Culture
La sorcellerie AU théâtre à Rabat à l’ère de l’IA
La pièce qui explore les mystères de la sorcellerie à travers une approche surréaliste et poétique
La pièce théâtrale "Adnass" de la troupe Nouvel Horizon des Cultures a été présentée en avant-première, samedi soir au Théâtre national Mohammed V.
Pendant une heure et demie, le public a pu apprécier une prestation artistique inédite où la troupe, à travers une performance dramatique satirique, a présenté une lecture approfondie d’une réalité qui touche une large partie des sociétés à travers le monde, à savoir le recours à la sorcellerie.
Cette pièce qui explore les mystères de la sorcellerie à travers une approche surréaliste et poétique, a plongé l’assistance dans un univers énigmatique.
La diversité des langues utilisées (darija, arabe classique, anglais...) témoigne que ce phénomène dépasse largement les frontières géographiques et culturelles.
Ce spectacle haut en couleurs et en messages a été également l’occasion de s’arrêter sur la pertinence de la mise en scène, la richesse scénographique de la pièce théâtrale, tant au niveau de l’éclairage que du décor, ainsi que l’importance des thématiques abordées.
Etonnant, non ? Pas autant qu’on voudrait le croire. La sorcellerie comme un produit des imaginaires collectifs raconte beaucoup sur les croyances dans des pratiques magiques ou surnaturelles. Elles reflètent des tentatives humaines de comprendre et de maîtriser des forces invisibles ou incontrôlables dans leur environnement. Dans son dernier ouvrage, Nexus, Yuval Noha Harari relie ce phénomène à sa théorie selon laquelle les humains sont les seuls animaux capables de coopérer à grande échelle grâce à des "fictions" partagées, comme la religion, l'argent ou les lois. Et parmi ces imaginaires, la sorcellerie.
La sorcellerie est un phénomène culturel, dont l'interprétation varie selon les époques et les lieux. En Europe médiévale, la chasse aux sorcières était liée à des transformations sociales, économiques et religieuses. Dans d'autres régions du monde, les croyances en la sorcellerie continuent d’exister comme une explication des maladies, des malheurs des inégalités, des filtres d’amour ou des sorts jetés…
On pourrait croire que la foi dans les algorithmes ou l'intelligence artificielle, ces nouveaux systèmes, remplacent les anciens en répondant aux mêmes besoins fondamentaux : donner un sens à la vie et offrir un contrôle apparent sur l'incertitude. Pas si sûr que ça. Partout le recours à la sorcellerie, aux chamanes, aux fquihs, aux cartomanciennes… continue de faire fortune.
Dans une déclaration à la presse, le metteur en scène et auteur de la pièce, Ahmad Amine Sahil, indique que cette œuvre traite d’un phénomène social lié à la sorcellerie sous un prisme surréaliste contemporain, sans se limiter à une culture ou un pays particulier.
Fruit d’un partenariat avec le Théâtre Mohammed V et le Théâtre Al Mansour, ce travail vient enrichir mon expérience artistique en tant que metteur en scène, a-t-il dit, ajoutant que cette pièce ne se contente pas de dénoncer la sorcellerie, mais explore également les raisons qui poussent les individus à se tourner vers ces pratiques.
De son côté, l’actrice Hind Belaoula qui a incarné le personnage de "Fatima", a mis en avant l’importance de ce type de théâtre qui pousse le public à réfléchir sur des questions sociales pertinentes, tout en offrant un spectacle artistique riche et captivant.