économie
La croissance à 3,2% au T2-2023, l’inflation décélère pour la 1ère fois, la demande intérieure se renforce
La demande intérieure, en retrait par rapport à sa dynamique d'expansion de moyen terme, se serait renforcée au deuxième trimestre 2023. Cette demande, dont la contribution à la croissance économique globale s'est élevée à 1,2 point, aurait été particulièrement portée par l'amélioration des dépenses de consommation
Casablanca – La croissance de l'économie nationale s'est établie à 3,2% au deuxième trimestre 2023, au lieu de +3,5% le trimestre précédent, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Cette croissance aurait été tirée par une amélioration conjointe de la valeur ajoutée agricole de 6,3% et de celle des activités hors agriculture de 3%, explique le HCP dans son point de conjoncture du deuxième trimestre 2023 et des perspectives pour le T3-2023.
La valeur ajoutée agricole aurait progressé de 6,3%, en glissement annuel, au 2ème trimestre 2023, après une baisse de 13,5% une année plus tôt, fait savoir la même source, notant que la production végétale se serait redressée, portée par l'amélioration, sous effet de base, de la récolte des trois principales céréales de 61,6% en variation annuelle.
La production de l'orge aurait presque doublé, tandis que celle des blés aurait crû de 53,6%. Hors céréales et légumineuses, la production des cultures, notamment celle de la betterave et canne à sucre et des maraichères de saison aurait été sensiblement affectée par les températures de saison plus élevées par rapport à la normale et par les faibles apports de l'irrigation, avec un taux de remplissage des barrages se situant à 32,1% à fin juin 2023.
En particulier, la production de la pomme de terre se serait infléchie, entraînant une augmentation de plus du quadruple de ses quantités importées aux mois d'avril et mai 2023. Les exportations des maraichères de saison se seraient, dans le même sillage, contractées de 17% au cours de la même période.
Dans la branche animale, le HCP indique que les tensions enregistrées au début de l'année se seraient, légèrement, atténuées au T2-2023, au niveau de la filière de viande rouge, avec un bondissement des importations d'animaux vivants.
La baisse de la production de la filière laitière se serait poursuivie, induisant une augmentation des importations du lait de 7% en avril et mai 2023.
Pour sa part, l'activité avicole, principal support de la production animale dans les périodes de sécheresse, aurait été, également, en berne. La production avicole se serait de nouveau rétractée, entraînant une hausse sensible des prix à la consommation de viandes du poulet de 14%.
La poursuite du renchérissement des aliments composés aurait pesé sur la production de viande du poulet de chair en baisse de 6,9% au cours des mois d'avril et mai 2023, en variation annuelle.
Concernant l'activité hors agriculture, les services marchands auraient conservé leur performance bien qu'à un rythme moins soutenu par rapport au début de l’année, tandis que les branches secondaires, pénalisées par la faible dynamique de la demande extérieure des biens, auraient connu une baisse de leur valeur ajoutée de 0,7% au cours de la même période.
La valeur ajoutée des industries extractives se serait repliée de 8,6%, au T2-2023, en variation annuelle. Cette diminution aurait été imputable à la poursuite de la réduction de la production des minerais non-métalliques en ligne avec la contraction de leurs quantités exportées, la poursuite du mouvement du déstockage et le maintien de l’augmentation de leur prix de vente.
Les ventes adressées aux industries de transformation locales, elles auraient régressé au deuxième trimestre 2023. Les principaux importateurs de fertilisants seraient restés prudents quant au renforcement de leurs approvisionnements en perspective d’éventuelles baisses plus prononcées des prix mondiaux des engrais, notamment après la reprise de l’offre chinoise à l’exportation.
L'activité du secteur BTP (bâtiment et travaux publics) aurait, également, poursuivi son repli au rythme de 1,8% au deuxième trimestre 2023.
