Culture
Le Festival de Cannes à mi-course, Audiard en force, Trump arrive
Le mannequin américain Bella Hadid arrive à la projection du film "The Apprentice" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 20 mai 2024. (Photo par Valery HACHE / AFP)
Le Festival de Cannes est politique lundi avec un film très attendu sur Donald Trump, l'un des 22 longs-métrages en course pour la Palme d'or, qui entre dans sa seconde moitié et est dominée par la comédie musicale "Emilia Perez" du Français Jacques Audiard.
Le jury, présidé par la cinéaste américaine Greta Gerwig, découvre "The Apprentice", un biopic très attendu à six mois de l'élection présidentielle américaine.
Il met en scène les jeunes années de Donald Trump, alors entrepreneur immobilier, et sa relation avec son confident et mentor, l'avocat Roy Cohn, étroitement associé au maccarthysme et à la mafia new-yorkaise.
Dans le rôle de l'ancien président des Etats-Unis et actuel candidat à la présidentielle, le Roumano-Américain Sebastian Stan ("Captain America") et, dans celui de l'avocat, l'Américain Jeremy Strong ("Succession"). "The Apprentice" est signé d'un Dano-Iranien, Ali Abbasi, qui fait ses premiers pas à Hollywood après des films remarqués sur la Croisette ("Border" puis "Les nuits de Mashhad").
Egalement en compétition, "Les Linceuls" du vétéran canadien David Cronenberg, 81 ans, réalisateur de "Crash" ou "eXistenZ".
Fidèle à ses thèmes, il tourne cette fois avec le Français Vincent Cassel et l'Allemande Diane Kruger une histoire de machine permettant aux vivants de se connecter à leurs proches disparus. Frisson garanti.
Ces films bouleverseront-ils la compétition ? Les jeux restent ouverts pour succéder à "Anatomie d'une chute", de la Française Justine Triet.
"Emilia Perez" tient la corde pour ce qui serait une deuxième Palme d'or à son réalisateur Jacques Audiard, après "Dheepan" (2015).
La comédie musicale est en outre un genre qui parle à Greta Gerwig, qui a braqué le box-office mondial avec "Barbie".
"Une Palme, c'est déjà très bien", plaisante le réalisateur. Mais remettre un prix à l'actrice transgenre Karla Sofía Gascón, "ce serait fort, ce serait intelligent !", a-t-il ajouté, lors d'une rencontre avec des journalistes.
L'Espagnole, qui a entamé sa transition de genre à 46 ans, est la révélation du film dont elle tient le rôle principal, celui d'Emilia Perez et de celui qu'elle était auparavant, un narcotrafiquant prénommé Manitas.
La déception Coppola
Parmi les autres long-métrages loués par la critique, le très cinéphile "Caught by the Tides" du Chinois Jia Zhang-Ke, qui agrège 25 ans d'images, ou "Kinds of Kindness", film à sketches avec l'Américaine Emma Stone signé Yorgos Lanthimos, cinéaste grec devenu chouchou d'Hollywood ("Pauvres créatures"). Il ne fait pas l'unanimité mais la performance de l'acteur américain Jesse Plemons a impressionné.
Comme celle de l'Américaine Demi Moore, pour la première fois à l'affiche d'un long métrage à Cannes. "The Substance", film d'horreur féministe de la Française Coralie Fargeat, est "bouleversant et retentissant, d'un grotesque désarmant et bizarrement amusant", pour Variety, et l'actrice américaine "horriblement bonne", selon The Telegraph .
A l'inverse, "Megalopolis", le projet pharaonique et testamentaire de l'Américain Francis Ford Coppola, a profondément déçu, même si certains critiques américains veulent le sauver.
L'idée d'une troisième Palme d'or, du jamais vu, semble hypothétique. A moins que: en 1979, il avait obtenu sa deuxième Palme pour "Apocalypse Now", descendu en flèche par la critique.
Surtout, il reste au jury 11 films à voir d'ici la cérémonie de remise des prix samedi. Certains suscitent une forte curiosité, comme "L'amour ouf" du Français Gilles Lellouche, avec le couple tricolore Adèle Exarchopoulos/François Civil, le nouveau film sur Naples de l'Italien Paolo Sorrentino ou celui de l'Iranien Mohammad Rasoulof.
Celui qui a fui l'Iran clandestinement est programmé au dernier jour de la compétition, vendredi. Le Festival et ses proches rêvent de voir le réalisateur de 51 ans monter les marches.
Grande voix du cinéma de son pays, dans le viseur du régime depuis des années, il a été récemment condamné en appel à huit ans de prison dont cinq applicables.
Au terme d'un périple qu'il décrit comme "épuisant et très dangereux", il a trouvé refuge en Allemagne. "Les chances pour qu'il puisse être présent à Cannes sont donc plus grandes", a déclaré à l'AFP son attachée de presse.
Hors compétition, le 77e Festival de Cannes récompense lundi le Studio Ghibli et son maître de l'animation japonaise Hayao Miyazaki, 83 ans, qui sera représenté par son fils Gorō. (AFP)