Par les nouveaux membres, l’Académie du Royaume achève son parcours de restructuration – Par Naïm Kamal

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Vue de la coupole de l’Académie du Royaume du Maroc

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Par Naïm Kamal

L’Académie du Royaume du Maroc est en passe, selon des informations concordantes, d’achever son ossature par la désignation de nouveaux membres et l’élévation des académiciens en place au rang d’académiciens d’honneur, un statut nouvellement créé qui leur adjoint de nouveaux membres triés sur le volet. C’est une commission, prévue par les statuts de l’Académie du Royaume et dont les membres sont nommés par le Souverain, qui vient ainsi d’achever ses travaux de sélection soumis à l’appréciation royale. 

Une nouvelle configuration

D’éminentes personnalités  forment la commission : l’universitaire et académicienne marocaine Rahma Bourquia, l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, le ministre de l’Education nationale Chakib Benmoussa, le chercheur, auteur et directeur de la revue Prologues Abdou Filali Ansary, l’écrivain Prix Goncourt 1987 Tahar Ben Jelloun et la juriste Saâdia Belmir. 

Les travaux de la commission se sont fondés, selon nos informations, sur la nouvelle structure qui prévoit la mise en place de trois ordres, l’ordre des Académiciens d’honneur et l’ordre des Académiciens résidents, le troisième ordre étant celui des membres associés.  Cette nouvelle configuration, voulue par les nouveaux statuts et organigramme, allie le travail académique dans son acception conventionnelle à une action culturelle nouvelle qu’il s’agisse de religions, d’histoire, de littérature, des sciences, des arts ou encore de géopolitique etc.

L’originalité de cette nouvelle conception de l’Académie est dans sa quête d’une meilleure présence à l’intérieur du Maroc aussi bien qu’à l’international. Elle est motivée par la nécessité et la volonté de sortir l’Académie du Royaume du carcan élitiste et hermétique pour la faire entrer méthodiquement et scientifiquement dans le foisonnement de l’éclectisme. Il ne s’agit pas moins, comme cela a déjà commencé depuis 2015, que de poursuivre et consolider son ouverture sur le monde en vue lui faire épouser les contours du Maroc de Mohammed VI pour que l’Académie intègre dans ses différentes dimensions l’esprit et la lettre de la constitution du Royaume qui consacre l’ensemble des affluents de la culture marocaine et de sa civilisation comme autant de composantes à parts égales de la diversité marocaine.

Les ordres de l’Académie, une composition éclectique

Les trois ordres ont donc été conçus pour décliner concrètement cette ambition avec des supports intellectuels en mesure de mener le grand dessein à ses finalités. C’est ainsi que dans l’ordre des académiciens d’honneur, un cas unique au Maroc, on retrouve les anciens élevés à la dignité d’honneur, gardant leur siège et leur charge et des Étrangers nouvellement nommés. L’ordre des académiciens résidents, lui, compte un nombre conséquent de femme, une première, tandis que l’ordre des membres associés serait constitué d’académiciens essentiellement recrutés parmi les compétences étrangères. 

L’aboutissement d’un long processus

 Par les travaux de la commission de proposition des membres de l’Académie s’achève un long processus qui a commencé en 2015 par la nomination par le Roi Mohammed VI de Abdejlil Lahjomri au poste de Secrétaire perpétuel. 

Près de 40 ans après sa création, l’Académie du Royaume avait grand besoin d’un nouveau souffle pour reprendre dans l’espace de la pensée et de la recherche toute sa place. Les missions qui lui ont été assignées passaient par une restructuration profonde de ses organes et de ses méthodes de travail. Parallèlement à sa dynamique retrouvée marquée par des cycles de conférences, d’animation culturelle et artistique, l’Académie s’est penchée sur elle-même et sur les voies et moyens de remplir pleinement son rôle de moteur de recherche et d’action vivant et intelligent conformément au vœu du Souverain.

Son nouveau cadre juridique approuvé en Conseil des ministres et adopté par la Chambre des représentants en novembre 2020, s’est articulée autour de quatre axes : les missions de l’Académie de manière à contribuer fortement à la renaissance intellectuelle, scientifique et culturelle du Royaume, la refonte du système d’adhésion rationnalisant la procédure de nominations des membres, la restructuration des organes de l’Académie en vue de la création d’une structure académique en charge de sa stratégie et  de son déploiement qui englobe aussi bien les activités scientifiques qu’un institut royal pour la recherche dans l’histoire du Maroc, et, last but not least, la mise en place d’ une haute instance de la traduction et de l’Institut académique des Beaux-Arts.  

Si l’Académie du Royaume n’a pas attendu son nouveau cadre juridique pour dynamiser et diversifier les champs de son intervention, l’adoption de ses statuts et organigramme lui a permis d’institutionnaliser les segments de son action. Qu’il s’agisse de la traduction, un outil de la circulation des sciences contemporaines et anciennes des autres langues vers l’arabe et de l’arabe vers les autres langues, ou de de la création de chaires de recherche notamment pour les doctorants qui y trouveront des passerelles menant vers l’état actuel des sciences et des différents savoirs, et dont l’un des fleurons est la Chaire des Littératures et des Arts africains, l’Académie s’est révélée d’un apport considérable, à travers le débat et les échanges, à la culture marocaine dans son sens le plus globale. 

Tout aussi important dans cette restructuration, l’adjonction enfin à l’Académie de l’Institut Royal de l’Histoire du Maroc. C’est une voie grande ouverte sur le récit national et la recherche archéologique dans ses différentes strates sans rien céder de ce qui constitue en même temps sa diversité et son lien national qui remontent très loin dans l’histoire du Royaume.