France: Attal, en attendant des jours meilleurs

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Le siège vide du président de l'Assemblée nationale à l'Assemblée nationale le 8 juillet 2024, au lendemain du second tour des élections législatives en France. s. (Photo par Bertrand GUAY / AFP)

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Le président français Emmanuel Macron a refusé lundi la démission de son Premier ministre, lui demandant d'expédier les affaires courantes au lendemain de législatives qui ont porté la gauche, en nombre de sièges à l’Assemblée nationale française, en tête des forces politiques du pays, mais sans majorité absolue.

Gabriel Attal a présenté sa démission mais le chef de l'Etat a souhaité qu'il "assure la stabilité du pays", selon l'Élysée, alors que Paris accueille dans moins de trois semaines les jeux Olympiques.

Après la surprise des législatives où la déferlante de l'extrême droite a été nettement freinée, la France se cherche une majorité parlementaire avant de désigner une personnalité capable de rassembler et de diriger un gouvernement.

Un casse-tête, quand ni le Nouveau Front populaire (NFP, gauche, 190 à 195 sièges), ni le camp présidentiel (au moins 160), ni le Rassemblement national et ses alliés (extrême droite, 143) ne peuvent atteindre seuls la majorité absolue (289 députés).

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a mis en garde contre un risque de "crise financière" et de "déclin économique". Mais la Bourse de Paris a réagi mollement. L'indice CAC 40 a ouvert en baisse de 0,49% avant de revenir en positif quelques heures plus tard.

La gauche, elle, a lancé les grandes manœuvres. "Il faut que dans la semaine, nous puissions être en mesure de présenter une candidature" pour Matignon via un consensus ou un vote, a déclaré le patron du Parti socialiste Olivier Faure.

La cheffe des écologistes, Marine Tondelier, a estimé pour sa part que le chef de l'Etat "devrait appeler aujourd'hui" le NFP à lui soumettre un nom.

Reste que l'alliance de gauche, fabriquée à la hâte au lendemain de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, réunit des forces opposées sur de nombreux dossiers, entre gauche radicale de La France insoumise (LFI), socialistes, communistes et écologistes.

Le dossier Mélenchon 

Comme depuis des semaines, LFI cristallise les tensions, en particulier son chef charismatique, Jean-Luc Mélenchon, présenté comme un repoussoir.

Dimanche, Clémentine Autain (LFI) avait appelé les députés de gauche à se réunir dès lundi "en assemblée plénière", pour proposer un Premier ministre qui ne soit ni François Hollande, ancien président socialiste élu député, ni Jean-Luc Mélenchon.

Mais la responsable LFI Mathilde Panot a estimé lundi que ce dernier, 72 ans, "n'était absolument pas disqualifié", arguant qu'il avait "réappris à la gauche à gagner" en recueillant 22% des suffrages à la présidentielle de 2022.

La CGT, syndicat proche de LFI, a demandé au président de "respecter le choix des urnes" et "d'appeler à la formation d'un nouveau gouvernement". La CFDT (modérée) s'est quant à elle dite "résolue à faire entendre la voix des travailleuses et des travailleurs" dans les politiques à venir.

Simultanément, les discussions se multiplient aussi au sein de la majorité présidentielle sortante, fissurée par la dissolution, devenue la « deuxième force nationale » grâce en grande partie au suivi à plus de 70% des consignes de vote du Nouveau Front Populaire. "Le paysage n'est pas encore clarifié", a estimé François Bayrou, leader centriste allié de M. Macron.

"Trouver une coalition de majorité relative", sans RN ni LFI, "va prendre plusieurs semaines", a insisté un député macroniste de Paris.

Moscou "sans illusion" 

Quant au RN, il a progressé comme jamais mais finit bien loin de la majorité relative promise par les sondages, plus encore de la majorité absolue rêvée. "Notre victoire n'est que différée", a promis sa cheffe de file Marine Le Pen, la présidentielle de 2027 dans le viseur.

Ses responsables font profil bas, condamnés à accepter le refus d'une majorité de Français de le voir accéder aux affaires. Jordan Bardella, son président, qui aurait été Premier ministre en cas de victoire, a "assumé" une "part de responsabilité" dans les résultats décevants du second tour.

"On commet toujours des erreurs, j'en ai commis", a expliqué l'eurodéputé.

A l'étranger, où le feuilleton français a été largement suivi, les premiers ministres polonais et espagnols se sont réjouis de la défaite de l'extrême droite dans un des piliers de l'Union européenne. Le gouvernement allemand a lui exprimé un "certain soulagement".

Quant au Kremlin, réputé proche du RN, il a indiqué n'avoir ni "l'espoir" ni "l'illusion" d'une amélioration de ses relations avec Paris.

Clairement affaibli par une situation qu'il a lui-même provoquée, Emmanuel Macron assistera mercredi au sommet de l'Otan à Washington. Sa première sortie post-élections à l'étranger, sur fond de guerre en Ukraine et alors que le retour possible au pouvoir de Donald Trump aux Etats Unis suscite de vives inquiétudes. (Quid avec AFP)