Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 57ème jour

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A Marioupol, les soldats ukrainiens sont terrés dans la vaste aciérie Azovstal. Ils refusent de se rendre et le commandant adjoint du bataillon Azov, Sviatoslav Palamar, demande des "garanties" de sécurité pour sortir.

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Le président russe Vladimir Poutine a affirmé jeudi que ses forces avaient pris le contrôle de la ville ukrainienne de Marioupol, un port stratégique de la mer d'Azov (sud-est), et a ordonné le siège des derniers combattants ukrainiens plutôt que de donner l'assaut.

Dans l'est de l'Ukraine, les "forces russes ont poursuivi leurs attaques avec de lourds moyens aériens et d'artillerie en continuant de consolider la logistique et leurs capacités de commandement en vue d'une offensive majeure", souligne l'Institut américain de l'étude de la guerre (ISW).

La bataille pour le contrôle de l'ensemble de la région du Donbass et une partie du sud de l'Ukraine s'annonce longue.

Mais la prise de Marioupol, en permettant aux Russes de faire la jonction complète entre leurs forces dans le nord du Donbass et leurs forces en provenance de Crimée, pourrait dégager des effectifs pour leurs positions sur la ligne de front plus au nord.

Voici un point de la situation, à partir d'éléments des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

Le Sud 

A Marioupol, les soldats ukrainiens sont terrés dans la vaste aciérie Azovstal. Ils refusent de se rendre et le commandant adjoint du bataillon Azov, Sviatoslav Palamar, demande des "garanties" de sécurité au "monde civilisé" pour sortir.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme qu'ils ont environ 1.000 civils, femmes et enfants et des centaines de blessés avec eux.

"La fin des opérations militaires de libération de Marioupol est un succès", a dit Vladimir Poutine à son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, au cours d'une rencontre diffusée à la télévision.

Des propos mis en doute par le président américain Joe Biden. "Il est contestable qu'il contrôle Marioupol", a-t-il déclaré. "Il n'y a encore aucune preuve que Marioupol soit complètement perdue."

Dans le reste du sud du pays, les autorités ukrainiennes ont indiqué jeudi matin que les forces russes "poursuivaient leurs tirs d'artillerie sur toute la ligne de front".

De nouvelles frappes ont eu lieu sur Mykolaïv, sur la route d'Odessa, qui ont fait un mort et deux blessés, selon son gouverneur Vitaly Kim.

L'Est 

Dans le Donbass, les autorités ukrainiennes ont souligné jeudi que les tirs d'artillerie étaient constants sur toute la ligne de front, avec notamment des combats intenses dans la région d'Izioum et des "bombardements incessants" à Popasna et Roubijné (région de Lougansk).

"Les forces russes progressent maintenant à partir de zones de regroupement dans le Donbass vers la ville de Kramatorsk, qui continue à être la cible d'attaques de roquettes persistantes", a déclaré le ministère britannique de la Défense.

Selon l'ISW, les "forces russes ont réalisé des avancées mineures dans l'offensive actuelle dans l'est de l'Ukraine, prenant le contrôle de plusieurs petites villes et avançant vers les villes stratégiques près de la ligne de front de Popasna et Roubijné".

Bilan humain 

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20.000 morts, en raison des combats mais aussi de l'absence de nourriture, d'eau et d'électricité.

Alors que les évacuations de civils ont été, tout au long du siège, rares et périlleuses à organiser, la Première vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a dit jeudi que quatre bus de civils avaient pu quitter la ville.

Au total, 300.000 Ukrainiens ont été évacués par des couloirs humanitaires depuis le début des hostilités, avait annoncé Kiev mardi.

Sur le plan militaire, le président Volodymyr Zelensky avait déclaré vendredi qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués depuis le début du conflit et quelque 10.000 blessés.

Le Kremlin a récemment admis de son côté des "pertes importantes". Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour 8.825 blessés. Certaines sources occidentales vont jusqu'à 12.000 morts russes.

Des chiffres à prendre avec prudence.

Réfugiés et déplacés 

Le nombre des réfugiés ukrainiens continue d'augmenter, mais beaucoup plus lentement que dans les premières semaines du conflit, selon les chiffres du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés publiés jeudi.

Selon le HCR, 5.085.360 Ukrainiens ont quitté leur pays depuis le début de l'invasion russe, soit 50.921 de plus que le chiffre publié mercredi.

Au mois d'avril ce sont pour l'heure un peu plus de 1.050.000 Ukrainiens qui ont fui, bien moins que les 3,4 millions qui avaient choisi l'exode au mois de mars.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), également rattachée à l'ONU, a indiqué que plus de 218.000 non Ukrainiens, essentiellement des étudiants et des travailleurs migrants, ont aussi quitté l'Ukraine pour les pays voisins.

L'ONU évalue par ailleurs à 7,1 millions le nombre des déplacés à l'intérieur de l'Ukraine. (AFP)