chroniques
La Francafrique : France à fric – Par Samir BELAHSEN
L’ex-président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kabore accueillant à Ouagadougou le président français Emmanuel Macron en novembre 2017. Déjà des organisations de la société civile, débaptisé la plus grande avenue de la ville, Charles De Gaulle Qu’elles ont rebaptisé boulevard Thomas Sankara. Tout un symbole.
« On oublie une chose : une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation depuis un siècle de l’Afrique. Alors, il faut avoir un peu de bon sens, je ne dis pas de générosité, de bon sens, de justice, pour rendre aux Africains ce qu’on leur a pris. »
Jacques Chirac, entretien accordé à TV5 2008
« Face à une compétition généralisée qui est en train de reconfigurer notre monde et qui ne se résume plus à ses dimensions politiques, stratégiques et économiques, nous devons aussi prendre en compte ce que j’appelle les nouveaux attributs de la puissance (…) : la bataille de la culture, la bataille de l’information et la bataille du développement (…). »
Jean-Yves Le Drian
Emmanuel Macron déclarait en avril 2017 : « Je veux écrire une nouvelle page dans notre relation avec l’Afrique. »
Il faut bien avouer que la promesse du président a bien été tenue. C’est même d’un long chapitre qu’il s’agit qui n’est pas encore terminé.
Un nouveau chapitre de la fameuse francafrique, cette trouvaille nauséabonde de la France coloniale pour perpétuer son emprise sur son ancien Empire.
Quand François Mitterrand a été élu Président en 1981, il y a eu comme un mouvement d’espoir pour beaucoup d’Africains qui ont cru à la fin de la françafrique et que les dictateurs allaient trembler dans leurs palais en Afrique. Ils ont vite déchanté.
Ce fut à peu d’annonces et discours près la même déception avec Chirac, Sarkozy et Hollande.
La françafrique arrivait à survivre à se renouveler et à faire preuve d’une singulière et redoutable efficacité…
Le 23 janvier, le gouvernement burkinabé a demandé, le retrait des troupes françaises du pays dans un délai d’un mois.
En 2017, Emmanuel Macron avait affirmé aux burkinabés sa volonté de rompre avec la vision postcoloniale et de normaliser les relations avec l’Afrique. Il avait ajouté : « Il n’y a plus de politique africaine de la France ! »
Un peu plus de 5 ans après, les troupes font leurs valises.
L’échec des militaires français à rétablir un minimum de sécurité au Mali aurait alimenté la vague de ressentiment à l’égard de Paris. La Russie est, une fois encore, là.
Au Mali, elle avait aussi profité de l’échec militaire et politique de la France qui avait mis beaucoup de promesses et peu de moyens.
Au Burkina, on n’oublie pas l’assassinat, en 1987, du président Thomas Sankara, ni le soutien de la France à Blaise Compaoré, qui occupa le pouvoir pendant vingt-sept ans. Pour beaucoup de burkinabés, la France en est responsable. C’est aussi la France qui l’aurait exfiltré vers Yamoussoukro…
En tout cas, l’ingérence Française a abouti à un État défaillant, une armée et un peuple mécontents. Un pays déchiré par le terrorisme (l’État Islamique, Al Qaeda et ses succursales), les communautarismes et les pègres les plus crapuleuses.
Au Mali, la disgrâce française est aussi chargée de grandes promesses, de traumatismes, d’arrogance et de soupçons…
Aujourd’hui, c’est un pays divisé, failli et qui doit faire face à une véritable nébuleuse terroriste qui voit l’influence de Wagner grandir chaque jour.
Si l’on croit la propagande de Wagner, la prochaine étape serait la Cote d’Ivoire d’Alassane Ouattara.
Paris doit avoir une politique africaine. Elle devrait se baser sur le dialogue avec les Africains, oublier l’ingérence, le flou, bannir l’arrogance et rechercher les intérêts bien compris de toutes les parties. Sinon des injonctions avec des délais impartis, il y en aura encore.
Une autre façon de dire : Dégage !