L’activité des travaux publics se serait inscrite en hausse pour le troisième trimestre consécutif, comme en atteste les déclarations des chefs d’entreprises largement optimistes quant aux perspectives des travaux de génie civil, relève le HCP, ajoutant que la production des logements, en phase de repli conjoncturel, aurait, en revanche, continué de subir la faible dynamique de la demande de crédit des ménages et les effets induits de la hausse des taux d’intérêt et des prix.
L'industrie manufacturière aurait, pour sa part, conservé un rythme de progression modéré, avoisinant +1,1% au deuxième trimestre 2023.
Dans le tertiaire, la valeur ajoutée de l'hébergement et de la restauration aurait augmenté de 39,2%, en variation annuelle, retrouvant quasiment son niveau de 2019. Les arrivées des touristes aux postes frontières auraient augmenté de 58% aux mois d’avril-mai 2023, en variation annuelle, pour atteindre 2,2 millions et les nuitées touristiques se seraient accrues de 81%.
Les recettes voyages auraient, pour leur part, suivi la même tendance, affichant une hausse de 44%, en variation annuelle, pour se situer à 15,7 milliards de dirhams (MMDH). La croissance des secteurs des télécommunications et de l'immobilier aurait, à l’inverse, décéléré en raison d’un ralentissement de la consommation de ces services par les ménages.
L’inflation décélère pour la 1ère fois depuis six trimestres de hausse
Le rythme de croissance des prix à la consommation, bien qu’encore élevé, aurait au deuxième trimestre 2023, légèrement décéléré pour la première fois depuis six trimestres de hausse continue, s'établissant à 7,1% en glissement annuel, au lieu de 9,1% un trimestre auparavant, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Ce retournement de tendance aurait résulté du recul des prix des produits non-alimentaires de plus de la moitié (+1,4%) par rapport à +3,5% enregistré au premier trimestre et d'une décélération de 17,6% à 15,5% amorcée au niveau des prix des produits alimentaires, explique le HCP dans son point de conjoncture du deuxième trimestre 2023 et des perspectives pour le T3-2023.
L'atténuation des pressions inflationnistes importées se serait traduite par une baisse des prix de l'énergie et un début de ralentissement des prix des denrées alimentaires, relève la même source.
Il note à ce sujet que la contribution négative des prix de l'énergie (-0,5 point) et le ralentissement des prix des produits manufacturés, sous l'effet de la décélération de ceux des véhicules et des biens d’équipement ménager non durables, auraient induit une réduction de l’inflation des produits non alimentaires.
Le fléchissement d'un point par rapport au trimestre précédent de la contribution des prix des denrées alimentaires hors frais, en lien avec le repli des prix de l'huile de table, des céréales non transformées et des produits à base de céréales, aurait, pour sa part, favorisé le recul de ceux des produits alimentaires.
Ces effets baissiers auraient été, toutefois, compensés par la poursuite de l'expansion des prix des produits frais (+2,5 points de contribution), reflétant l'accélération des prix des agrumes, des fruits et des légumes frais, souligne le HCP.
Les disponibilités plus restreintes des produits agricoles, sous l'effet du déficit hydrique persistant, ainsi que la hausse des coûts de production et de distribution, auraient entravé la décélération rapide du taux d'inflation des produits alimentaires frais.
En outre, le mouvement de persistance de l’inflation aurait été, également, alimenté par la légère hausse des prix des services, notamment ceux du transport aérien, la restauration et des consultations médicales.
Concernant l'inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l'intervention de l'Etat et les produits à prix volatils, elle aurait progressé de 6,5% sur un an, mais aurait, également, affiché un recul par rapport à +8,2% enregistré au premier trimestre 2023, du fait du reflux de l'inflation des produits alimentaires hors frais et de celle des produits manufacturés.
La demande intérieure se renforce
La demande intérieure, en retrait par rapport à sa dynamique d'expansion de moyen terme, se serait renforcée au deuxième trimestre 2023, selon le HCP.
