France: Le Pen continue de vouloir tendre la main à la Russie

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Marine Le Pen, députée du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et candidate à l'élection présidentielle, tient une conférence de presse sur la diplomatie et la politique étrangère à Paris le 13 avril 2022, avant le second tour de l'élection présidentielle française. Marine Le Pen affronte le président sortant lors d'un second tour de scrutin le 24 avril 2022. (Photo par Emmanuel DUNAND / AFP)

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Marine Le Pen, a de nouveau plaidé mercredi pour un "rapprochement stratégique entre l'Otan et la Russie" une fois la guerre terminée en Ukraine, au risque de susciter des inquiétudes dans les chancelleries occidentales, occupées à soutenir Kiev.

"C'est l'intérêt de la France et de l'Europe, mais aussi je crois des États-Unis qui n'ont (...) aucun intérêt à voir émerger une étroite union sino-russe", a fait valoir la candidate d'extrême droite à la présidentielle, lors de la présentation de son projet diplomatique à Paris.

Marine Le Pen, qui avait été reçue par Vladimir Poutine lors de la campagne présidentielle de 2017 et qui est toujours en train de rembourser un prêt de neuf millions d'euros à un créancier lié à d'anciens militaires russes, n'a pas détaillé les contours de ce rapprochement, qu'elle avait déjà envisagé pour "lutter contre le fondamentalisme islamiste".

Régulièrement accusée par ses adversaires d'accointances avec le pouvoir russe, elle a jugé qu'il s'agissait d'un "procès particulièrement injuste". "Je n'ai toujours défendu que l'intérêt de la France", a-t-elle assuré, en relevant des "similitudes" avec son adversaire Emmanuel Macron, qui avait reçu le président russe à Versailles puis à Bregançon en souhaitant "ré-arrimer la Russie à l'Europe".

- Chiffon rouge -

Elle a tenu a rassurer sur sa relation avec Vladimir Poutine, pour qui l'Otan est un chiffon rouge. "Je suis totalement indépendante de tout lien, de toute puissance, de tout cabinet de toute nationalité d'ailleurs", a-t-elle assuré dans une allusion au recours controversé au cabinet de conseil américain McKinsey par M. Macron.

"A trop rester enfermée dans un salon parisien, Marine Le Pen n’a peut-être pas vu ce que son ami Vladimir Poutine pense de l'Otan ni ce que les pays de l’Otan pensent de la menace russe", a réagi sur Twitter l'eurodéputée LREM Nathalie Loiseau.

L'ancien Premier ministre Manuel Valls, soutien d'Emmanuel Macron, a lui dénoncé "le danger" que Marine Le Pen, à ses yeux, "représente pour la France: l’amitié avec la Russie de Poutine, l’hostilité envers l'Allemagne, la rupture avec l’Otan et nos alliés, la sortie de fait de l’UE. Le nationalisme et l’isolement".

Marine Le Pen a évoqué des "divergences stratégiques irréconciliables" avec l'Allemagne et souhaité arrêter "l'ensemble des coopérations avec Berlin" sur le plan militaro-industriel.

Redisant vouloir sortir du commandement intégré de l'Otan, elle a toutefois précisé qu'elle resterait dans l'Alliance et ne "renoncerait pas à l'application" de son article 5, qui oblige un Etat-membre à porter assistance à un autre en cas d'agression.

Elle ne veut ni "soumission à Moscou" ou à la Chine, ni "suivisme à l'égard de l'administration Biden", "trop agressive à l'égard de Pékin".

A propos de son emprunt russe, elle a redit sa difficulté à obtenir des prêts auprès de banques françaises, se mettant "à la disposition de toute banque américaine, d'Amérique du sud qui voudrait reprendre ce prêt".

- Coeur -

Marine Le Pen avait déjà amendé ces derniers jours certains de ses propos sur Vladimir Poutine, renonçant à ce stade à une "entente" militaire avec Moscou.

Elle avait aussi évoqué le 4 avril des "crimes de guerre" en Ukraine après la découverte de centaines de corps de civils dans la région de Kiev.

Alliée de la Hongrie, où une banque lui a prêté plus de 10 millions d'euros pour sa campagne présidentielle actuelle, et de la Pologne, elle a dénoncé mercredi des propos "inutilement insultants" d'Emmanuel Macron à leur égard, alors que ces pays accueillent beaucoup des réfugiés ukrainiens.

Le président français avait accusé le chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki "d'antisémitisme d'extrême droite", et de "s'immiscer dans la campagne" française.

La conférence de presse a brièvement été interrompue par un collectif de gauche lui reprochant sa "complaisance" avec Vladimir Poutine.

Un jeune homme s'est fait passer pour un journaliste de Russia Today, en demandant ironiquement à la candidate "pourquoi vous ne lui répondez plus ? (à Vladimir Poutine) Vous lui manquez".

Marine Le Pen a aussitôt fustigé un "provocateur", tandis que son service d'ordre emmenait une jeune femme en dehors de la salle en la traînant par terre. Elle avait brandi une pancarte en forme de cœur avec une photo de la rencontre en 2017 entre Mme Le Pen et M. Poutine. (AFP)