France: en plein crise inédite du pouvoir d’achat, ''TotalEnergies'' fait des bénéfices qui embarrassent la classe politique

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Le président du Sénat, Gérard Larcher (droite) et le secrétaire général de la Confédération général du travail (CGT), Philippe Martinez (gauche) presque sur une même longueur d’onde : "Ces bénéfices nous amènent à nouveau à nous interroger sur la répartition des dividendes entre les actionnaires, les salariés, et du rôle et de la place de l'impôt"

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Paris - Au milieu d’une crise sans précédent du pouvoir d’achat en France poussée par la flambée des prix de l'énergie, le groupe "TotalEnergies" vient d’annoncer des bénéfices historiques en 2022, alors que des voix s’élèvent à nouveau pour surtaxer les grandes entreprises et à faire bénéficier les Français de ces gains.

Le groupe français a fait part, mercredi, d’un bénéfice net annuel de 19 milliards d'euros, après 16 milliards en 2021, soit le meilleur bénéfice de son histoire, tirant profit de l'envolée des prix du gaz et du pétrole en lien avec la guerre en Ukraine.

L’annonce fait resurgir le débat sur la question d’imposer une taxe sur les superprofits des grandes entreprises en France, déjà soulevée quelques mois auparavant dans le contexte d’une inflation galopante qui ne cesse d’éroder le pouvoir d’achat de bon nombre de Français, et après que l'Assemblée nationale s'était opposée à l'idée d'une taxation de ces bénéfices exceptionnels.

En réaction aux gains de TotalEnergies, le secrétaire général de la Confédération général du travail (CGT), Philippe Martinez, s’est dit “choqué”, suggérant que les bénéfices et dividendes versés aux actionnaires, "fruit du travail", ne soient plus épargnés de cotisations sociales: "Voilà un sujet qui mériterait réflexion dans la loi", a-t-il dit sur LCI.

"Total bénéficie comme d'autres sociétés d'une situation de crise qui est difficile et douloureuse à porter pour nos entreprises, pour les citoyens, qui fragilise l'économie mondiale", a estimé, de son côté, le président du Sénat, Gérard Larcher.

"Ces bénéfices nous amènent à nouveau à nous interroger sur la répartition des dividendes entre les actionnaires, les salariés, et du rôle et de la place de l'impôt", a-t-il déclaré au micro de France Inter.

Il faut toutefois "se poser une question sur la répartition des dividendes avec les salariés, le partage de la valeur", “Total a réalisé en 2022 un bénéfice net de $ 20,5 Mrds. C’est le plus grand chiffre de son histoire. Total réalise des #superprofits démesurés alors même que la crise énergétique a plongé la France dans l’incertitude et que 12M de Français‧es vivent la précarité énergétique”, a réagi de son côté l’association Alternatiba sur Twitter.

Pour tenter de calmer les esprits, le PDG de TotalEnergies s'est dit «prêt à envisager une ristourne» si les prix à la pompe dépassent le seuil des deux euros le litre.

Le gouvernement, par la voix de son porte-parole Olivier Véran, s'est déclaré de son côté mercredi «tout à fait enclin à accompagner» TotalEnergies dans la mise en œuvre de cette ristourne.