. Et de marteler "l'impératif de protéger notre planète". (AFP)

lire aussi