Culture
Moussem d’Assilah: Vibrant hommage à Mohamed Achaari, écrivain, poète, journaliste et accessoirement ancien ministre
Mohamed Achaari recevant le 29 octobre 2024 des mains de Mohamed Benaissa, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah, et fondateur du Moussem éponyme, le trophée du Forum d’Assilah, une sculpture qui est une version réduite d'une œuvre sculpturale de l'artiste plasticien et sculpteur feu Mohamed Malihi dans la même ville. Au centre Abdelilah Tahani, coordinateur et modérateur de l’hommage.
Assilah - Poète, écrivain et homme politique avant d’être ministre de la Culture, Mohamed Achaari est un intellectuel qui a su allier l’imaginaire de la littérature, l’acuité du journalisme et la réalité politique, marquant ainsi une époque de l’histoire culturelle et politique du Maroc, tout en se distinguant par ses recueils, romans et réflexions qui font de lui un écrivain aux multiples facettes.
Dans le cadre de la 45è édition du Moussem culturel international d’Assilah, organisée sous le Haut Patronage royal à l’initiative de la Fondation du Forum d’Assilah, plus de 20 personnalités se sont succédé, mercredi, sur la scène du forum, afin de célébrer le brillant intellectuel.
S’exprimant à cette occasion, le secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah, Mohamed Bennaissa, a souligné que "la Tente de la créativité" rend hommage cette année à un écrivain éminent et d’un journaliste talentueux, relevant que cet intellectuel distingué "a su allier les arts, étant à la fois poète, créateur de romans et de récits, écrivain au style unique et passionné des arts visuels".
"L’hommage rendu à Mohamed Achaari, en présence d’éminents écrivains et passionnés de littérature, est un choix à la fois culturel et éthique, à travers lequel nous rendons hommage, à travers sa personne, aux valeurs de la créativité d’une part, et aux principes de l’engagement intellectuel d’autre part", a-t-il enchainé, précisant que la Fondation a rassemblé les témoignages présentés lors de "la tente de créativité" dans un ouvrage intitulé "Mohamed Achaari, une histoire de plume".
L’écrivain et journaliste Abdelilah Tahani, décrit M. Achaari comme un créateur actif dans plusieurs "tentes", qui a reçu pour ses écrits de nombreux titres à forte charge culturelle, ajoutant qu’il est un artiste aux multiples facettes dans différents genres d’écriture.
"Ses poèmes expriment une passion inébranlable pour la vie et la liberté, ainsi qu’une célébration éclatante des sacrifices consentis", a-t-il noté, ajoutant: "il a misé, à travers ses onze recueils, sur la prose pour produire une rhétorique poétique différente, fondée sur l’expérimentation du langage, des métaphores et des domaines variés".
M. Tahani a précisé que les œuvres romanesques de Mohamed Achaari, qui comptent six romans, révèlent une créativité inventive et une imagination fertile, puisant dans une époque qu’il a vécue de l’intérieur, étant à la fois témoin et acteur des contextes culturels, politiques, médiatiques et civiques de cette période.
Pour sa part, le critique et chercheur universitaire, Abdelfattah Lahjomri, s’est concentré sur le parcours de Mohamed Achaari en tant qu’auteur dramatique, ayant écrit deux pièces intitulées "Oyoun Zoujajia" et "Chkoun Nta ?", expliquant que dans cette dernière oeuvre, il aborde le paradoxe du pouvoir à travers la figure d’un héros mystérieux et complexe, Ramses, en choisissant d’écrire en "darija" marocaine forte, solide, pure et chargée de significations multiples.
Quant au critique et chercheur en littérature, langue et culture, Abdelhamid Akkar, il a lu des extraits de son étude sur le roman "Janoub Al Rouh" (Sud de l’âme) de Mohamed Achaari, qu’il considère, avec d’autres romans, comme le début d’un moment de transformation dans le parcours du roman arabe, notant la richesse de sa rhétorique littéraire, sa structure narrative et ses beautés linguistiques.
Le journaliste, chercheur et traducteur, Lahcen Laassibi, a, quant à lui, abordé l’écriture politique et journalistique de M. Achaari, qui appartient à une génération émergente marquée par "l’angoisse d’une conscience en quête de réforme", soulignant que ce talentueux écrivain "a gagné en conscience depuis le début de ses écrits, considérant l’écriture comme un document historique à travers la littérature".
Pour ce qui est de la romancière, critique et chercheuse universitaire, Zhor Gourram, elle a examiné l’aspect narratif de la littérature dans le roman "Min Khachab wa Tin" (De bois et de terre), le considérant comme une invitation à réfléchir sur les transformations politiques, sociales et économiques du Maroc, tout en incitant à repenser la théorie du récit romanesque.
De son côté, la chercheuse Houria El Khamlichi, a mis l’accent sur la liaison entre le poétique et le récit dans les œuvres de Mohamed Achaari, soulignant que ce talentueux auteur a conféré à la poésie une magie narrative, tout en ajoutant une touche poétique inventive à ses romans.
Dans une déclaration à la MAP, M. Achaari a affirmé que "la Tente de créativité " est un événement à travers lequel la Fondation du Forum d’Assilah met en avant et célèbre les expériences littéraires, scientifiques et artistiques au Maroc, saluant le travail acharné et continu de la Fondation, qui a contribué à la promotion du rayonnement de la culture marocaine, ainsi que les études qu’elle a réalisées sur le paysage culturel et artistique dans toutes ses manifestations et expressions.