Contre vents et marées, la Chine s’emploie à préserver sa résilience – Par Abdelghani Aouifia

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Les données rendues publiques par le Bureau étatique des statistiques (BES) montrent toute l’ampleur de l’impact de la pandémie du Covid-19, mettant également à l’évidence les pressions croissantes nées d’une conjoncture internationale assombrie

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Par Abdelghani AOUIFIA (Correspondant permanent de la MAP à Pékin)

Beijing - Naviguant dans un environnement fait d’incertitudes multiples, la Chine ne semble pas lâcher prise pour maintenir son économie sur une trajectoire stable conformément aux orientations visant à consolider le positionnement du pays sur l’échiquier international.

La tâche n’est pas facile. Des chiffres publiés vendredi dernier sur la performance de l’économie au premier semestre de l’année en cours le confirment. Les données rendues publiques par le Bureau étatique des statistiques (BES) montrent toute l’ampleur de l’impact de la pandémie du Covid-19, mettant également à l’évidence les pressions croissantes nées d’une conjoncture internationale assombrie par les tensions géopolitiques.

Selon les chiffres du BES, le Produit Intérieur Brut (PIB) chinois a enregistré une croissance de 2,5 pc durant la première moitié de l’année. Le score pourrait paraitre positif. Cependant, une lecture dans le détail des chiffres du BES montre la complexité des défis que le pays affronte. Une situation que les autorités chinoises semblent déterminées à relever, se fondant sur la résilience que la Chine a montrée dans un environnement mondial ouvert sur toutes les éventualités.

Le deuxième trimestre de 2022 a été bel et bien une période dure pour l’économie. Un véritable test pour cet Empire du Milieu. Entre avril et juin derniers, le PIB chinois n’a pas pu faire mieux qu’une croissance de 0,4 pc par rapport à la même période une année auparavant.

Il s’agit de la plus faible performance de cette deuxième puissance mondiale depuis 1992, sans compter la contraction de 6,9 pc enregistrée au premier trimestre de 2020 suite au choc de la première vague de la redoutable pandémie du Covid-19.

Le résultat de 0,4 croissance au deuxième trimestre est porteur d’« une bonne nouvelle », estiment les analystes, notant que le pays a réussi à éviter une stagflation périlleuse.

Les mesures drastiques prises par les autorités durant les mois de mars et avril derniers pour contrer une propagation fatale de la pandémie, dont des fermetures totales ou partielles de plusieurs villes et centres économiques, ont freiné l’activité économique.

Shanghai, premier hub économique du pays, a été foudroyé par une contraction de 13,7 pc de son PIB au deuxième trimestre. La production dans la capitale Beijing a reculé de 2,9 pc en glissement annuel au cours du même trimestre.

Bien que plusieurs de ces restrictions aient été levées depuis et que les données économiques de juin aient offert des signes d'amélioration, les analystes ne s'attendent pas à une reprise économique rapide, d’autant plus que le pays s’en tient à sa rigoureuse politique de tolérance zéro face au Covid-19.

Ils soulignent que le gouvernement chinois ne restera pas, toutefois, indifférent face à cette situation. De nouvelles mesures de soutien à l’économie devront être déployées pour inscrire la reprise dans une trajectoire durable.

Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, qui a été sur tous les fronts ces derniers mois, présentant des plans pour le redressement de la situation, a souligné, la semaine dernière, que le renforcement des fondements de l’économie demeure au cœur des priorités de Beijing.

Le processus de développement du pays a traversé des circonstances « extrêmement difficiles » au deuxième trimestre, a-t-il constaté lors d’une rencontre avec des entrepreneurs, relevant que « des facteurs inattendus » ont provoqué des chocs graves et des pressions à la baisse.

Le chemin de la reprise demeure parsemé de difficultés, a reconnu le responsable. Une situation qui requiert, d’après lui, des efforts soutenus pour préserver les fondamentaux de l’économie.

Les conclusions du chef du gouvernement chinois semblent rejoindre les estimations des analystes qui suggèrent qu’il serait difficile pour la Chine de réaliser l’objectif de 5,5 pc de croissance que le gouvernement s’était fixé au début de 2022.

Pour maintenir l’économie sur une trajectoire appropriée, le pays doit focaliser sur la stabilisation de la croissance économique et la maîtrise de l'inflation, a dit le Premier ministre chinois.

Le pays doit aussi veiller à ce que toutes les mesures de soutien aux entreprises soient mises en œuvre efficacement tout en restant attentif à la préservation des chaînes industrielles et d'approvisionnement, cœur battant de cette économie asiatique.

Dans le cadre de cette stratégie, la stabilisation du marché de l’emploi fait figure de priorité absolue, aux yeux de Beijing.

Les chiffres de l’emploi révélés par le BES indiquent que le taux de chômage urbain s'est élevé à 5,7 pc au cours du premier semestre de l'année.

Durant cette période, le pays a généré un total de 6,54 millions nouveaux emplois urbains, selon le BES. Le chiffre semble conforter la stratégie de la Chine dont le gouvernement s’était fixé l’objectif de créer 11 millions d’emplois sur toute l’année 2022.

La projection à l’international de l’économie chinoise est tout aussi centrale pour la Chine. Le pays va continuer à adhérer à une politique de réforme et d'ouverture, tout en créant un environnement des affaires axé sur les règles du marché, avec des mesures d’appui aux entreprises et aux investissements, a dit le chef du gouvernement chinois.

Au regard des incertitudes liées à la pandémie du Covid-19 et à l’environnement international, les analystes estiment que la tâche sera ardue et nécessitera une accélération des efforts durant la deuxième moitié de l’année. Un effort que la Chine semble bel et bien déterminée à déployer, car il y va, d’après ses dirigeants, de la stature du pays face à ses concurrents.

 

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