Chine : L’intelligence artificielle, l’autre force de frappe de l’Empire du Milieu

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En juillet 2017, le Conseil des affaires de l'État a rendu public un plan de développement de la prochaine génération de l'IA pour la période allant jusqu’à 2030 qui présente une feuille de route à part entière pour le développement de l'IA en trois étapes

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Par Abdelghani AOUIFIA (Correspondant permanent de la MAP à Pékin)

Beijing - Des applications d’achat en ligne jusqu’aux logiciels capables de « lire les pensées » en passant par la gestion intelligente des secteurs de la santé, de la sécurité publique ou des transports, l’intelligence artificielle (IA) ne cesse d’envahir les différentes facettes de la vie quotidienne des Chinois, confirmant l’ambition de cette deuxième puissance économique mondiale de faire de la technologie de pointe une véritable force de frappe pour consolider sa stature sur l’échiquier international.

Il s'agit d'une stratégie fortement soutenue par le gouvernement, qui a mis en place des plans tous azimuts visant à faire de la Chine, avec ses start-up et ses géants du numérique, le pays le plus performant en la matière.

En juillet 2017, le Conseil des affaires de l'État a rendu public un plan de développement de la prochaine génération de l'IA pour la période allant jusqu’à 2030.

Le plan présente une feuille de route à part entière pour le développement de l'IA en trois étapes, dont l'objectif final est de positionner le pays comme le leader mondial de ce secteur à forte valeur ajoutée.

En plus de fixer des stratégies à long terme, le gouvernement chinois accorde un soutien financier décisif au secteur. De vastes investissements ont été consentis pour aider les universités, les incubateurs et les start-up à développer leur expertise en matière d’IA.

Cette politique semble donner ses fruits. Selon des chiffres publiés le weekend dernier dans un livre blanc élaboré par l'académie chinoise des technologies de l'information et des communications, l'économie numérique est devenue un moteur essentiel du développement économique de la Chine.

En 2021, l'économie numérique du pays a atteint 7,10 milliards de dollars, représentant plus de 18 pc du montant total généré par 47 grands pays inclus dans le livre blanc. Il s’agit d’une réalisation qui classe la Chine au deuxième rang mondial après les Etats-Unis.

La recherche représente l’épine dorsale de la stratégie chinoise de faire avancer l’IA. L’université américaine de Stanford confirme, dans une étude réalisée récemment, que la Chine a contribué plus de la moitié des recherches mondiales dans le domaine de l’IA en 2021.

L’étude de l’université US montre aussi que les chercheurs chinois ont été les plus prolifiques depuis plusieurs années, publiant 27,5 pc de tous les articles de revues sur l'IA dans le monde, contre 12 pc pour les chercheurs américains.

En matière d’investissement, la Chine représentait près d'un cinquième du financement mondial des investissements privés en 2021, attirant 17 milliards de dollars pour les startups d'IA. Ce chiffre montre, selon les experts, un signe de l’éclosion d'un écosystème d'IA robuste en Chine.

Les experts notent, dans ce contexte, que cet écosystème se démarque par son orientation en contact direct avec les consommateurs, une décision encouragée par la plus vaste base de consommateurs Internet au monde dont jouit la Chine.

Le pays s’enorgueillit de ses sociétés qui ne cessent de confirmer leur suprématie dans le domaine de l’AI. L’exemple du groupe Ali Baba est éloquent dans ce sens.

Le groupe, devenu leader mondial en la matière, a dévoilé fin juin dernier une nouvelle filiale baptisée « Lingyang Intelligent Service Co » qui va fournir un service d’intelligence des données à la demande.

À destination des entreprises, ce service fait usage de l’intelligence artificielle pour aider à la transformation numérique. Cette branche renforce la position du géant de l’e-commerce dans le marché du business to business.

Force est de constater que les groupes chinois ont réussi à faire du climat d’incertitude engendré par la pandémie du Covid-19, une aubaine pour renforcer leurs performances, en explorant de nouvelles opportunités.

L’élargissement des activités de ces groupes à l’international a offert le moyen de lutter contre le ralentissement économique en Chine dans le contexte pandémique.

Dans cette veine, la Chine ne cache pas sa volonté de jouer un rôle pionnier dans le renforcement de la coopération internationale dans le domaine de l'IA. L’initiative « la Ceinture et la Route » (Nouvelle route de la soie) se présente, aux yeux des dirigeants chinois, comme le cadre le mieux indiqué pour jeter les bases d’une coopération multilatérale dans ce domaine à travers, entre autres, la mise en place de centres de recherche conjoints.

L’avenir s’annonce sous de bons auspices pour le secteur. « Nos recherches indiquent qu'au cours de la prochaine décennie, il y aura d'énormes opportunités de croissance de l'IA dans de nouveaux secteurs en Chine, notamment l'automobile, le transport et la logistique, la fabrication, les logiciels d'entreprise et les secteurs de la santé et des sciences de la vie », indique Shen Kai, partenaire du cabinet de conseil McKinsey.

Le cabinet prévoit, en effet, dans un récent rapport, que le secteur devra générer, durant les prochaines années, plus de 600 milliards de dollars de valeur économique par an pour la Chine.