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LA FRANCE DE MACRON – Par Gabriel Banon
Aux orties : les années de Lumières, les trente glorieuses, la révolution de 1789. Je ne savais pas que la France était encore au temps des troubadours et des seigneurs avec leurs serfs. Mais heureusement, tout comme Zorro, Macron est arrivé, qui nous offre la Renaissance.
Le président Emmanuel Macron semble se poser la question sur ce qu’est vraiment le France. Pour lui, le pays est en train de sortir (sic) « d’une sorte de Moyen Age ».
Pour celui qui assume actuellement la magistrature suprême, c’est inquiétant ! Aux orties : les années de Lumières, les trente glorieuses, la révolution de 1789. Je ne savais pas que la France était encore au temps des troubadours et des seigneurs avec leurs serfs. Mais heureusement, tout comme Zorro, Macron est arrivé, qui nous offre la Renaissance.
Il est vrai que la renaissance de l’empire russe, l’apparition, ou plutôt la renaissance de l’empire de Chine, peuvent donner le tournis et amener le président à se réfugier dans des déclarations fulgurantes.
Macron assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne. Que dire de la règle de l’unanimité au sein de cette Union. Une unanimité que nos histoires, nos cultures, nos situations géographiques différentes ne permettent pas toujours d’atteindre aisément et rapidement. Malgré ces difficultés connues de longue date, les efforts engagés depuis trois décennies maintenant, et en particulier depuis l’adoption en 2016 de la Stratégie globale de l’Union européenne, commencent à porter leurs fruits : l’Union s’est progressivement dotée de nombreux outils pertinents dans ce domaine.
La crise déclenchée par l’épidémie de Covid-19 a montré à la fois l’ampleur des interdépendances à l’échelle globale et la dureté des rapports de force avec la diplomatie des masques, puis des vaccins. Mais elle mobilise aussi, de façon parfaitement légitime, les finances publiques à des niveaux inédits sur des enjeux sanitaires, économiques et sociaux. Malgré la pression qui s’exerce, et continuera à s’exercer demain, sur les finances publiques, il est essentiel que l’Union et ses États membres, poursuivent les efforts engagés, en matière de sécurité et de défense communes.
Durant la gestion de cette crise d’une ampleur inédite, Bruxelles n’a pas levé le pied sur le terrain de la défense. Il y a eu l’opération Irini en Méditerranée pour faire respecter l’embargo sur les armes en Libye, élargi le mandat de l’opération Atalanta, au large de la corne de l’Afrique. Un nouveau concept de présence maritime coordonnée a été mis en place. Ce concept permet de lutter contre la piraterie dans le golfe de Guinée ou encore, renforce les missions européennes au Sahel et lance une nouvelle mission civile en République centrafricaine.
Également adopté les premières sanctions en réponse à des cyberattaques tout en renforçant les capacités de lutte contre la désinformation. Un nouveau fonds européen de défense pour soutenir l’innovation dans les industries du secteur a été lancé, tout en assurant la cohérence de ces actions avec les autres initiatives européennes dans ce domaine, notamment la coopération structurée permanente et la revue annuelle coordonnée de défense.
A été mis en place un Strategic Compass, véritable boussole stratégique basée sur un diagnostic partagé des menaces qui pèsent sur l’Union. Ceci vise à développer une culture stratégique commune, préalable essentiel à une politique de sécurité plus intégrée. Mais les dirigeants n'ont pas encore réussi à surmonter un désaccord profond et de longue date sur la question de savoir si l'UE devrait se concentrer sur le renforcement de ses propres capacités militaires, appelé autonomie stratégique indépendante de Washington, ou renforcer sa dépendance vis-à-vis des États-Unis et de l'OTAN. La crise de l’Ukraine démontre, hélas, que le suivisme à l’égard des États-Unis est toujours de vigueur. Saluons cependant les efforts du Président français dans ses efforts de se démarquer des alarmistes.
L’arrivée du Président Biden à la Maison Blanche relance le dialogue transatlantique, notamment sur ces questions de défense. Washington ne serait pas opposé à une défense européenne, à la condition qu’elle s’équipe en armement américain, au prétexte d’une harmonisation avec les forces de l’OTAN ! Cela ne change rien à la nécessité de renforcer les efforts des Européens pour mieux prendre en charge leur propre sécurité.
On ne peut que constater que la politique européenne de sécurité et de défense reste encore un chantier inabouti.