En Ukraine l'armée russe défend ''la patrie'', affirme Poutine en célébrant 1945

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Des troupes russes défilant sur la place Rouge 9 mai 2022

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Le président russe Vladimir Poutine a proclamé lundi que son armée combattait en Ukraine pour défendre "la patrie" face à la "menace inacceptable" que représente son voisin soutenu par l'Occident, devant des milliers de soldats russes défilant sur la place Rouge pour marquer l'anniversaire de la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie.

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Marche du Régiment immortel sur la Place Rouge, dans le centre de Moscou, le 9 mai 2022. La Russie célèbre le 77e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. (Photo de NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

Peu auparavant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky promettait de son côté que son pays ne laisserait pas Moscou "s'approprier la victoire sur le nazisme" et se disait confiant dans une victoire prochaine de l'Ukraine contre les forces russes.

A Moscou, lors du défilé militaire sur la place Rouge, Vladimir Poutine a réitéré ses arguments et accusations pour justifier la guerre de l'Ukraine lancée le 24 février dernier.

"Je m'adresse à nos forces armées: vous vous battez pour la patrie, pour son avenir", a-t-il lancé.

Il a répété que les autorités ukrainiennes préparaient une attaque contre des indépendantistes prorusses dans l'est du pays, voulaient se doter de la bombe atomique et étaient soutenus par l'Otan.

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Des marcheurs portant des portraits de leurs proches - des soldats de la Seconde Guerre mondiale - alors qu'elles participent à la marche du Régiment immortel dans le centre de Saint-Pétersbourg, le 9 mai 2022. La Russie célèbre le 77e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. (Photo d'Olga MALTSEVA / AFP)

"Une menace absolument inacceptable se constituait, directement à nos frontières", a-t-il affirmé, accusant encore une fois son voisin de néonazisme.

Les forces de l'ordre, déployées sur le parcours du défilé à travers le centre-ville, portaient à l'épaule droite la lettre "Z", devenue un symbole des partisans de l'offensive en Ukraine, car elle orne les véhicules et blindés d'unités russes déployées dans le conflit.

Après son discours, 11.000 soldats, des dizaines de véhicules, dont des lance-missiles stratégiques, des chars sont passés sur la place Rouge. Parmi eux, des unités présentées comme revenant du front ukrainien.

La partie aérienne a elle dû être annulée à cause d'une météo défavorable, selon le Kremlin.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, la traditionnelle parade du 9 mai célèbre autant la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie que la puissance russe retrouvée après la chute de l'URSS. Le président russe s'efforce aussi de placer le conflit en Ukraine dans la droite ligne de 1945, qualifiant l'adversaire de "néonazi".

Deux mois et demi après l'entrée des forces russes sur le territoire de leur voisin, les combats se concentrent dans l'est, la Russie ayant dû revoir à la baisse son ambition de prendre le pays et Kiev, sa capitale, face à la résistance acharnée des Ukrainiens, surarmés par les Occidentaux qui multiplient les sanctions économiques et financières contre la Russie.

Conseil des droits de l'Homme 

"Les pays de l'Otan n'avaient pas l'intention d'attaquer la Russie. L'Ukraine n'avait pas l'intention d'attaquer la Crimée. L'armée russe est en train de mourir non pas en défendant son pays, mais en essayant d'en occuper un autre", a déclaré Mikhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne dans un tweet en réponse aux arguments réitérés lundi par Vladimir Poutine.

"Il n'y avait aucune raison rationnelle à cette guerre, à l'exception de douloureuses ambitions impériales", a-t-il ajouté.

A Kiev, la place de l'Indépendance, le célèbre "Maïdan", était quasiment vide, sous la surveillance de quelques patrouilles de police, tandis que le calme était rompu de temps en temps par le hurlement des sirènes d'alarme anti-bombardement.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU va organiser jeudi à la demande de Kiev, soutenue par les pays occidentaux, une session extraordinaire sur "la détérioration de la situation des droits humains en Ukraine", envahie par la Russie.

Dans un discours prononcé lundi, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace estime que les généraux russes devraient être traduits devant une cour martiale pour leurs actes en Ukraine, "totalement complices du détournement par Poutine de la fière histoire de leurs ancêtres".

Emmanuel Macron a déclaré lundi pour sa part que, pour mettre fin à la guerre menée en Ukraine par l'armée russe, la paix devra se construire sans "humilier" la Russie.

"Batailles intenses" 

Sur le terrain lundi "des batailles très intenses se déroulaient autour de Roubijné et de Bilogorivka" dans la région de Lougansk, a indiqué le gouverneur Serguiï Gaïdaï. "L'aviation, l'artillerie et les mortiers y sont actifs. Beaucoup de combattants des deux côtés", décrit-il.

La Russie n'a jusqu'à présent pu revendiquer le contrôle complet que d'une ville d'importance, Kherson (sud), et l'offensive militaire que nombre d'experts prédisaient comme fulgurante a été marquée par des déconvenues, notamment logistiques.

A Marioupol, port du sud-est de l'Ukraine presque entièrement sous contrôle russe, où les militaires ukrainiens sont encore retranchés dans l'immense aciérie Azovstal, les indépendantistes prorusses ont défilé pour le 9 mai.

Un gigantesque ruban de Saint-Georges, symbole patriotique russe, a été porté par les indépendantistes à travers la ville quasiment entièrement détruite après plusieurs semaines d'un siège meurtrier par l'armée russe.