Cette demande, dont la contribution à la croissance économique globale s'est élevée à 1,2 point, aurait été particulièrement portée par l'amélioration des dépenses de consommation, notamment celles des administrations publiques, en hausse de 2,8% en variation annuelle, indique le HCP dans son point de conjoncture du T2-2023 et des perspectives pour le T3-2023.
Les dépenses des ménages se seraient, quant à elles, légèrement redressées, entrainant une inflexion à la hausse des importations de biens de consommation, fait savoir la même source.
Le jugement des consommateurs sur les perspectives d'évolution future de leur situation financière aurait connu une légère inflexion à la hausse au deuxième trimestre et leurs perceptions sur les opportunités d’achat de biens durables se seraient stabilisées, relève le HCP.
En variation annuelle, la consommation des ménages se serait accrue de 1,5%, au T2-2023, au lieu de +0,1% au premier trimestre.
Le repli de l'investissement se serait, à l'inverse, prolongé au 2ème trimestre 2023, malgré le renforcement des dépenses d'investissement budgétaire.
L'investissement des entreprises se serait infléchi, dans un contexte de faible progression de la demande extérieure et de hausse du coût de financement. Le taux moyen d'emprunt pour l'équipement se serait, en effet, accru de 50 points, s'établissant à 4,84% au premier trimestre.
La baisse des dépenses d'investissement aurait, principalement, concerné les produits de construction, tandis que celles en services auraient ralenti, tout en affichant une croissance positive (+2,5%, en variation annuelle).
L’activité économique prévue en hausse de 3,4% au T3-2023
L'activité économique devrait progresser de 3,4% au troisième trimestre 2023, en variation annuelle, au lieu d'une hausse de 1,9% au cours de la même période de l'année antérieure, prévoit le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
La valeur ajoutée agricole devrait, ainsi, augmenter de 6,8% au T3-2023, portée par la poursuite du redressement de la production végétale, indique le HCP dans son point de conjoncture du T2-2023 et des perspectives pour le 3ème trimestre 2023.
La baisse de la production animale s'atténuerait, dans un contexte de mise en œuvre des mesures de lutte contre les effets de la sécheresse visant à assurer un approvisionnement suffisant en orge pour les éleveurs du grand bétail.
Parallèlement, le HCP estime que la résilience de la demande devrait entretenir une hausse de la valeur ajoutée des activités hors agriculture de 3,3% au T3-2023, en variation annuelle.
La croissance hors agriculture, essentiellement soutenue par les services de l'hébergement et la restauration depuis la mi-2021, se rééquilibrerait progressivement au profit des autres branches d’activité, prévoit la même source.
La production manufacturière afficherait, quant à elle, une progression de 1,6%, grâce à une demande mieux orientée pour les industries liées à la construction et une poursuite de l'affermissement des branches de fabrication du matériel de transport.
Le repli des activités du bâtiment s’atténuerait, sur fond d'une accélération de la production du logement social et les services afficheraient, pour leur part, une croissance de 4,5%.
Concernant l'inflation, elle devrait refluer au niveau national à +5,4% au T3-2023 et sa composante sous-jacente pourrait diminuer jusqu'à 4,8%, suite à une moindre hausse des prix alimentaires et manufacturiers et ce, en l'absence de tensions majeures sur le marché mondial des matières premières.
Dans ces conditions, la demande intérieure poursuivrait son amélioration, contribuant pour 1,5 point à la croissance économique globale. La consommation des ménages progresserait de 1,9%, mais l'investissement des entreprises tarderait à se redresser, du fait de la faible progression des marges des entreprises.
Pour ce qui est de la demande mondiale adressée au Maroc, sa croissance devrait dans l'ensemble se modérer sensiblement au troisième trimestre 2023, avec une hausse prévue de 2%, en variation annuelle, au lieu de +7,7% lors de la même période une année auparavant.
En conséquence, la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique nationale resterait positive, mais se réduirait à +1,9 point au lieu de +3,1 points au cours de la même période de l'année passée, estime le HCP.