Le Mali de dénonce les accords de défense bilatéraux avec la France, Paris juge la décision ''injustifiée''

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Le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, a invoqué "l'attitude unilatérale" de la France lorsqu'elle a suspendu en juin 2021 les opérations conjointes avec les forces maliennes, l'annonce en février -- "encore sans aucune consultation de la partie malienne" -- du retrait des forces Barkhane et Takuba, ainsi que les "multiples violations" de l'espace aérien par les appareils français

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La décision du pouvoir malien de dénoncer les accords de défense avec Paris est "injustifiée", a protesté mardi le ministère français des Affaires étrangères, précisant que la France poursuivrait son retrait militaire "en bon ordre" comme prévu dans les prochains mois.

"Informée, le 2 mai, de la décision unilatérale des autorités de transition maliennes de dénoncer" ces accords, la France "considère cette décision injustifiée et conteste formellement toute violation du cadre juridique bilatéral qui serait imputable à la force Barkhane", souligne la porte-parole du Quai d'Orsay dans une déclaration écrite.

La junte au pouvoir au Mali a annoncé lundi soir rompre les accords de statut des forces (Status of Force Agreements, ou Sofa) fixant le cadre juridique de la présence au Mali des forces française Barkhane et européenne Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense, conclu en 2014 entre le Mali et la France.

Le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, a invoqué "l'attitude unilatérale" de la France lorsqu'elle a suspendu en juin 2021 les opérations conjointes avec les forces maliennes, l'annonce en février -- "encore sans aucune consultation de la partie malienne" -- du retrait des forces Barkhane et Takuba, ainsi que les "multiples violations" de l'espace aérien par les appareils français malgré l'instauration d'une vaste zone d'interdiction aérienne au-dessus du territoire.

La semaine dernière, la junte avait par ailleurs accusé l'armée française d'"espionnage" et de "subversion" après la diffusion par l'état-major français de vidéos tournées par un drone à proximité de la base de Gossi (centre), restituée en avril par la France, montrant selon lui des mercenaires russes en train d'enterrer des corps en vue de faire accuser la France de crimes de guerre.

Paris a pour autant écarté toute répercussion sur le calendrier du délicat retrait en cours de Barkhane, annoncé en février et censé s'échelonner sur six mois.

Le Quai d'Orsay assure qu'elle "poursuivra le retrait en bon ordre de sa présence militaire au Mali, conformément aux engagements pris à l’égard de ses partenaires et dans un souci de coordination et de dialogue respectueux avec les forces armées maliennes".

Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu mardi, à la demande de la Russie, une réunion informelle à huis clos sur le Mali, selon des diplomates.

Dans une lettre adressée fin avril à l'ONU, obtenue par l'AFP, Bamako avait dénoncé des "violations répétées et délibérées de l'espace aérien national par des aéronefs étrangers, notamment par les forces françaises, à des fins d'espionnage, d'intimidation et de subversion".